
Espoir Olodo
Africa-Press – Djibouti. La banane est le fruit le plus produit, commercialisé et le moins cher sur le marché mondial. Paradoxalement, l’industrie est l’une des plus concernées quand il s’agit de la durabilité des systèmes de production et de la vulnérabilité au réchauffement climatique.
Dans l’industrie mondiale de la banane, le changement climatique n’affectera pas tous les acteurs de la même manière. Sur le continent africain, les producteurs pourraient se réjouir des perspectives sur le marché international. C’est ce qu’indique le rapport « Climate change could compromise European and US banana sourcing » publié par le groupe néerlandais Rabobank en mars.
Alors qu’à l’horizon 2050, la banane devrait rester la reine du marché des fruits avec une production qui restera la plus importante, l’étude souligne que les exportateurs d’Amérique latine et des Caraïbes (banane dollar) comme la Colombie, le Panama, le Costa Rica ou le Guatemala devraient voir leur production affectée par des baisses de rendements.
Certains pays comme la Colombie (4e exportateur mondial) sont classés comme « à risque élevé », en raison d’une productivité en déclin et d’une faible résilience face aux chocs climatiques.
Entre des pressions accrues de maladies (notamment la TR4 ou la cercosporiose noire) et des contraintes hydriques croissantes liées à la hausse des températures, les exportations de ces pays vers les USA et l’UE pourraient être affectées, créant ainsi une fenêtre d’opportunité pour les pays africains.
Actuellement, l’Équateur, la Colombie et le Costa Rica fournissent 73 % des importations de l’UE et le trio formé par le Guatemala, le Costa Rica et l’Équateur représente 76 % des achats du fruit tropical par les USA.
Dans un contexte où les effets du changement climatique iront croissant avec les coûts de production pour ces pays, le rapport estime que les acteurs africains pourraient être une alternative intéressante pour les importateurs qui feront face au besoin de diversifier leurs sources d’approvisionnement.
Une aubaine qui appelle des investissements
D’après les projections climatiques analysées par Rabobank, tous les pays africains producteurs de bananes devraient bénéficier d’un effet positif du changement climatique d’ici 2050 avec un double gain pour la Côte d’Ivoire. Dans la nation éburnéenne, premier producteur africain de bananes, la filière bénéficiera non seulement d’un climat plus favorable, mais aussi d’une amélioration continue de ses rendements grâce à de bonnes pratiques agricoles.
Si globalement la banane africaine bénéficie déjà d’une image de durabilité en raison d’un système moins intensif en intrants chimiques, cela ne suffira pas pour tirer le meilleur parti des opportunités qui s’annoncent notamment sur le marché européen.
Selon les auteurs du rapport, les producteurs africains doivent encore renforcer leurs investissements dans les systèmes de gestion des maladies et l’amélioration de la productivité pour augmenter les volumes placés à l’export et être compétitifs. L’autre défi pour les pays africains sera l’investissement dans la logistique. Cet enjeu sera d’autant plus important pour les exportateurs ivoiriens et camerounais qui dépendent fortement de l’UE et devront continuer à répondre à la demande de leurs clients de proximité.
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