
Africa-Press – Djibouti. Djibouti est devenu l’épicentre des débats stratégiques sur la gestion du spectre radioélectrique en accueillant le Séminaire Régional des Radiocommunications de l’IUT pour l’Afrique. Cet événement majeur a jeté les bases de la position africaine en vue de la prochaine Conférence mondiale des radiocommunications (CMR-27).
Prévue fin 2027, la CMR-27 constitue un rendez-vous planétaire déterminant pour le futur des télécommunications. Et c’est ici, à Djibouti, que l’Afrique a choisi de préparer et unir sa voix. Pendant quatre jours (5-8 mai), des délégations venues d’une centaine de pays se sont ainsi réunies dans la capitale djiboutienne pour débattre et harmoniser leurs vues en perspective des grands enjeux technologiques qui se profilent à l’horizon.
Ce séminaire s’inscrivait dans un contexte d’accélération numérique mondiale. La croissance exponentielle des services large bande, l’essor des satellites non géostationnaires, le développement des réseaux 5G/6G et l’urgence climatique imposent une révision fine et coordonnée des politiques d’attribution des fréquences.
Harmoniser les fréquences pour une Afrique connectée
La croissance exponentielle des services large bande, l’essor des satellites non géostationnaires, le développement des réseaux 5G/6G et l’urgence climatique imposent une révision fine et coordonnée des politiques d’attribution des fréquences.
« Ce séminaire est l’un des jalons essentiels dans le processus de préparation de l’Afrique à la CMR-27. Il s’agit pour nous de bâtir une compréhension commune des enjeux techniques, réglementaires et politiques liés à la gestion du spectre », a expliqué M. Emmanuel Manasseh, directeur régional de l’UIT pour l’Afrique, dans une intervention en visioconférence.
Les participants se sont penché notamment sur les enjeux liés aux services de Terre et spatiaux, à travers une série d’ateliers techniques. Il s’agissait d’optimiser l’utilisation du spectre radioélectrique – ressource naturelle invisible mais indispensable – en tenant compte des particularités du continent: disparités d’infrastructure, besoins croissants en connectivité rurale, et ambitions industrielles émergentes… etc.
« L’harmonisation du spectre en Afrique n’est pas qu’un objectif technique: c’est une condition sine qua non de notre développement économique et de notre intégration numérique régionale », a souligné dans son intervention M. John Omo, représentant du secrétaire général de l’UAT.
La table ronde sur le programme de la CMR-27 a réuni les principales parties prenantes pour examiner les points à l’ordre du jour qui concernaient, notamment, la radiodiffusion numérique, les communications d’urgence et la gestion des fréquences dans les domaines aéronautique et maritime. L’Afrique, en effet, entend faire entendre une voix unie, fondée sur des réalités locales et des projections globales.
La souveraineté et le développement au cœur des enjeux de la CMR-27
L’enjeu dépasse la simple technicité. À l’approche de la CMR-27, la maîtrise des radiocommunications devient un enjeu de souveraineté numérique. Pour les États africains, il s’agit donc de peser dans les négociations internationales afin de garantir une répartition équitable des bandes de fréquences, tout en préservant les intérêts nationaux et régionaux. « Le spectre radioélectrique est un bien stratégique. Nos pays doivent participer activement aux débats mondiaux pour défendre leur droit d’accès équitable à cette ressource », a insisté l’ingénieur Tariq Al-Awadhi, président du Groupe arabe de gestion du spectre (ASMG), qui intervenait lui aussi en visioconférence.
Les services spatiaux, en particulier, ont été au cœur des débats su SRR-25. L’accès aux orbites et aux bandes de fréquences pour les satellites non géostationnaires (non-OSG) est devenu crucial dans un contexte où les méga constellations prolifèrent. Et sans coordination, les pays africains risquent d’être marginalisés, voire d’assister impuissants à une saturation de l’espace radioélectrique.
Au-delà des sessions techniques, le séminaire a servi aussi de plateforme de renforcement des capacités. Des ateliers sur les outils de coordination, de notification et de publication du spectre (tels que la plateforme e-Terrestrial ou les bases de données spatiales de l’UIT) ont ainsi permis aux ingénieurs et décideurs africains présents de mieux s’approprier les instruments techniques de gouvernance du spectre.
Dans un continent où le mobile constitue le principal levier d’accès à l’Internet, la gestion stratégique des fréquences représente un levier fondamental de développement. C’est dire combien les discussions de ce séminaire à Djibouti participaient d’une diplomatie du spectre où se joue, en creux, le droit des peuples à la connectivité, à l’information et à la souveraineté numérique.
« Accueillir ce séminaire à Djibouti reflète notre engagement à faire de la région un acteur majeur de la gouvernance mondiale des télécommunications. L’Afrique ne doit plus être un simple spectateur: elle doit peser dans la définition des règles du jeu », devait conclure, pour sa part, le ministre Radwan Abdillahi Bahdon, dans son allocution remarquée.
