Africa-Press – Gabon. Dans une déclaration publique tenue ce 13 juin 2025 à Libreville, Maître Pie Makanga Missamou, avocat de Xu Jie et Zou Qin, actionnaires minoritaires de la société TBNI, a réagi aux récentes allégations portées par les repreneurs de Yulin International Timber. Dénonçant une campagne de désinformation et des actes qu’il juge illégaux, l’avocat a rappelé que seul un arbitrage international, prévu par contrat et ordonné par la justice gabonaise, est à même de trancher le conflit. L’affaire, d’apparence commerciale, soulève aussi des enjeux d’image, de légalité et de souveraineté économique.
La bataille pour le contrôle de la société Forestière Transport Bois Négoce International (TBNI), entreprise de droit gabonais spécialisée dans l’exploitation forestière, continue de faire couler beaucoup d’encre. Après la conférence de presse donnée le 5 juin 2025 à Owendo par les représentants de Yulin International Timber Co. Limited, qui accusaient l’ancien dirigeant Xu Jie de sabotage, c’est au tour de la défense de monter au créneau.
Maître Pie Makanga Missamou, conseil de Xu Jie et de sa compagne Zou Qin, actionnaires à hauteur de 45 % dans TBNI, a livré ce 13 juin un exposé juridique visant à démonter ce qu’il qualifie de « contrevérités » propagées dans l’espace public. « Ce qui se répand dans la presse n’est pas forcément la vérité », a-t-il affirmé d’emblée, précisant que la société TBNI est née d’un partenariat contractuel formel entre ressortissants chinois, à savoir la société Yulin International Timber (55 %) et ses clients, M. Xu Jie et Mme Zou Qin (45 %).
Un contentieux d’actionnaires encadré par un accord d’arbitrage international
Selon l’avocat, le litige actuel est avant tout un conflit d’actionnaires, qui trouve son origine dans la contestation de la gestion et des droits de propriété au sein de TBNI. Une des pierres d’achoppement serait la remise en cause par Yulin de la qualité de gérante de Mme Zou Qin, pourtant attestée par des fiches-circuits déposées auprès de l’administration gabonaise. « Ces fiches-circuits ont été manifestement truquées pour les besoins de la cause », a soutenu Maître Makanga, estimant que la partie adverse tente de remettre en question des faits établis par la documentation officielle.
Face à cette situation de blocage, plusieurs recours judiciaires ont été engagés. Le Tribunal de commerce de Libreville, saisi pour trancher, a conclu que le contentieux devait être soumis à la Commission chinoise d’arbitrage pour l’économie et le commerce international (CIETAC), conformément à une clause expresse de l’accord de partenariat. « La décision est là, noire sur blanc. Ce sont des profanes qui s’agitent dans les médias, mais qui ne comprennent rien aux procédures judiciaires », a martelé l’avocat, dénonçant « l’instrumentalisation du droit par ceux qui ne le maîtrisent pas ».
Une chronologie judiciaire passée sous silence
Dans sa déclaration, Maître Makanga est revenu sur une série de décisions rendues par les juridictions gabonaises, notamment une ordonnance du juge des référés du 8 novembre 2023 interdisant à un tiers d’agir au nom des sociétés impliquées, suivie d’un arrêt de la Cour d’appel du 2 décembre 2024. Ce dernier demandait aux parties de saisir le juge du fond, qui a finalement statué à bref délai pour renvoyer le dossier à l’arbitrage international prévu.
« Quand ces gens-là ont saisi les médias, ils n’ont produit aucun document, aucune décision », a-t-il fustigé, brandissant les pièces judiciaires comme preuves tangibles de la bonne foi de ses clients.
En parallèle de ce bras de fer judiciaire, Maître Makanga accuse les représentants de Yulin International, Firmin Obame Nguema et Armand Dagraça Tchitembo, d’avoir perpétré des actes répréhensibles: effraction des locaux, vol de documents, pose illégale de scellés et entrave à une décision de justice du 3 septembre 2024 ordonnant la réouverture de l’entreprise.
« Ils ont été interpellés, placés sous mandat de dépôt et ne doivent leur libération qu’à un vice de procédure. L’enquête judiciaire est en cours », a-t-il précisé, insistant sur le caractère illégal de leurs agissements.
Un appel à la prudence médiatique et au respect du droit
Face à ce qu’il qualifie de « manipulation de l’opinion publique », l’avocat enjoint les médias et les observateurs à ne pas céder à l’émotion ni aux discours partisans. « Quand on ne connaît pas quelque chose, on ne parle pas de ça », a-t-il lancé, visant sans les nommer certains journalistes et clercs d’huissiers impliqués dans des vidéos diffusées en ligne.
Pour conclure, Maître Makanga a appelé au respect des décisions de justice et à la prééminence du droit international dans la résolution de ce litige commercial. « Ce conflit relève du droit commercial international. Il ne peut être tranché que par les juridictions compétentes, en l’occurrence la CIETAC. Les actions unilatérales, les fermetures de locaux, les déclarations sans fondement juridique sont des violations graves de la légalité », a-t-il averti.
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