Tourisme de Luxe en Afrique: Retombées Limitées pour Locaux

1
Tourisme de Luxe en Afrique: Retombées Limitées pour Locaux
Tourisme de Luxe en Afrique: Retombées Limitées pour Locaux

Africa-Press – Djibouti. Alors que plusieurs pays africains misent davantage sur le tourisme de luxe comme moteur de croissance, une étude de l’Université de Manchester révèle que l’essentiel des revenus générés échappe aux économies locales.

Ces dernières années, le secteur touristique africain s’est mué en écrin de luxe discret et d’aventure sur-mesure, séduisant une clientèle exigeante. Selon le Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), la valeur générée par chaque voyageur y a connu une hausse importante, plaçant le continent en tête des destinations à la croissance la plus rapide en matière de tourisme haut de gamme.

Cette transformation s’accompagne d’une reconnaissance internationale. Selon le classement Travel + Leisure, World’s Best Awards 2023, 7 des 25 meilleurs hôtels du monde sont situés en Afrique, notamment en Afrique du Sud, au Kenya et au Maroc. En 2021, le lodge kényan Angama Mara a même été désigné n°1 mondial.

Du Kenya à l’Afrique du Sud, en passant par la Tanzanie et Maurice, les investissements se multiplient pour transformer des sites naturels uniques en terrains de jeux pour voyageurs fortunés. Le Rwanda, avec ses gorilles de montagne, ou la Zambie, avec ses paysages sauvages, séduisent à leur tour les promoteurs d’hôtels exclusifs destinés à une clientèle en quête d’expériences hors normes.

Cette dynamique s’appuie aussi sur la montée du voyage bien-être et éco-responsable. Safaris dans le Serengeti, plages privées aux Seychelles ou écolodges luxueux au cœur de réserves protégées: l’offre africaine répond à une demande mondiale pour des séjours alliant santé, nature et durabilité. Le secteur touristique représente déjà près de 10% du PIB mondial, et le segment du luxe apparaît comme un vecteur supplémentaire de croissance pour les économies africaines.

Mais, selon une étude publiée dans African Studies Review, la promesse ne se concrétise pas toujours sur le terrain. Les complexes et écolodges haut de gamme appartiennent majoritairement à des investisseurs étrangers. Ils mobilisent peu de main-d’œuvre locale et canalisent les dépenses vers des circuits fermés comme les agences de voyages internationales, les importations alimentaires où les bénéfices sont rapatriés à l’étranger. Par conséquent, une part importante de la valeur créée ne reste pas sur le continent, alors même que les Etats espéraient en faire un levier de développement local.

Le paradoxe est que d’un côté, le tourisme de luxe crée des emplois dans la construction, l’hôtellerie, la distribution et certains services. De l’autre, il accentue les inégalités car les bénéfices se concentrent entre les mains d’opérateurs internationaux ou d’une petite élite locale, tandis que la majorité des salariés du secteur perçoivent des revenus modestes.

Face à ce constat, plusieurs voix appellent à replacer la durabilité au centre de la stratégie touristique africaine. Le magazine spécialisé « Travel and Tour World » souligne que le luxe peut prospérer sans nuire aux terres et aux populations, à condition que les gouvernements orientent davantage d’efforts vers les communautés pour éviter l’expropriation et garantir une redistribution équitable des revenus du secteur.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Djibouti, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here