ANALYSE
Le plaidoyer fort du ministre Radwan Abdillahi Bahdon au SRR-2025
À l’ouverture du Séminaire régional des Radiocommunications, qui s’achève aujourd’hui, le ministre djiboutien de la Communication, chargé des Postes et des Télécommunication, Radwan Abdillahi Bahdon, a livré un discours à la fois lucide et ambitieux. Une prise de parole qui situe les télécommunications au cœur du développement et de la souveraineté africaine.
En accueillant le Séminaire régional des radiocommunications de l’Union internationale des télécommunications (UIT), notre pays ne s’est pas contenté d’un rôle d’hôte. Il a assumé un leadership affirmé, comme en témoigne le discours inaugural du ministre Radwan Abdillahi Bahdon.
Dès les premiers mots, le ton est donné: le développement du secteur passe par l’investissement dans le capital humain. Le ministre martèle que, dans un domaine aussi complexe et évolutif que la radiocommunication, «la compétence est la clé de l’innovation, de l’efficacité et, en fin de compte, du progrès de nos nations ». Une déclaration qui prend tout son sens face à l’accélération des mutations technologiques et à la montée en puissance des technologies sans fil.
La portée stratégique de cette rencontre dépasse la formation technique. Elle prépare activement la contribution africaine à la prochaine Conférence mondiale des Radiocommunications, prévue en 2027. Pour le ministre, c’est clair: « l’Afrique doit y faire entendre une voix unie et forte, capable de défendre ses intérêts dans un contexte géopolitique marqué par la concentration des ressources orbitales et spectrales ».
Ce séminaire a été donc une rampe de lancement vers une position commune, articulée autour des travaux de l’Union Africaine des Télécommunications. « Il s’agit de confronter les propositions africaines aux autres régions avec « assurance et expertise, tout en évitant les écueils du fractionnement régional qui ont souvent affaibli les positions collectives du continent », indique le ministre.
Dans son intervention, le ministre relie habilement la question technique de la gestion du spectre aux priorités de développement de son pays. En inscrivant le développement de la large bande dans le cadre du « Programme de Renaissance de la République de Djibouti », le ministre affirme que la connectivité est un vecteur de transformation sociale. « Investir dans la large bande, c’est ouvrir des portes à l’éducation en ligne, à la télémédecine, au commerce électronique », rappelle-t-il.
La radiocommunication, dans cette optique, n’est plus un domaine technique réservé aux ingénieurs. « Elle devient une infrastructure critique, un socle sur lequel reposent les ambitions de croissance, d’innovation et de modernisation des services publics », poursuit le ministre.
Le ministre met également en avant un autre défi central: la gestion des ressources rares, en particulier les fréquences radioélectriques. Il souligne que leur allocation « doit être efficace, équitable et transparente, en s’appuyant sur une planification rigoureuse et une coordination régionale renforcée ».
Enfin, loin d’un simple exercice de style, l’allocution du ministre sonne comme un appel à la mobilisation collective. « Le séminaire, insiste-t-il, n’est pas une fin en soi, mais un catalyseur. Il doit marquer le point de départ d’une action africaine coordonnée, soutenue par des compétences renforcées et des institutions solides ».
En somme, à travers ce discours du ministre, la République de Djibouti réaffirme que la bataille du spectre est aussi celle de la souveraineté et du développement. Un message fort, porté avec clarté et conviction, dans un domaine trop souvent sous-estimé mais pourtant central dans la transition numérique du continent.
La participation au SRR-25 Afrique
Le Séminaire régional des Radiocommunications pour l’Afrique (SSR-25) a réuni près de 140 délégués issus de 56 pays et d’organisations internationales du secteur des télécoms.
Angola (République d’)
Bénin (République du)
Burkina Faso
Burundi (République du)
Cameroun (République du)
République centrafricaine
Tchad (République du)
Comores (Union des)
Congo (République du)
Côte d’Ivoire (République de)
République démocratique du Congo
Égypte (République arabe d’)
Eswatini (Royaume d’)
Éthiopie (République fédérale démocratique d’)
République gabonaise
Gambie (République de)
Ghana
Guinée (République de)
Guinée-Bissau (République de)
Kenya (République du)
Lesotho (Royaume du)
Libéria (République du)
Libye (État de)
Madagascar (République de)
Malawi
Botswana
Mali (République du)
Mauritanie (République islamique de)
Maurice (République de)
Maroc (Royaume du)
Mozambique (République du)
Namibie (République de)
Niger (République du)
Nigéria (République fédérale du)
Rwanda (République du)
Sao Tomé-et-Principe (République démocratique de)
Sénégal (République du)
Sierra Leone
Somalie (République fédérale de)
Afrique du Sud (République d’)
Soudan
Soudan du Sud (République du)
Tanzanie (République-Unie de)
République togolaise
Ouganda (République d’)
Zambie (République de)
Zimbabwe (République du)
Organisations internationales
Union africaine des Télécommunications (UAT)
Association GSM
Eutelsat SA
LS Telcom AG
École Nationale Supérieure des Postes,
Télécommunications et TIC
CDDZ
Chengdu Dianzhen Technology co., Ltd.
TCI International, Inc.
Union internationale
des Télécommunications (UIT)
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