Planète géante gazeuse potentielle autour d’Alpha Centauri A

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Planète géante gazeuse potentielle autour d'Alpha Centauri A
Planète géante gazeuse potentielle autour d'Alpha Centauri A

Africa-Press – Djibouti. Depuis plus d’un siècle, Alpha du Centaure occupe une place à part dans l’histoire astronomique. Ce système triple, visible depuis l’hémisphère sud, abrite deux étoiles très semblables au Soleil (Alpha du Centaure A et B) ainsi qu’une naine rouge plus distante, Proxima du Centaure, déjà connue pour héberger plusieurs exoplanètes.

À seulement 4,37 années-lumière, ces trois étoiles représentent une cible de choix pour les astronomes qui cherchent à détecter et à caractériser des mondes situés dans la zone habitable de leur système, cette région où les conditions peuvent permettre la présence d’eau liquide en surface.

Une insaisissable exoplanète

Alpha du Centaure A, légèrement plus massive et plus brillante que notre Soleil, est l’objet d’un suivi régulier depuis le sol et l’espace. Pourtant, malgré sa proximité, l’éclat intense de l’étoile et la présence de sa compagne rendent toute recherche d’exoplanètes extrêmement difficile. C’est dans ce contexte que le télescope spatial James Webb a ciblé l’astre, en août 2024.

Les chercheurs ont utilisé l’instrument MIRI (Mid-Infrared Instrument) en mode coronographique pour masquer la lumière de l’étoile et explorer ses environs immédiats. En analysant les images obtenues, ils ont identifié un point lumineux baptisé S1, situé à environ 2 unités astronomiques (ua), soit deux fois la distance Terre-Soleil. Cette position correspond à la zone habitable de l’étoile. Les premières estimations de taille et de température indiquent que S1 pourrait correspondre à une exoplanète de type Saturne, dotée d’une atmosphère épaisse et probablement dépourvue de surface solide.

Les résultats, publiés dans The Astrophysical Journal Letters, montrent que les auteurs ont soigneusement examiné les scénarios alternatifs. Ils ont ainsi écarté l’hypothèse d’une galaxie lointaine, d’un petit corps du Système solaire ou d’un artefact lié à l’instrument. Pour renforcer leur analyse, l’équipe a simulé des millions d’orbites compatibles avec les mesures. Ces calculs suggèrent la présence d’une géante gazeuse en orbite elliptique, oscillant entre 1 et 2 UA. Cette dernière pourrait passer temporairement trop près de l’étoile pour être détectée à certaines périodes. Ce scénario expliquerait pourquoi S1 est apparu en août 2024 mais n’a pas été retrouvé lors des deux campagnes d’observations suivantes, en février et avril 2025.

Trente ans de recherches

L’idée qu’Alpha du Centaure puisse abriter des planètes n’est pas nouvelle. Dans les années 1990, les premières campagnes d’observations n’avaient pas révélé d’astres autour des deux principales étoiles. En 2012, l’annonce d’une planète autour d’Alpha du Centaure B avait fait la Une… avant d’être démentie par des analyses plus fines. En 2016, la détection de Proxima b, autour de la troisième étoile du système, a relancé l’intérêt pour celui-ci. Plus récemment, en 2019, le projet NEAR (Near Earths in the Alpha Cen Region) au Very Large Telescope avait repéré un signal infrarouge compatible avec une planète chaude autour d’Alpha du Centaure A, sans confirmation définitive. L’observation du James Webb s’inscrit dans cette longue série de tentatives.

Un astre qui pourrait être analysé finement

Cette absence de confirmation ne réduit pas l’intérêt de la découverte initiale. Comme le souligne Charles Beichman, coauteur de l’étude, « si nous confirmons sa présence, ce sera notre meilleure opportunité d’étudier en détail un monde situé dans le système stellaire le plus proche du nôtre ». En effet, à cette distance, une planète pourrait être observée à plusieurs longueurs d’onde, ce qui permettrait de caractériser son atmosphère, sa dynamique et éventuellement la présence de satellites naturels.

Même si S1 n’est finalement qu’un artefact ou un objet transitoire, l’expérience a été l’occasion de valider une approche d’observation dans un contexte particulièrement exigeant: un système binaire brillant, proche et dynamique. Les astronomes ont même réussi à isoler le signal de la poussière zodiacale, une fine poussière chaude qui entoure les étoiles. Son intensité, estimée de 5 à 8 fois celle de la Voie Lactée, fournit de précieuses informations sur l’environnement circumstellaire et sur les processus de formation ou d’évolution des systèmes proches.

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