Africa-Press – Gabon. Dans une plaidoirie fleuve et sans concession, le procureur général près la Cour d’appel judiciaire de Libreville, Dr Eddy Minang, a dénoncé mardi la diffusion sur les réseaux sociaux des vidéos prises par Noureddin Bongo Valentin, qu’il a présentées comme une «mise en scène» de l’ancienne première dame Sylvia et de son fils visant à émouvoir l’opinion publique. Le magistrat a également évoqué les risques encourus par les activistes ayant diffusé ces vidéos, laissant entendre qu’une procédure pourrait être enclenchée à leur encontre par le parquet.
Mardi 11 novembre 2025, au palais de justice de Libreville, au procès à contumace de Sylvia Bongo Ondimba et de son fils Noureddin Bongo-Valentin, le procureur général près la Cour d’appel judiciaire de Libreville, Dr Eddy Minang, a livré un réquisitoire sans concession contre les tentatives de manipulation de l’opinion publique autour d’une vidéo tournée au domicile de l’ancien président Ali Bongo Ondimba, dans laquelle il apparaît en compagnie des accusés, de l’Agent judiciaire de l’État et ses avocats, ainsi que la présidente de la Cour d’appel judiciaire de Libreville.
Une opération judiciaire encadrée, une polémique orchestrée
«Oui, nous nous étions déplacés au domicile de l’ancien président Ali Bongo Ondimba», a reconnu le magistrat, précisant que cette visite avait pour seul objectif de notifier les conditions de sortie du territoire dans le cadre de la mise en liberté provisoire accordée pour raisons médicales. Il a rappelé que cette mesure était encadrée par un protocole à signer entre l’État gabonais et la famille Bongo.
Dr Minang a justifié sa présence en trois points: la signature des ordres de mise en liberté, son rôle de représentant du ministère public chargé de veiller à l’exécution des décisions de justice, et enfin, les égards dus à un ancien chef d’État. «S’il n’y avait que sa femme et son fils, nous ne nous serions pas déplacés», a-t-il tranché.
Une vidéo clandestine, des intentions douteuses
Le procureur général s’est montré particulièrement virulent à l’égard des syndicalistes et activistes ayant diffusé la vidéo de cette visite: «Des personnes en manque de visibilité se sont permis d’exploiter cette vidéo à des fins de désinformation et de dénigrement.» Il fustige leur posture de «donneurs de leçon sans maîtriser ni les codes républicains ni la procédure pénale gabonaise».
Il s’est également interrogé sur la posture victimaire de la famille Bongo. «Ce qui frappe, c’est la facilité avec laquelle une mère et son fils, qui ont régné sans partage sur ce pays, tentent de se faire passer pour des victimes d’un système qu’ils ont eux-mêmes pourtant façonné», s’est-il étonné, disant avoir vu, au contraire, une première dame préoccupée par ses biens, et rien d’autre.
Au-delà de la polémique juridique, Dr Minang a, en effet, exprimé son trouble face à l’attitude de Sylvia Bongo lors de la visite. Il dit avoir été choqué par «le manque de compassion de l’ancienne première dame à l’égard de ses proches ou de ses employés». «Ce qui l’a intéressée, c’était ‘ses choses’ comme elle disait: c’était ses meubles.» Le magistrat rapporte une phrase marquante: «Elle avait dit qu’elle n’avait même plus un seul milliard à faire sortir de sa poche pour payer quoi que ce soit.»
Vers des poursuites pour diffusion illicite?
Le procureur général près la Cour d’appel judiciaire de Libreville a rappelé que «la diffusion des vidéos enregistrées clandestinement dans le but de faire pression sur la justice ou d’émouvoir l’opinion publique est punissable». Selon le Code pénal gabonais, l’auteur d’une telle diffusion encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et dix millions de FCFA d’amende.
Dès lors, cette déclaration ouvre-t-elle la voie à une éventuelle plainte contre les activistes ayant relayé la vidéo? Une procédure pourrait-elle être enclenchée contre Princesse de Souba, dont la page Facebook a récemment «sauté»? L’activiste gabonaise, une des plus virulentes à l’endroit du pouvoir de Libreville, apparaît comme le principal relais de Sylvia et son fils, qui ont été condamnés à 20 ans de prison et à de fortes amendes au terme d’un procès diffusé en direct à la télévision. Une première au Gabon.
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