Africa-Press – Djibouti. Sous le soleil de plomb du mont Mabla, des villages s’éteignent lentement, pris dans l’étau d’une sécheresse interminable. Le jeudi 19 juillet dernier, le Président du Conseil régional de Tadjourah, M. Omar Houssein Omar, a quitté la ville pour constater de visu l’ampleur d’une crise qui ne cesse de s’aggraver. Entre constats alarmants et appels à l’aide, sa tournée a mis en lumière l’urgence d’une mobilisation nationale.
Dans les territoires reculés du Mabla, la sécheresse n’est plus une menace abstraite, mais une réalité tangible et dramatique. Là où les pâturages verdoyaient autrefois, aujourd’hui les carcasses des troupeaux jonchent les pistes, témoins silencieux d’une crise qui ravage un mode de vie ancestral. Jeudi dernier, le Président du Conseil régional de Tadjourah, M. Omar Houssein Omar, accompagné de son équipe du conseil régional, s’est rendu auprès des communautés affectées pour mesurer l’ampleur des dégâts et écouter les doléances de populations isolées et exsangues. De Ripta à Galqela, en passant par Qelale, Qadoleh, Garbanaba, Ossaw et Margaqassa, puis jusqu’à Terdo, Ayri et Debne, le constat est le même: le Mabla est à bout de souffle. Les pertes animales se comptent par centaines. Entre Qelale et Galqela, la délégation a croisé des dizaines de carcasses de chèvres, victimes de la faim et de la soif. Dans plusieurs villages, les habitants rapportent la mort de vaches et de chameaux, décimés par une épidémie qui profite de la vulnérabilité d’animaux affamés et affaiblis. Ici, l’élevage ne représente pas seulement un moyen de subsistance: il incarne la richesse, la sécurité et l’identité des familles. Sa disparition progressive marque un appauvrissement profond et, pour beaucoup, irréversible.
Mais au-delà du bétail, c’est la population elle-même qui lutte chaque jour pour sa survie. L’accès à l’eau potable est devenu rare. Plusieurs puits traditionnels se sont dégradés. D’autres sont à sec. Dans certains villages, il faut parcourir des kilomètres pour accéder à un point d’eau. Une tâche quotidienne éprouvante, qui épuise les femmes et les enfants, contraints de sacrifier temps et énergie pour quelques litres d’une eau souvent insalubre.
Les doléances formulées par les habitants convergent toutes vers des besoins essentiels: eau potable, aliments de base pour les familles comme pour les bêtes, réhabilitation des puits existants, forage de puits profonds là où les nappes phréatiques ont reculé. À cela s’ajoute la question cruciale du désenclavement.
Sans routes praticables, aucune aide ne peut atteindre ces villages isolés, où l’urgence devient quotidienne.
Le déplacement de la délégation régionale, au-delà du recensement des pertes, a surtout permis de mesurer le poids du silence. Ces villages, éloignés des centres administratifs, sont souvent les derniers servis, les derniers entendus.
Pourtant, dans cette région du nord, la sécheresse n’est plus une exception: elle devient la règle. Elle s’installe, s’impose et grignote peu à peu les ressources et les espoirs.
Conscient de la gravité de la situation, le Président du Conseil régional a assuré que les informations collectées seront transmises aux autorités nationales et aux partenaires humanitaires, afin qu’une réponse adaptée soit mise en place. Mais pour les populations du Mabla, au-delà des engagements et des rapports, c’est une réponse concrète et immédiate qui est attendue. Car ici, chaque jour perdu coûte des vies.
Dans le silence aride des plateaux désertiques, les éleveurs n’attendent plus que des gestes concrets: un puits réparé, un camion-citerne, un sac de fourrage. Car ce ne sont pas seulement des bêtes qui disparaissent, mais tout un mode de vie qui vacille.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Djibouti, suivez Africa-Press