Sucre, Politique et Tweet: la Promesse Creuse de Trump

1
Sucre, Politique et Tweet: la Promesse Creuse de Trump
Sucre, Politique et Tweet: la Promesse Creuse de Trump

Africa-Press – Gabon. Coca-Cola a accepté de modifier sa production aux Etats-Unis pour passer au bon vieux sucre de canne, délaissant le sirop de maïs, a annoncé le 16 juillet 2025 le président américain Donald Trump, lui-même grand consommateur de la plus célèbre des boissons gazeuses.

Alors que le géant de l’agroalimentaire utilise du saccharose classique en Europe, les consommateurs américains avalent à travers les bulles du sirop de maïs à haute teneur en fructose (SGHF). « J’ai discuté avec Coca-Cola de l’utilisation du VRAI sucre de canne dans le Coca aux Etats-Unis, et ils ont accepté », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J’aimerais remercier tous les responsables de Coca-Cola. Ce sera une très bonne décision de leur part – vous verrez. C’est tout simplement mieux ! », s’est-il réjoui. « Nous apprécions l’enthousiasme du président Trump pour notre marque emblématique », a brièvement réagi l’entreprise américaine sur son site.

Sucre de canne: l’illusion d’un Coca plus sain

Le SGHF s’est répandu aux Etats-Unis dans les années 1970 grâce aux subventions gouvernementales accordées aux producteurs de maïs et à des droits de douane élevés sur le sucre de canne.

La décision de Coca-Cola pourrait affecter les producteurs de maïs de la « Corn Belt », une région du Midwest qui représente pourtant un important vivier d’électeurs de Donald Trump.

Le SGHF et le saccharose, plus couramment appelé « sucre de table », sont tous deux composés de fructose et de glucose. Mais leur structure diffère: le SGHF contient du fructose et du glucose libres (non liés) dans des proportions variables tandis que, dans le saccharose, ces deux sucres sont liés chimiquement.

Ces différences structurelles ne semblent toutefois pas avoir d’incidence significative sur la santé. En 2022, une méta-analyse — une démarche statistique permettant de synthétiser les résultats d’études indépendantes portant sur une même question scientifique — ont permis de constater l’absence de différence majeure entre le SGHF et le saccharose en termes de prise de poids ou de santé cardiaque.

Seule différence notable: une augmentation d’un marqueur d’inflammation chez les personnes consommant du SGHF.

Les consommateurs américains ont parfois accès au Coca-Cola mexicain, déjà produit avec du sucre de canne, vendu plus cher dans certains magasins car jugé meilleur en termes de saveur. Donald Trump est lui un buveur invétéré de Coca-Cola light, édulcoré à l’aspartame, un composé considéré comme « peut-être cancérogène » par les experts de l’Organisation mondiale de la santé.

Un Coca au sucre de canne ne fera jamais une politique de santé publique

Interrogé par Sciences et Avenir, Pierre Levasseur, chercheur à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et auteur de travaux sur l’épidémie d’obésité au Mexique, rappelle que « ce pays, bien que commercialisant déjà depuis plusieurs années du Coca-Cola à base de sucre de canne, reste l’un de ceux où la prévalence de l’obésité est la plus élevée. Il paraît donc peu probable que ce changement de recette produise des effets significatifs sur la santé nutritionnelle ».

Il ajoute que, pour lutter efficacement contre l’obésité et les pathologies liées à l’alimentation, il semble indispensable que les gouvernements régulent non seulement l’offre de boissons sucrées, mais aussi celle des aliments ultra-transformés riches en gras et en sucre — via la mise en place de taxes plus dissuasives (comme la taxe soda) et l’application de lois d’étiquetage nutritionnel explicite, de type Nutri-Score, par exemple.

Selon lui, en complément de telles régulations de marché, réduire les inégalités sociales et économiques entre individus reste essentiel pour inverser l’accroissement tendanciel de l’obésité. Aux États-Unis, comme dans la plupart des pays industrialisés, la prévalence de l’obésité est bien plus élevée parmi les groupes sociaux défavorisés.

Il conclut: « Des investissements ambitieux dans l’éducation, couplés à des politiques de redistribution des revenus, sont donc préconisés pour résorber ces inégalités — des mesures autrement plus efficaces qu’un simple changement de sucre dans un Coca-Cola. »

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Gabon, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here