Havas / Bolloré plaide coupable dans une affaire de corruption de Faure Gnassingbé

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Havas / Bolloré plaide coupable dans une affaire de corruption de Faure Gnassingbé
Havas / Bolloré plaide coupable dans une affaire de corruption de Faure Gnassingbé

Africa-PressCôte d’Ivoire. Les juges d’instruction ont établi que le magnat des médias et son groupe avaient payé 370 000 euros de dépenses de communication au président togolais Faure Gnassingbé, afin d’obtenir des contrats et avantages fiscaux sur le port de Lomé. Vincent Bolloré, le groupe Bolloré SE et deux autres cadres ont reconnu les faits, souhaitant s’éviter un procès.

Ce pourrait être l’épilogue d’une longue saga judiciaire qui a démarré voilà dix ans. C’est aussi une affaire éminemment symbolique, concernant l’un des hommes les plus puissants de France. Selon nos informations, Vincent Bolloré, devenu en quelques années l’homme fort des médias dans l’Hexagone, va plaider coupable dans un dossier de corruption ce vendredi 26 février, devant le tribunal judiciaire de Paris. Ce dossier, c’est celui, en 2009, de la prolongation et extension de la concession du port de Lomé, au Togo. Et cela concerne un continent, l’Afrique, à l’origine de sa fortune estimée à 5,7 milliards d’euros par le magazine « Challenges ».

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Au terme de son instruction, la juge Aude Buresi, longtemps épaulée dans ce dossier par Serge Tournaire, a estimé qu’un pacte de corruption a été scellé entre la direction du groupe Bolloré et le président du Togo avant sa réélection en mars 2010.

Le 10 août 2009, Vincent Bolloré écrivait en effet à Faure Gnassingbé son espoir que son groupe joue « un rôle moteur sur le port de Lomé ».

Dans les mois qui ont suivi, le groupe Bolloré SE a payé pour 370 000 euros de dépenses de communication, fournies essentiellement par sa filiale Havas, au président en campagne.

En juillet 2011, le groupe a aussi nommé le demi-frère du président, Patrick Bolouvi, directeur général de la filiale d’Havas au Togo. En contrepartie, le groupe Bolloré aurait obtenu…

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Violette Lazard et Caroline Michel-Aguirre

Il avait reconnu sa culpabilité pour des faits de corruption active au Togo, mais le tribunal judiciaire de Paris en a refusé l’homologation et demandé un procès. La société Bolloré SE devra, elle, payer 12 millions d’euros pour clore les poursuites à son encontre.

Par Simon Piel

Vincent Bolloré est arrivé devant le tribunal judiciaire de Paris, vendredi 26 février, comme l’avait annoncé L’Obs plus tôt dans la matinée, au côté de son directeur général, Gilles Alix. Il a d’abord écouté attentivement les faits qui lui étaient reprochés, dans cette affaire de corruption en Afrique, lus par la présidente Isabelle Prévost-Deprez, puis à la question de savoir s’il reconnaissait sa culpabilité a répondu : « Oui, madame la présidente. »

Ce seront ses seuls mots. Peu avant, le procureur national financier, Jean-François Bohnert, était venu lui-même à l’audience se féliciter des discussions « parfaitement sereines » qui avaient précédé cette double audience devant homologuer trois comparutions avec reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), dont celle de Vincent Bolloré, et une convention judiciaire d’intérêt public (CJIP), rappelant que ces procédures reposent sur le « consensualisme ».

Après une courte suspension, et à la grande surprise de l’assistance, les peines demandées par le Parquet national financier et acceptées par Vincent Bolloré, Gilles Alix et Jean-Philippe Dorent ont été refusées par le tribunal, qui a considéré que les faits reprochés avaient « gravement porté atteinte à l’ordre public économique » et « porté atteinte à la souveraineté du Togo ».

Le tribunal demande la tenue d’un procès.

Vincent Bolloré avait reconnu sa culpabilité pour les faits de corruption active d’agent public étranger et complicité d’abus de confiance au Togo, et avait accepté de payer une amende de 375 000 euros, sans toutefois que cette condamnation ne soit inscrite à son casier judiciaire. Il en avait été de même pour Gilles Alix et Jean-Philippe Dorent, dont les peines n’ont pas non plus été homologuées.

Vers une audience devant le tribunal correctionnel

En avril 2018, l’affaire avait valu une garde à vue à Vincent Bolloré et une chute de l’action du groupe du même nom, qu’il dirige, de près de 8 % en une matinée. L’enquête judiciaire, qui avait mis en lumière les pratiques corruptives de l’un des fleurons de l’industrie française en Afrique, devait donc trouver son épilogue vendredi devant le tribunal judiciaire de Paris. Mais il n’en sera rien et la voie est désormais ouverte à une audience devant le tribunal correctionnel.

Dans le cadre de la CJIP, qui a pour sa part été homologuée, la société Bolloré SE en tant que personne morale devra pour sa part payer une amende d’intérêt public calculé sur le montant putatif des bénéfices que le groupe retirera de la concession portuaire de Lomé sur les trente-cinq années où il la détient – soit 12 millions d’euros. Le groupe devra aussi mettre en place un programme de mise en conformité aux règles de l’agence française anticorruption sur une durée de deux ans.

 

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