Africa-Press – Djibouti. Il existe des violences moins visibles que d’autres. Moins spectaculaires que celles qui circulent en boucle sur les réseaux sociaux, mais tout aussi révoltantes. Celle dont j’ai été témoin hier matin, avenue Nasser, appartient à cette catégorie. Un chauffeur de minibus, chargé de transporter des patients dialysés, a été agressé par un jeune homme, sans autre raison que l’impatience ou l’irrespect. L’homme, accompagnant l’un des patients, a été arrêté. Fin de l’histoire ? Pas vraiment.
Ce minibus, loin d’être un simple véhicule, est la matérialisation d’un effort public, d’une politique de santé solidaire, d’un engagement que bien des pays voisins n’ont pas osé ou pu entreprendre. Chez nous, la dialyse est gratuite, et pour ceux qui ne peuvent se déplacer faute de moyens, le ministre de la Santé Ahmed Robleh Abdilleh a offert ce moyen de transport. Ce n’est pas un luxe. C’est une nécessité, un geste de justice envers ceux qui luttent chaque jour, corps usé, cœur digne, contre une maladie qui ne leur laisse aucun répit.
Ce chauffeur, lui, est à sa manière, un soignant de l’ombre. Il voit la fatigue dans les yeux. Il connaît les horaires des centres de dialyse par cœur. Il conduit prudemment pour ne pas secouer ceux dont le corps est à bout. Et il le fait sans se plaindre.
Alors quand un citoyen, quel qu’il soit, en vient à lever la main sur lui, c’est tout un système qu’il maltraite. Une chaîne de solidarité qu’il rompt. Une confiance collective qu’il piétine.
Le directeur général du CHU, Omar Mahamoud Ismail, l’a dit clairement. « Un comportement pareil est inadmissible. » Il a raison. Nous devons protéger ces services essentiels, et ceux qui les rendent possibles.
Certes, chaque service rendu n’a pas à être salué, mais il ne doit jamais être méprisé. C’est un équilibre fragile que nous devons tous protéger.
L’incident d’hier nous rappelle que les services publics reposent sur une confiance mutuelle. Quand l’un des maillons est frappé, c’est toute la chaîne qui vacille. Refusons que la brutalité, même isolée, s’installe là où seule la solidarité a sa place.
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