Africa-Press – Gabon. Alors qu’il était pressenti comme le dauphin de Guy Nzouba Ndama, Séraphin Akure-Davain s’est vu, ce 8 mai, dépossédé du pouvoir qu’il avait depuis que le président de Les démocrates (LD), assigné à résidence, n’a plus le droit de prendre la parole publiquement. Une note signée de Guy Nzouba Ndama et datée de ce jour, fait du premier vice-président Philippe Nzengue le nouvel intérimaire du président de ce parti. Une proposition des lobbyistes du pouvoir en serait la raison.
Absent de la scène politique et silencieux depuis ses déboires avec la justice, Guy Nzouba Ndama a, ce 8 mai, signé une note qui retire vraisemblablement à Séraphin Akure-Davain le rôle de président honoraire de son parti. Un rôle qu’il assurait depuis l’assignation à résidence surveillée de son président. «Pendant la période d’indisponibilité du président du parti, le premier vice-président Philippe Nzengue assure l’intérim», peut-on lire dans la note. «Il veillera particulièrement en concertation avec le président, à la réaffirmation de l’encrage du parti Les Démocrates dans l’opposition», précise la note du 8 mai.
Des sources concordantes dignes de foi indiquent qu’il est reproché Séraphin à Akure-Davain de s’être «rapproché du pouvoir», certaines soutiennent que le député de Lambaréné a discrètement été reçu par Ali Bongo durant la dernière semaine d’avril.
A quelques mois des échéances électorales, certaines indiscrétions qui annonçaient déjà une mise à l’écart de Séraphin Akure-Davain, laissent entendre que, selon l’ordre protocolaire de ce parti, Philippe Nzengue devait être nommé président par intérim. La forme de la note confirme pour ainsi dire ces bruits de couloir. Selon ces sources, la qualité de président par intérim place de facto Philippe Nzengue en pole position pour l’élection présidentielle attendue, si jamais LD décidait de présenter un candidat. Mais, la première force de l’opposition gabonaise en termes d’élus positionnera-t-il un candidat ? La question taraude bien d’esprits.
Le chantage du pouvoir et l’ancrage de LD dans l’opposition
Guy Nzouba-Ndama étant inéligible du fait de sa condamnation pour détention illégale de marchandises prohibées, LD devait en principe choisir un autre candidat parmi les hauts cadres du parti, dont Séraphin Akure-Davain, Philippe Nzengue Mayila ou Jonathan Ignoumba. Dans cette short-list, le premier était d’ailleurs présenté comme celui qui était poussé par Nzouba Ndama. On assure d’ailleurs que c’est avec sa bénédiction que le député du 2è arrondissement de Lambaréné (Moyen-Ogooué) est allé à la Concertation politique de février dernier. Mais, laisse-t-on entendre, et la note du 8 mai pourrait en faire foi, le président de LD s’est ravisé.
A Lambaréné, on assure que le pouvoir est entré en négociation avec Nzouba Ndama et que, depuis le retour d’Akure-Davain de la concertation, plus rien ne va entre les deux hommes. Certains membres de ce parti auraient démissionné depuis lors et Nzouba Ndama accuserait Akure-Davain d’être de connivence avec le pouvoir en plus d’avoir perdu en crédibilité en ne sortant pas de la Concertation politique ainsi que l’avaient d’autres personnalités de l’opposition, notamment les présidents de l’Union nationale, de Réagir ou du PRC. Divagation ou bon sens ? Dans les rangs de LD, on soupçonne une ruse de Nzouba Ndama au point de se demander si dans sa posture actuelle, il tient vraiment à l’ancrage de son parti dans l’opposition telle que formulé dans la note du 8 mai. Ces sources bien introduites, soutiennent tout aussi que le pouvoir lui aurait proposé de «renoncer à la présidentielle pour recouvrer sa liberté». Vrai ou faux ? Il reste que certains cadres du parti, la main sur le cœur, l’affirment.
Sur les cendres de l’Alliance pour le nouveau Gabon (ANG)
Il va donc falloir attendre pour voir si LD présente ou non un candidat à la présidentielle, mais vraisemblablement Nzouba-Ndama ne veut plus d’Akure-Davain. Le député de Lambaréné exprimait déjà quelques velléités quant à la présidentielle à venir, notamment par l’annonce de la publication de son offre politique dans un livre intitulé «Le Gabon est malade».
S’il y tient, la formation politique de Nzouba Ndama pourrait connaître une scission. On n’oubliera pas que le parti Les démocrates s’est créé sur les cendres de l’Alliance pour le nouveau Gabon (ANG), parti politique alors dirigé par Séraphin Akure-Davain qui disposait de l’agrément du ministère de l’Intérieur. Chaud devant !
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