Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le sommeil est essentiel, surtout après une crise cardiaque ! C’est pendant le sommeil que le corps se répare, notamment durant le sommeil profond. Dormir suffisamment est donc vital, car le manque de sommeil augmente le risque de développer plusieurs maladies graves, y compris des maladies cardiovasculaires. Le cœur a besoin que le corps se repose, c’est pourquoi il peut causer des évanouissements après une chute de tension importante. Et ce besoin de repos est d’autant plus important après un infarctus, lorsque la vie de l’individu dépend du bon rétablissement du muscle cardiaque. Des chercheurs de l’École de médecine Icahn de Mount Sinaï à New York viennent de montrer qu’après une crise cardiaque, le cœur envoie un signal au cerveau pour lui dire de dormir. S’il ne l’écoute pas, la probabilité de décès augmente considérablement. Leurs résultats ont été publiés le 30 octobre 2024 dans le journal Nature.
Le sommeil est vital après un infarctus
Les chercheurs ont d’abord remarqué ce besoin de sommeil chez des souris ayant souffert d’un infarctus du myocarde (le tissu musculaire du cœur), induit en faisant une ligature d’une des artères qui irriguent le cœur. Durant les sept jours suivant la crise cardiaque, ces souris dormaient presque deux fois plus longtemps que celles ayant reçu une fausse chirurgie (sans ligature artérielle). Avec notamment une augmentation du sommeil profond. Si les chercheurs les empêchaient de dormir autant qu’elles auraient voulu, leurs cœurs développaient des tachycardies et leur taux de mortalité augmentait considérablement.
Cette observation a été confirmée chez 78 patients ayant souffert d’un syndrome coronarien aigu, qui est causé par le rétrécissement ou l’obstruction des artères coronaires. La qualité de leur sommeil a été annotée durant les quatre semaines suivant la crise cardiaque, puis ils ont été suivis durant deux années. La fonction cardiaque de ceux ayant bien dormi après l’infarctus s’améliorait quelques mois après, mais ceci n’était pas le cas de ceux avec un mauvais sommeil. Qui en plus avaient une probabilité deux fois supérieure de subir à nouveau un problème cardiovasculaire grave pendant la période de suivi.
Le cœur communique avec le cerveau à travers le sang
Donc le sommeil est important pour le rétablissement du cœur. Mais comment le corps sait-il que le cœur a besoin de ce repos ? C’est lui-même qui le dit au cerveau. Les chercheurs ont montré chez la souris qu’après l’infarctus, le cœur inonde le sang de protéines proinflammatoires nommées interleukines. Elles voyagent rapidement jusqu’au cerveau, où elles activent des cellules microgliales qui protègent le cerveau. Cette activation entraine la production de cytokines qui vont attirer des cellules immunitaires du sang vers le cerveau. Particulièrement vers le thalamus, structure située au centre de la tête, entre le cortex et le tronc cérébral, impliquée dans le sommeil. Dans les 24 heures après l’infarctus, le thalamus s’emplissait de monocytes (des globules blancs, importants dans l’immunité). Ce qui semble être le cas aussi chez les humains, car les thalamus de personnes décédées suite à un infarctus avaient davantage de monocytes que ceux de personnes mortes à cause d’une autre raison.
Ces monocytes étaient suffisants pour induire le sommeil. Cela a été démontré en injectant 30.000 monocytes issus du sang de souris avec un infarctus dans le liquide cérébrospinal (qui irrigue le cerveau) de souris en bonne santé. Ces monocytes entraient rapidement dans le cerveau et causaient davantage de sommeil profond. Ce qui n’était pas le cas avec des monocytes issus de souris sans infarctus.
Des cellules immunitaires du sang activent le sommeil profond dans le cerveau
La différence entre les monocytes des souris après un infarctus et celles sans crise cardiaque était l’expression de certains gènes. Particulièrement des protéines impliquées dans l’inflammation, nommées facteurs de nécrose tumorale (TNF, pour le terme en anglais tumor necrosis factors). Ces protéines sont reconnues par des neurones dans le thalamus, ce qui favorise le sommeil profond. Ce qui avait comme conséquence une diminution de l’inflammation dans le cœur. Bloquer ces TNF avec des anticorps spécifiques ou empêcher leur expression stoppait leur effet sur le sommeil. Bloquer les récepteurs à TNF dans les neurones du thalamus empêchait aussi l’augmentation de sommeil profond.
Dormir suffisamment doit faire partie des conseils médicaux après un infarctus
Ces résultats confirment l’importance du repos pour permettre au corps de se remettre d’un évènement grave, tel un infarctus. Mais cela pourrait être le cas aussi pour d’autres problèmes de santé qui mettent en danger la survie. “Leur étude pourrait donner une idée de comment d’autres types de blessures ou infections pourraient aussi entrainer un transfert de monocytes vers le cerveau dans le but d’augmenter le sommeil profond et faciliter le rétablissement de la santé du patient”, affirme Rachel K. Row, qui étudie le lien entre inflammation et sommeil à l’Université du Colorado (États-Unis), dans un commentaire publié dans Nature.
En attendant que ce lien entre autres problèmes de santé graves et sommeil soit démontré, les auteurs invitent les cardiologues à prendre en compte l’importance du sommeil après un infarctus: “Les conseils médicaux pour le rétablissement après un infarctus se focalisent sur la modification de l’hygiène de vie pour améliorer la santé. Mais souvent ces conseils ne prennent pas en compte le sommeil. Notre étude montre que le sommeil a une influence majeure pour attenuer la détérioration cardiaque après un infarctus. Un sommeil réparateur devrait faire partie des recommandations après un tel évènement.”
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