Ce qui va se jouer lors du 36e sommet de l’Union africaine

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Ce qui va se jouer lors du 36e sommet de l’Union africaine
Ce qui va se jouer lors du 36e sommet de l’Union africaine

Africa-Press – Djibouti. Convois exceptionnels incessants et ballet diplomatique : la capitale éthiopienne a renoué ce 17 février avec l’agitation qui précède chaque conférence annuelle. La majorité de chefs d’État et de gouvernements attendus sont arrivés ces dernières 48 heures pour assister au sommet des 18 et 19 février, qui se tiendra au siège de l’Union africaine.

Les dirigeants des pays membres se réuniront au cours du week-end autour d’un agenda chargé, centré sur la crise sécuritaire et alimentaire qui touche le continent. Le président de la commission Moussa Faki Mahamat a listé les principales préoccupations du continent lors de l’ouverture de la conférence du Conseil exécutif, le 15 février : « L’inquiétante progression du terrorisme, le retour des changements non constitutionnels de gouvernement, une croissance en repli, des conditions climatiques en constante détérioration ». Il n’a pas manqué non plus de souligner les « immenses potentiels » du continent, sources de convoitises et terreaux de « rivalités endogènes et exogènes ».

Crises sécuritaires

L’Union africaine va en effet tenter d’aborder d’une voix unie des sujets clivants et marqués par une forte polarisation des pays qui la composent. À la veille du sommet, les questions sécuritaires ont été au centre d’une bonne partie des rendez-vous diplomatiques : les tensions entre le Rwanda et la RDC ont fait l’objet de deux réunions distinctes, au sein de la commission paix et sécurité de l’UA et entre les pays d’Afrique de l’Est. Un sommet de haut niveau sur la Libye a également été organisé.

La question sécuritaire dans la zone sahélienne sera également au menu des discussions. La réintégration des pays exclus de l’UA (le Mali, le Burkina Faso et la Guinée et le Soudan) sera-t-elle abordée ? Les trois États d’Afrique de l’Ouest ont en tout cas mené un intense travail diplomatique auprès des délégations de leurs pairs, porté par le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop. « Ils ont abordé des questions de fond, sur le manque de contrôle exercé sur leur propre territoire, détaille une source diplomatique qui les a rencontrés. Ils ont également insisté sur la nécessité de ne pas pousser pour la tenue d’élections avant que leurs pays ne soient stabilisés. »

Le sommet couvrira la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), discutée depuis des années au sein de l’organisation. Le bilan de la réforme institutionnelle instaurée par le Rwandais Paul Kagame est également au programme.

Passage de témoin

Le président en exercice de l’UA, le Sénégalais Macky Sall, s’exprimera sur le lobby mené pour obtenir un siège permanent pour l’organisation continentale au G20 et au conseil de sécurité des Nations unies. « L’admission de l’Afrique devrait être actée au prochain sommet du G20 en Inde » en septembre prochain, veut croire un conseiller du président sénégalais, qui compte sur plusieurs « soutiens de poids » : États-Unis, Chine, Russie, Japon, Union européenne…

Le président sénégalais s’exprimera aussi sur les questions climatiques pour une « transition énergétique juste et équitable » : « La priorité pour l’Afrique, c’est l’utilisation de nos ressources pour l’accès universel à l’électricité, ajoute l’interlocuteur cité plus haut. Ceux qui polluent le plus doivent assumer plus d’engagements et de responsabilités. »

Dès le 18 février, Macky Sall cédera sa place à la tête de l’organisation au Comorien Azali Assoumani, qui souhaite axer sa présidence « sur l’unité de l’Afrique et les questions continentales », selon l’un de ses proches. Fort de son expérience militaire, l’ancien putschiste revenu au pouvoir en 2019 par la voie des urnes, souhaite également recentrer le débat continental sur la sécurité, et renforcer pour cela la commission Paix et sécurité de l’UA.

Le financement de l’organisation, en particulier du Fonds pour la paix, qui finance les opérations de maintien de la paix, a ainsi fait l’objet de vifs débats lors de la réunion du conseil exécutif le 16 février. « Les États membres ont été encouragés à participer plus fortement. Nos opérations de maintien de la paix ne peuvent rester majoritairement financées par les puissances étrangères », observe une source diplomatique.

Rivalités

Ce 36e sommet sera également l’occasion de renouveler l’entièreté du bureau. Comme ce fut le cas l’année dernière, où les Comores et le Kenya s’étaient livrés une lutte sans merci pour obtenir la vice-présidence de l’organisation, cette année a marqué une forte opposition entre l’Algérie et le Maroc, désormais rejoints par l’Egypte et la Libye, également candidats, afin d’accéder à la présidence tournante en 2024.

Selon plusieurs sources diplomatiques, il est peu probable que ce sujet, qui n’a pas été abordé lors du Conseil exécutif, soit réglé au cours du sommet. « On risque fort de voir se reproduire la situation de l’année passée : avoir un siège manquant au bureau pendant longtemps », observe l’une d’entre elles.

Autre sujet de discorde qui devrait être évité : le débat au sujet du statut d’observateur accordé à Israël, qui avait déjà été ajourné lors du dernier sommet. Le comité de plusieurs pays, monté en 2022 par l’Union africaine pour trancher sur la question, n’a toujours pas livré ses conclusions.

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