En Afrique, la fabrication locale des smartphones peut être une option viable avec l’appui fiscal des gouvernements

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En Afrique, la fabrication locale des smartphones peut être une option viable avec l’appui fiscal des gouvernements
En Afrique, la fabrication locale des smartphones peut être une option viable avec l’appui fiscal des gouvernements

Africa-Press – Djibouti. Alors que près de 700 millions d’Africains ne sont pas encore connectés à Internet, l’allègement des charges fiscales des usines d’assemblage locales pourrait les aider à produire des smartphones abordables. Mais d’autres alternatives existent pour augmenter l’adoption des appareils adaptés au haut débit.

La fabrication des smartphones abordables en Afrique reste un processus onéreux étant donné que les investisseurs qui s’aventurent dans ce domaine ne maîtrisent pas l’intégralité de la chaîne de valeur, mais la suppression des charges fiscales pesant sur les producteurs locaux pourrait constituer une option viable pour réduire le coût de ces appareils, selon un rapport publié le 24 juillet par Ecofin Pro, la plateforme de l’agence Ecofin dédiée aux professionnels de plusieurs secteurs.

Intitulé « Fabriquer des smartphones en Afrique, une stratégie gagnante ou une fausse bonne idée ? », le rapport souligne que l’accès des Africains à des appareils mobiles adaptés au haut débit est indispensable pour engranger les dividendes de l’économie numérique qui pourrait représenter 5,2% du produit intérieur brut (PIB) du continent à l’horizon 2025, soit un peu plus de 180 milliards de dollars, avant d’atteindre 712 milliards de dollars à l’horizon 2050.

Mais cet accès n’est pas chose aisée pour la majorité de la population africaine au regard de son pouvoir d’achat et des prix de vente des smartphones. Alors que la Banque mondiale estime que 85% des Africains vivent avec moins de 5,50 dollars par jour, l’Union internationale des télécommunications (UIT) souligne que les smartphones dans les pays pauvres et en développement, notamment en Afrique, sont encore très chers. Sur certains marchés, il faut débourser près de 60 % du revenu mensuel pour en posséder.

Malgré les tentatives des grands fabricants comme Apple, Samsung, Huawei ou encore Transsion de proposer des smartphones low-cost, ces appareils restent encore inaccessibles pour beaucoup d’Africains. Cela explique d’ailleurs pourquoi près de 700 millions d’Africains ne sont pas encore connectées à Internet alors que le taux de couverture mobile avoisine 90%.

Compte tenu de ce nombre important de personnes qui restent à équiper, plusieurs investisseurs ont flairé le bon coup et se sont de nouveau lancés dans la production locale d’appareils mobiles adaptés au haut débit après quelques échecs enregistrés entre 2012 et 2016.

Des coûts de production élevés

Ces investisseurs ambitionnent de produire des smartphones adaptés aux capacités financières des populations locales, et donc moins coûteux que ceux proposés par les grandes marques qui contribuent encore à l’exclusion numérique de plusieurs centaines de millions d’Africains. Il ne s’agit pas encore de fabrication locale de smartphones, mais de montage local. La fabrication sous-entend la production sur le continent de toutes les composantes physiques indispensables à la confection d’un smartphone, ce qui requiert des ressources importantes, notamment des laboratoires de recherches et développement, des chaînes de fabrication de pièces, etc.

Parmi ces initiatives africaines, le rapport élaboré par notre confrère Muriel Edjo cite celle de la société angolaise LiraLink Tecnologia, qui s’est alliée à l’entreprise chinoise ZTE pour implanter une usine de smartphones en Angola. L’usine de montage, qui doit être opérationnelle en 2024, se focalisera sur la production d’appareils 4G et 5G.

En mai dernier, l’opérateur télécoms kényan Safaricom dévoilait déjà son ambition d’investir dans une usine de montage de smartphone en association avec sa concurrente Jamii Telecommunications et l’entreprise chinoise Shenzhen TeleOne Technology.

Le regain d’intérêt des investisseurs pour la production locale est survenu dès 2019, grâce à l’adoption rapide de nouvelles technologies mobiles (4G, 4G+) et à l’augmentation de la consommation des données mobiles qu’elle a suscité. Il s’est renforcé en 2020 avec l’explosion de la consommation induite par la pandémie du coronavirus.

Les avis restent cependant partagés sur l’efficacité de la production locale de smartphones pour améliorer l’inclusion numérique.

Le Kenya montre la voie à suivre

La réduction des charges fiscales des producteurs locaux peut cependant constituer une mesure clé pour parvenir à un appareil fabriqué localement et abordable. Le Kenya s’est déjà engagé sur cette voie sous l’impulsion du président William Ruto, qui a fait de l’accès de tous à un smartphone de qualité de moins de 50 dollars une mission pour favoriser l’inclusion numérique dans son pays.

« Le smartphone le moins cher coûte entre 10 000 shillings kényans (Ksh) (72 $) et 15 000 Ksh (108 $). Nous pouvons réduire les taxes à 3000 Ksh (22 $), ce qui donnera le prix final du smartphone assemblé localement entre 6500 Ksh (47 $) et 7000 Ksh (51 $) », avait déclaré le dirigeant kényan en novembre 2022.

Safaricom Venture a indiqué dans ce cadre qu’il faudrait supprimer la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) à l’importation, l’accise sur les téléphones mobiles assemblés ou fabriqués localement et la TVA sur la sortie de l’appareil pour épouser la vision présidentielle.

La suppression de ces taxes semble déjà avoir été prise en compte puisque M. Ruto déclaré le 30 juin dernier, lors du lancement de la plateforme des services numériques du gouvernement, que « nous sommes sur la bonne voie avec nos opérateurs téléphoniques pour nous assurer que d’ici le mois d’août 2023, nous aurons des smartphones abordables ».

Alternatives

Outre l’allègement des charges fiscales pour les producteurs locaux, le rapport indique qu’il existe plusieurs autres alternatives pour mettre le smartphone entre les mains d’un plus grand nombre d’Africains. Il s’agit notamment de la réduction de la fiscalité imposée sur les smartphones importés comme le font déjà le Tchad, l’Algérie ou encore le Sénégal, de l’adoption par les opérateurs de programmes d’achat à crédit des appareils, et du subventionnement par les gouvernements de l’acquisition de smartphones par des groupes de populations moins favorisés, à travers le fonds de services universels des télécommunications.

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