Africa-Press – Djibouti. Il a tenu donc parole. Malgré un voyage éprouvant, bravant le poids de la fatigue accentué par un malheureux retard de vol qui a failli nous obliger à redéfinir les modalités d’un nouveau rendez-vous avec lui, Mohamed Ismaèl Ibrahim a répondu à l’invitation de notre rédaction comme il s’y était engagé hier soir. Ses premiers mots ? Des excuses que nous avons dû accepter avec une gêne apparente, pesante, quasi hystérique. Puisque tout cela est arrivé indépendamment de sa volonté, nous nous sommes trouvés à notre tour dans l’obligation de lui signifier à quel point nous étions désolés de l’interviewer dans ces conditions. N’était la dette contractée auprès de nos lecteurs, l’entretien qui suit ne serait pas invité à trouver sa place sur notre site. En tout cas, pas aujourd’hui.
ADI: Qu’est-ce qui explique, selon vous, les résultats de plus en plus encourageants que vous accumulez depuis les derniers jeux olympiques ?
Mohamed Ismaèl Ibrahim: La réponse est simple: j’ai beaucoup travaillé. Je n’ai menagé ni mon temps ni ma peine pour y arriver. Mais cela est loin d’être terminé. Je sais: il me faut encore davantage pour aller de l’avant. Je sais: le miracle réside dans le travail. Je sais: pour atteindre le niveau qui est le mien aujourd’hui, j’ai eu la chance de pouvoir compter sur le soutien d’un certain nombre de personnes qui ont beaucoup investi en moi. A commencer par le président de la République, artisan de la création de cette véritable pépinière d’athlètes qu’est le terrain omnisports d’Ali-Sabieh. J’en suis le produit. En intégrant les Forces armées djiboutiennes, j’ai bénéficié du soutien constant du chef d’état-major général des armées. De même, la présidente du comité olympique national et le président de la Fédération djioutienne d’athlétisme ont joué un très grand rôle dans mon parcours.
Vous en êtes à votre troisième record national battu en un peu plus de deux semaines. 3000m, 5000m, 10000m, ça tombe les uns après les autres. Un quatrième en vue ?
J’espère que cela va arriver Je ne saurais dire toutefois quand. Disons que le plus tôt serait le mieux. J’y travaille sans relâche. Transcender mes conditions, repousser mes limites, donner le meilleur de moi-même exigent beaucoup d’ardeur et de dévouement. Le trajet est long. Le bout du tunnel est loin d’être visible. Mais cela n’entame nullement ma volonté d’aller de l’avant, de faire mieux à chaque fois. Soyez-en sûr, je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin.
Vos chances de succès aux JO de Paris vous paraissent-elles évidentes ? Ou, au contraire, les trouvez-vous modestes, voire médiocres ?
Sur les pistes olympiques, tout devient possible, j’en sais quelque chose. Ce qui interdit d’emblée les scénarios écrits d’avance, cloue d’aphasie tous les commentateurs, rend caduques tous les pronostics. En vérité, tout dépend de la situation dans laquelle chacun des athlètes en lice se trouve au moment de s’aligner, de prendre son envol. Être en pleine possession de ses moyens le jour des preuves et des épreuves est le seul critère qui vaille. Quant à moi, j’espère être à la hauteur des attentes des Djiboutiens. Je ne ménagerai aucun effort pour défendre les couleurs nationales comme il se doit.
Parmi vos concurrents dans l’épreuve du 5000m, y a-t-il un nom que vous redoutez plus que les autres ?
Dans une compétition comme celle-là, il n’y a pas de « petits » concurrents. Même ceux qui passent pour des favoris peinent à se défaire de la crainte de voir un outsider surgir du néant avant de déjouer tous leurs plans et ébranler leur certitude. Cela dure jusqu’à la ligne d’arrivée. Pour ma part, je ne sous-estime aucun de mes adversaires. Je les respecte de la même manière. Tous.
Quel athlète djiboutien vous sert de modèle ?
Ayanleh Souleiman. Même si sa spécialité c’était le 800m et le 1500m, ce qui ne correspond en rien à la mienne qui implique des distances plus longues, j’ai été très tôt séduit par sa stature et ses capacités à surmonter les difficultés.
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