Africa-Press – Gabon. Afin de promouvoir la transition énergétique au Gabon et améliorer les connaissances des acteurs impliqués, l’ONG Brainforest a lancé, ce vendredi 10 octobre 2025 à Libreville, le projet «Renforcer la participation de la société civile et des communautés locales à la promotion de la transition énergétique». Cet atelier de lancement a réuni les parties prenantes, incluant le ministère de l’Environnement et des membres de la société civile, afin d’échanger sur les grandes lignes du projet et les expertises mobilisées.
Soutenu financièrement et techniquement par l’Energy Transition Fund (ETF) et Rockefeller Philanthropy Advisors, le projet «Renforcer la participation de la société civile et des communautés locales à la promotion de la transition énergétique», initié par l’organisation Brainforest,elle vise à promouvoir la transition énergétique au Gabon et à améliorer la connaissance des acteurs impliqués. Dans cette perceptive, la cheffe de projet, Erika Oyane, a rappelé les ambitions nationales de ce projet face aux engagements climatiques. «L’initiative de Brainforest s’inscrit dans un contexte d’engagements internationaux forts du Gabon. Pour minimiser l’impact des énergies fossiles, le pays est partie à l’Accord de Paris et s’est engagé à devenir neutre en carbone d’ici 2050, tout en visant à absorber un minimum de 100 millions de tonnes de CO2 par an», a-t-elle souligné. En effet, cet objectif de neutralité de carbone est l’argument d’autorité pour accélérer la transition énergétique.
Vu que le Gabon aspire à une croissance économique compétitive et diversifiée qui se basera sur les énergies renouvelables, il voudrait ainsi marquer une rupture avec sa dépendance aux hydrocarbures.
Les inquiétudes de la société civile
Si la volonté de transition est saluée, la société civile gabonaise exprime de vives préoccupations quant à ses impacts réels sur les populations autochtones et locales. Le Secrétaire exécutif de l’ONG Muyissi environnement, basée à Mouila, Ladislas Désiré Ndembet, a clairement soulevé la question de la justice sociale. Pour lui, la transition énergétique, qui se traduit localement par l’utilisation accrue de l’hydroélectricité (barrages) et du solaire, les centrales photovoltaïques ne doivent pas créer de nouvelles injustices. «Les communautés qui vivent entre Tchimbele et Kingele jusqu’ici à Libreville, où nous avons l’énergie fournie par ces sites, sont-elles alimentées? C’est un problème. Pourtant, c’est leur source naturelle qui profite au Grand Libreville. Il ne faudrait pas que cela crée une injustice sociale», a-t-il interpellé.
L’ONG Muyissi environnement, dont la mission est de protéger l’environnement et de défendre les droits des communautés, insiste sur la nécessité pour le Gabon de se doter de la capacité de protéger, d’être juste et équitable vis-à-vis de ceux dont les terres et les ressources sont sollicitées pour les projets d’énergies non fossiles.
Un autre point fondamental soulevé est la question économique de cette transition est le fait que l’énergie du Gabon repose actuellement sur ses vastes ressources fossiles. Si le pays est encouragé à limiter ses émissions de gaz à effet de serre, la question lancinante demeure: «Qui paye?» Le Secrétaire exécutif a mis en garde: «Nous voulons rentrer dans cette transition énergétique, mais le prix à payer sera très lourd». Une remarque qui souligne la nécessité d’un accompagnement international conséquent pour compenser la perte de recettes pétrolières et gazières, et pour financer les infrastructures nécessaires à une diversification énergétique viable, juste et complète.
Le projet de Brainforest s’annonce donc essentiel pour créer un dialogue inclusif et s’assurer que la stratégie climatique du Gabon ne soit pas seulement ambitieuse sur le plan environnemental, mais également équitable pour tous les citoyens.
Thécia Nyomba (Stagiaire)
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