Africa-Press – Gabon. Alors que le Gabon cherche à repenser les leviers de financement de son développement, l’idée d’un pôle financier public refait surface avec une pertinence intacte. Conçu à l’origine dans les années 2010, ce dispositif visait à doter l’État d’une architecture financière capable d’appuyer durablement les politiques publiques et d’équilibrer le poids du secteur privé dans l’économie nationale. Une vision que l’expert financier gabonais François Owono Messie* juge aujourd’hui plus que jamais nécessaire à la refondation économique du pays.
Un pôle financier public s’entend l’ensemble des instruments financiers de l’Etat concourant au financement de l’action publique. Sa coexistence avec le secteur bancaire privé offre à l’Etat de véritables mécanismes de financement à effet de levier. Les banques privées sont davantage intéressées par l’économie de production et les particuliers, tandis que le pôle financier public vise à soutenir l’intérêt général.
C’est dans ce contexte que la Caisse des dépôts et Consignations est créée en tant que mandataire de l’Etat pour le financement des politiques publiques et la promotion de partenariats. La prise de participations, l’emploi des jeunes, l’entrepreneuriat, l’innovation technologique, le logement social, l’inclusion financière et les projets structurants de développement font partie de ses interventions.
Pour rappel, le pôle financier public national comprend, outre la CDC, le FGIS, les services financiers de la Poste, Okoumé capital, la société de garantie, la société de réassurance et les fonds d’affectation dont la mission est de pérenniser l’investissement sectoriel. Tous ces instruments financiers sont à réorganiser et rationaliser dans le cadre d’un modèle économique intégrant une banque d’investissement et un établissement de microfinance.
D’ailleurs, il me plaît de rappeler que notre système bancaire a connu l’existence de banques à thème (ou banques sectorielles) ; lesquelles n’ont jamais prospéré au regard de l’étroitesse du marché et de l’inexistence d’une classe moyenne dans le pays. La BHG, la Banque Postale, la BGD, la BNCR et le CREFOGA en sont de parfaites illustrations.
Enfin, eu égard à ce qui précède, force est de reconnaître que la présence simultanée de deux pôles financiers présente un avantage comparatif indéniable pour l’Etat. Elle vient atténuer considérablement les risques systémiques liés à un recours massif à l’épargne privée.
François OWONO MESSI *
Économiste financier, inspecteur principal du Trésor
Maître en finance et diplômé du centre d’études financières, économiques et bancaires (CEFEB) de Paris
Personne-ressource du projet de création de la Caisse des dépôts et Consignations 2010-2011
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Gabon, suivez Africa-Press