Révision de la liste électorale : Devoirs de citoyen

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Révision de la liste électorale : Devoirs de citoyen
Révision de la liste électorale : Devoirs de citoyen

Africa-Press – Gabon. D’ici au 07 juin prochain, il faudra pointer les dangers de l’abstentionnisme, s’inscrire et inviter les siens à faire de même.

Les précédentes présidentielles ont été l’objet de nombreux travaux. Sous tous les angles, elles ont été disséquées, analysées, commentées. Sur leur préparation, leur déroulement et leur dénouement, tout ou presque a été dit. Sur la participation électorale, l’observation internationale, l’immixtion de l’armée, le rôle de l’autorité en charge de leur organisation, l’implication des personnels de commandement ou le positionnement de la Cour constitutionnelle, tant de faits ont été documentés. A trois mois de la prochaine présidentielle, tout cela hante les esprits. Au moment où s’ouvrent les inscriptions sur les listes électorales, des questions reviennent : «Ne va-t-on pas vers un remake des années antérieures ?» ; «Comment empêcher un nouveau hold-up électoral ?» ; «Est-ce bien utile de s’inscrire ?»…

Tous les Gabonais sont concernés

Sans prétendre trancher la question, il faut redire cette conviction : en démocratie, la lutte contre le trucage électoral passe par la pleine et entière participation. Autrement dit, au lieu de sombrer dans le pessimisme, il faut s’inscrire sur les listes électorales. Nulle part au monde, l’abstention n’a favorisé l’enracinement des valeurs et principes démocratiques. Jamais, elle n’a été porteuse de légitimité, de changement ou de mieux-être. Bien au contraire. Comme le relève Raymond Ndong Sima, «si (la population) ne (participe) pas, évidemment il ne se passera rien (…) Ce n’est pas parce que ça s’est mal passé une fois que nous devons partir du principe que ça ne se passera pas mieux la prochaine fois». En clair, «tous les citoyens gabonais ayant 18 ans révolus et jouissant de leurs droits civiques sont concernés» par les inscriptions, nonobstant la multiplicité des situations individuelles.

Même si le Parti démocratique gabonais (PDG) et ses alliés en minimisent les conséquences, ces hésitations traduisent un déficit de confiance dans les processus électoraux. Elles soulignent un manque de foi dans les institutions, accusées de partialité voire d’être inféodées à un camp ou assujetties à la personne d’Ali Bongo. Au-delà, elles suscitent des craintes quant à la construction d’une communauté de destin. Pourtant, d’ici au 07 juin prochain, il faudra pointer les dangers de l’abstentionnisme, mettre en garde contre l’appétence pour les voies extraconstitutionnelles. Surtout, il faudra rappeler les citoyens à leurs devoirs. Dans les prochains jours, il faudra mettre en exergue les liens entre démocratie et lien social, d’une part, et, citoyenneté et participation à la prise de décision, d’autre part. Durant cette période, il faudra rappeler cette évidence : le statut de citoyen se traduit par la reconnaissance puis l’exercice du droit de vote.

Les possibilités de fraude sont inversement proportionnelles à la mobilisation

Au moment où s’ouvrent les inscriptions sur les listes électorales, il semble pertinent de revenir les implications du statut de citoyen. Depuis au moins la Grèce antique, les citoyens participent au débat, à la prise de décision et jouissent du droit de propriété. Pourquoi des Gabonais devraient-ils y renoncer ? Pour ne pas perdre leur temps ? Ou parce que les dés sont pipés, les résultats connus d’avance ? Mais ne pas exercer ses droits, c’est s’exposer à l’arbitraire voire l’encourager. Prédire une issue similaire à celles de deux précédentes présidentielles, c’est légitimer la fraude. Ne pas s’inscrire, c’est ouvrir la voie au bourrage des urnes. On l’a vécu en 2016, la Cour constitutionnelle ayant été obligée de valider un taux de participation farfelu dans le Haut-Ogooué et d’annuler des bureaux de vote. C’est dire si la participation détermine la suite. C’est aussi dire si les possibilités de fraude sont inversement proportionnelles à la mobilisation populaire.

En 2016, 66% des Gabonais en âge de voter s’étaient effectivement inscrits sur les listes électorales. «Le taux de participation, au niveau national, sans le Haut-Ogooué, s’évalue à 64,24%», affirmait alors la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE-UE). D’où les corrections et manipulations effectuées par certaines instances. Aurait-ce été possible si les taux d’inscrits et de votants étaient plus hauts ? L’annulation des 21 bureaux du 2ème arrondissement de Libreville aurait-elle été suffisante ? N’aurait-il pas fallu en faire davantage, au risque de discréditer complètement le processus ou de se couvrir d’opprobre à la face du monde ? Aurait-il alors été possible de ne pas ordonner la reprise des opérations électorales, comme le prévoit la loi ? Sans être définitif, on peut émettre des doutes. Au vu de ces incertitudes, aucun citoyen n’a intérêt à renoncer. Chacun doit s’inscrire et inviter les siens à faire de même. Comme dirait Jacques Chirac : «Le droit de vote, ce n’est pas l’expression d’une humeur. C’est une décision à l’égard de son pays, à l’égard de ses enfants». A chacun de le méditer.

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