Financement Hors Bilan pour Compagnies Aériennes Africaines

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Financement Hors Bilan pour Compagnies Aériennes Africaines
Financement Hors Bilan pour Compagnies Aériennes Africaines

Cynthia Ebot Takang
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Edité par : Feriol Bewa

Africa-Press – Djibouti. Selon des données 2025 de l’IATA, l’industrie aérienne africaine contribue à hauteur de 75 milliards USD au PIB continental et soutient 8,1 millions d’emplois. Le marché devrait croître de 4,1 % par an au cours des vingt prochaines années, et doubler d’ici 2044.

La compagnie d’aviation privée et de gestion d’avions VivaJets, filiale du groupe nigérian Falcon Aerospace, obtenait début octobre un financement de 10 millions USD chez la société d’investissement londonienne TLG Capital, en partenariat avec la banque nigériane Wema Bank. Présenté comme le premier financement internationalement structuré pour une compagnie aérienne locale, l’accord intègre des protections structurelles permettant de maintenir une grande partie de la dette « hors » du bilan principal de la compagnie.

Il fournit également à VivaJets le capital pour refinancer ses obligations existantes et étendre ses opérations. Cette initiative survient dans un contexte où de nombreux transporteurs aériens africains peinent à accéder localement à des crédits long terme en dollars américains, les banques locales étant limitées dans leur capacité à assumer les risques résiduels et d’exécution. Les compagnies génèrent la majeure partie de leurs revenus en devises locales, alors que la plupart de leurs dépenses sont en devises fortes.

Selon ACC Aviation, elles combinent de plus en plus des cessions-bails, des dettes structurées et des solutions en fonds propres pour gérer les contraintes de trésorerie et leurs besoins de croissance du capital. L’approche avec VivaJets permet de répartir les risques. Wema Bank se charge de la souscription, de la conformité et du suivi sur le terrain, tandis que le fonds apporte le capital en US dollars et une discipline de structuration. Ce modèle « hybride » permet de contourner des obstacles que les prêteurs étrangers purs refusent souvent d’affronter: juridiction, réglementation et recouvrement.

En isolant le financement dans un véhicule à but spécial (SPV) ou une structure cloisonnée, la compagnie est moins exposée à la volatilité opérationnelle, et le prêteur dispose d’un recours renforcé sur les actifs ou flux de trésorerie affectés. Bien que les rapports publics n’ont pas révélé l’intégralité des clauses, les déclarations des parties suggèrent qu’un « état d’esprit orienté solutions structurées » a été déterminant.

Une approche qui pourrait intéresser les opérateurs régionaux

Air Ghana, actuellement transporteur cargo, se prépare à entrer sur le segment passagers d’ici fin 2025. La compagnie a déjà commencé à recruter pour les fonctions de billetterie, ventes et centres d’appels. Dans cette perspective, une structure de capital similaire au modèle VivaJets pourrait s’avérer attractive. Par ailleurs, le Ghana négocie activement la relance d’une compagnie nationale, misant sur des partenariats techniques (par exemple avec TAP Portugal) pour gérer les risques financiers et opérationnels.

En Côte d’Ivoire et au Sénégal, les compagnies nationales planifient d’étendre leurs flottes, et de plus petits opérateurs régionaux pourraient adopter des solutions de dette structurée pour réduire leur dépendance aux seuls prêteurs multilatéraux ou au financement OEM.

En 2024, la levée de fonds privés en Afrique a plus que doublé, atteignant 4 milliards USD, soit le troisième total annuel le plus élevé de la dernière décennie. Les fonds d’infrastructure et de capital-investissement ont chacun représenté environ 30 % de ce capital. Parallèlement, le trafic passagers des compagnies africaines devrait passer de 98 millions en 2024 à 113 millions en 2025, soit une hausse de 15,3 %.

Avec des compagnies offrant déjà 12,6 % de sièges supplémentaires certains mois de 2024 par rapport aux niveaux d’avant Covid-19, le financement VivaJets arrive à un moment où la demande, la capacité et l’intérêt des investisseurs sont alignés.

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