Africa-Press – Djibouti. Long d’environ 2,5 mètres pour un poids estimé à 45 kilos, Bonapartenykus ultimus arpentait la Patagonie il y a 70 millions d’années. Ce dinosaure bipède muni d’un unique doigt au bout de ses membres antérieurs vient de révéler une caractéristique inattendue: certains de ses os étaient creux, une particularité jusqu’ici jamais observée chez ce groupe.
Des os creux comme chez les oiseaux
Pour la première fois, des chercheurs ont eu recours à la tomodensitométrie (CT scan) sur un alvarezsauridé, la famille à laquelle appartient Bonapartenykus. L’étude, publiée dans la revue PLOS ONE révèle la présence de cavités pneumatiques dans les vertèbres, indiquant que ce dinosaure possédait un squelette axial partiellement allégé par des sacs aériens internes, à l’image de ceux des oiseaux actuels.
Chez les dinosaures, la pneumatisation osseuse joue un rôle clé dans la respiration et la réduction du poids du squelette. Elle est bien documentée chez certains grands théropodes comme les carcharodontosauridés ou les tyrannosaures, ainsi que chez les oiseaux. Mais son apparition chez les alvarezsauridés reste mystérieuse. « Nous ne voyons pas de trajectoire évolutive linéaire chez les alvarezsauridés », explique Guillermo Windholz, premier auteur de l’étude. « Il n’existe pas de tendance claire, par exemple avec des formes basales plus pneumatisées que les formes dérivées, ou inversement ». En d’autres termes, cette caractéristique ne semble pas avoir suivi un schéma progressif d’acquisition au fil du temps, ce qui complique son interprétation fonctionnelle et adaptative.
Une fonction qui reste à définir
L’étude s’est concentrée sur Bonapartenykus ultimus, mais les chercheurs soupçonnent que d’autres alvarezsauridés possédaient également cette particularité anatomique. « Des indices tirés de l’anatomie externe et de fractures naturelles suggèrent que les autres membres de la famille présentaient aussi un squelette axial pneumatisé », indique le paléontologue. Pourtant, aucune analyse détaillée n’avait encore été menée sur ce groupe. « Notre travail apporte une première pierre à l’édifice, mais l’idéal serait d’examiner l’anatomie interne d’autres spécimens pour mieux comprendre la répartition de la pneumatisation dans cette famille ».
Chez les oiseaux, la présence de sacs aériens est essentielle: elle leur permet de ne pas peser trop lourd et donc de voler. Chez les gros dinosaures, la pneumatisation des os facilite leurs déplacements. Mais qu’en est-il chez ces petits dinosaures qui eux étaient cloués au sol ? « En raison de leur petite taille, il est peu probable que l’allègement des os ait eu un impact majeur sur leur locomotion », estime Guillermo Windholz. L’adaptabilité respiratoire reste également une hypothèse, mais elle demande encore à être confirmée. « Pour répondre à cette question, nous devrions considérablement élargir nos connaissances de l’anatomie interne et externe des autres membres de cette famille, ainsi que d’autres théropodes ».
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