Forum Agrobusiness à Djibouti Pour Une Agriculture Durable

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Forum Agrobusiness à Djibouti Pour Une Agriculture Durable
Forum Agrobusiness à Djibouti Pour Une Agriculture Durable

Africa-Press – Djibouti. Organisé dans un contexte où les enjeux agricoles et alimentaires prennent une dimension stratégique, le forum sur l’agrobusiness de Djibouti a réuni un large éventail d’experts, de décideurs et d’acteurs du secteur agricole, venus de Djibouti et de divers pays partenaires.
Tous ont partagé une ambition commune: faire de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de l’aquaculture des piliers solides de la sécurité alimentaire, de la croissance économique et de la résilience climatique dans la région.
Au fil des échanges, des voix ont mis en lumière les immenses potentialités du pays, tout en proposant des approches novatrices pour surmonter les défis structurels, environnementaux et techniques. Du développement de l’élevage à l’émergence de la pêche durable, en passant par l’agriculture intelligente face au climat, les témoignages d’experts nationaux comme internationaux ont enrichi le débat et tracé des perspectives concrètes pour transformer les ambitions agricoles de Djibouti en réussites durables.
Ce qui suit donne la parole à quelques-uns de ces intervenants clés, porteurs de solutions et d’espoir pour un avenir agricole prospère à Djibouti. Nous avons recueillis les réactions de quelques experts pour nous éclairer sur les tenants et aboutissants de ce forum.
Dr Abdo Alwan Issé vétérinaire et haut cadre du MAEP-RH

Je suis Dr Abdo Alwan Issé, vétérinaire de formation et cadre au ministère de l’Agriculture. Dans le cadre de ce forum, j’ai présenté les opportunités d’investissement dans le secteur de l’élevage à Djibouti.

L’élevage représente un important levier de développement économique pour le pays. Grâce à sa position géographique stratégique — au carrefour des grandes routes commerciales et à proximité des marchés du Golfe — Djibouti peut devenir un hub régional pour les échanges de bétail et de produits animaux. La demande croissante en viande et en produits d’élevage dans la Corne de l’Afrique et au Moyen-Orient renforce l’attractivité du secteur.

Le pays dispose de ressources pastorales encore sous-exploitées et d’un savoir-faire traditionnel reconnu en matière d’élevage. Le gouvernement, conscient de ce potentiel, encourage les investissements à travers des incitations fiscales, des partenariats public-privé et des projets orientés vers la sécurité alimentaire et la modernisation du secteur.

Depuis 2006, un centre de quarantaine permet de contrôler plus d’un million de têtes de bétail par an — toutes espèces confondues — avant leur exportation, principalement vers les pays du Golfe.

Fidèle à sa vocation de centre régional du commerce de bétail, Djibouti s’apprête à franchir une nouvelle étape avec la mise en place d’un abattoir moderne d’une capacité annuelle de 40 000 tonnes de viande. Cette infrastructure vise à fournir une viande saine, tracée et certifiée, destinée tant au marché local qu’à l’exportation, en particulier vers les pays du Golfe.

L’abattoir sera certifié ISO 9001 (qualité) et ISO 22000 (sécurité alimentaire), et portera un label Halal, garantissant la conformité aux exigences des marchés musulmans. Il offrira des débouchés sûrs aux éleveurs, notamment pour la vente de boucs et de jeunes cabris, stimulant ainsi la production locale.

Ce projet contribuera également à la création d’emplois directs (bouchers, vétérinaires, techniciens, personnel d’entretien) et au développement d’activités connexes telles que la transformation (charcuterie, viande emballée), le transport, la conservation, ou encore la valorisation du cuir. Le forum a également souligné la nécessité d’améliorer le potentiel zootechnique du cheptel djiboutien. Parmi les principales recommandations:Le soutien à la production d’aliments pour bétail, le renforcement des capacités de production, l’amélioration de la filière laitière, notamment par une meilleure nutrition animale et un accompagnement technique adapté.

Enfin, des échanges fructueux ont eu lieu avec les professionnels des pays voisins, en particulier les exploitants d’abattoirs en Éthiopie et les acteurs de l’embouche en Somalie, ouvrant la voie à des partenariats régionaux renforcés.

Adan Arbahim Hassan Haut cadre du MAEP-RH, spécialiste des ressources halieutiques

Ce forum sur l’agrobusiness, axé sur les secteurs agricoles, s’inscrit dans la dynamique de la Vision 2035 du gouvernement. La pêche et l’aquaculture y occupent une place centrale, en tant que secteurs stratégiques pour la diversification de l’économie nationale.Cet événement a permis des échanges riches entre experts, promoteurs privés djiboutiens et représentants de pays partenaires tels que l’Égypte et la Norvège. Il a offert une plateforme propice au partage d’idées, à la confrontation d’expériences et à l’exploration de nouvelles perspectives pour un développement durable des filières halieutiques et aquacoles.

À cette occasion, l’équipe de la Direction de la pêche a présenté les importantes potentialités du secteur halieutique national. Le potentiel d’exploitation est estimé à 47 000 tonnes de poissons pélagiques et démersaux, notamment le thon, la dorade et le thazard. L’accent a également été mis sur la vision stratégique du pays en matière d’aquaculture, avec l’identification de sites favorables à l’élevage de poissons et de crustacés. Ces secteurs représentent un levier majeur pour renforcer la sécurité alimentaire, créer des emplois, en particulier pour les jeunes, et promouvoir une économie bleue durable.

Dr Mathieu Ouedraogo Centre de l’Alliance de la Biodiversité et Centre International pour l’Agriculture (CIAT)

Je suis Dr Mathieu Ouedraogo, du Centre de l’Alliance de la Biodiversité et du Centre International pour l’Agriculture Tropicale (CIAT). C’est la première fois que je me rends à Djibouti, et je suis honoré de participer à ce forum dédié à l’agrobusiness. Je suis intervenu pour présenter les opportunités que représente le CIAT, en particulier dans les domaines de l’action climatique et de l’agriculture intelligente. Mon travail consiste essentiellement à identifier des solutions pour améliorer les pratiques agricoles — qu’il s’agisse de maraîchage ou d’autres activités — en intégrant des technologies sensibles au climat.

Dans un contexte climatique difficile, il est essentiel de proposer des solutions adaptées pour améliorer la productivité agricole. J’ai ainsi présenté des études de cas menées dans plusieurs pays africains, et suggéré à Djibouti de développer un plan d’investissement pour l’agriculture intelligente, une démarche encore inexistante dans le pays. Un tel plan permettrait de soutenir les initiatives nationales en matière d’adaptation au changement climatique.

Abdikadir Ibrahim Egueh Ingénieur agronome du MAEP-RH

Nous avons activement sensibilisé les agriculteurs djiboutiens en amont de ce forum afin qu’ils puissent s’y préparer au mieux. Plus de deux mille agriculteurs venus des régions de l’intérieur ont été mobilisés à cet effet. Ce forum constitue une excellente opportunité pour notre pays. Il a permis de réunir des experts venus du monde entier afin de discuter des moyens d’améliorer la productivité agricole, dans un contexte de changement climatique. Les discussions ont porté sur les nouvelles technologies et les multiples opportunités qu’elles offrent pour une agriculture plus résiliente et adaptée aux conditions locales.

L’objectif est clair: produire plus, de manière durable, ici même à Djibouti.

propos recueillis par Sadik Ahmed

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