Africa-Press – Djibouti. L’appel, inattendu et naturellement surprenant, n’aura duré que le temps d’un eclair. La voix caverneuse de Georgio, 75 ans, me fait sursauter. Il parle couramment le Somali. De retour dans sa Russie natale après un long séjour de travail qui l’a conduit, dans les années 70, à sillonner la Somalie où les joutes oratoires qui se pratiquaient principalement dans les campagnes l’ont sensibilisé sur la richesse de la langue de Hadrawi, il peine à contenir son enthousiasme. Pour une raison évidente: les occasions de rencontrer un interlocuteur somali en terre russe sont rares. Très rares. « Une ou deux fois tous les cinq ans », regrette-t-il amèrement. Harbi Said Moussa, chargé d’affaires à l’ambassade de Djibouti à Moscou, lui, est dans l’incapacité de comprendre notre conversation avec Georgio. Issu de l’union d’une Russe et d’un Djiboutien, il ne s’exprime en effet qu’en Russe et en Français. Pourtant, c’est lui qui a établi le contact avec Georgio. Juste parce qu’il tenait à nous faire une petite surprise. Pour Harbi, la seule possibilité de communiquer avec son vieil ami Georgio réside dans l’usage de sa langue maternelle: le Russe. Point d alternative.
C’est ça, Moscou ! Son cosmopolitisme tient à une diversité qui peut paraitre insaisissable, alors même qu’elle habite les tréfonds de l’âme russe. Invisibilisée par la masse, elle peine à se manifester dans les rues, les grands hôtels, les aires de sport. Sensation trompeuse ! Un détour par deux ou trois établissements d’études supérieures accélère la confrontation avec une réalité certes moins perceptible, mais de nature à secouer le cocotier des idées reçues. Le brassage naissant, qui trouve un creuset propice dans les campus universitaires où se côtoient de milliers d’étudiants venus de tous les continents, ne passe plus inapercu. Par-dela les différences de religion, de couleur de la peau ou de catégorie sociale, les flots d’étudiants se mêlent et se dirigent au pas de course vers ces lieux de savoir et de rencontres où se tissent les liens les plus intimes. Une précieuse chaleur humaine baigne ces espaces de liberté où de milliers de jeunes puisent leur espoir d’un avenir meilleur dans leur attachement au dialogue des cultures. La société russe, elle, pourrait y trouver le limon propre à la fertiliser encore davantage.
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