Africa-Press – Gabon. À l’approche de la fin de la Transition, le Conseil des ministres du 18 décembre 2025 se présente comme une étape politique déterminante. Fiscalité sensible, reprise en main des ressources stratégiques, souveraineté économique, digitalisation accélérée de l’État et discipline administrative: derrière la solennité du communiqué final, se dessine une ligne de gouvernance qui entend rompre avec les ambiguïtés du passé, tout en posant les bases d’un nouveau contrat entre l’État et les citoyens.
Réuni sous la présidence de Brice Clotaire Oligui Nguema, le Conseil des ministres du 18 décembre 2025 consacre l’entrée du Gabon dans la phase terminale de la Transition politique. Après l’installation du Bureau du Sénat, la mise en place annoncée de la Cour constitutionnelle, du Conseil économique, social, environnemental et culturel, ainsi que du futur gouvernement, est présentée comme l’ultime étape vers un retour à la pleine normalité constitutionnelle. Le pouvoir appelle, dans ce contexte, à la responsabilité collective et à la consolidation de la stabilité institutionnelle.
Au cœur des débats, la taxe forfaitaire d’habitation a fait l’objet d’un cadrage politique explicite. Le Chef de l’État reconnaît les risques de fraude, notamment liés aux trafics de compteurs, et ordonne un renforcement strict des mécanismes de contrôle. Mais surtout, il insiste sur la nécessité d’une affectation transparente et traçable des recettes, condition indispensable pour convaincre les populations que cette contribution fiscale servira effectivement à améliorer les services publics de proximité et le cadre de vie.
Souveraineté économique et reprise en main des secteurs stratégiques
Sur le terrain économique, le Conseil marque une inflexion nette vers une souveraineté accrue sur les ressources naturelles. La publication intégrale et l’audit de toutes les conventions minières signées entre 2010 et 2024 sont exigés. Désormais, toute nouvelle entreprise minière devra intégrer une participation minimale de l’État, fixée à 10 %. La relance du projet stratégique de la mine de fer de Belinga, confiée à une task-force présidentielle, illustre cette volonté de contrôle renforcé et de valorisation locale des richesses nationales.
Dans la même logique, l’exécutif affiche son intention de gaboniser progressivement certains secteurs économiques clés, à commencer par la revente du ciment, aujourd’hui largement dominée par des opérateurs non nationaux. L’État annonce également la reprise en main du secteur des jeux de hasard par un opérateur public, afin de mieux encadrer une activité à forts risques sociaux et de récupérer des recettes jusqu’ici insuffisamment maîtrisées.
Modernisation de l’État, discipline administrative et attentes sociales
La digitalisation de l’administration est confirmée comme un axe irréversible de modernisation. Les priorités concernent l’état civil, les paiements, la collecte des impôts, les permis, la santé, les transports et les infrastructures portuaires, avec l’objectif affiché de réduire les lourdeurs administratives et d’améliorer concrètement le service rendu aux citoyens.
Enfin, le Conseil entérine plusieurs mesures sociales et disciplinaires: création d’instituts de formation des enseignants en province, plan d’urgence sanitaire à Melen, renforcement des organes de contrôle de l’État et suspensions de hauts responsables administratifs. Sur le plan international, le Gabon répond par le principe de réciprocité aux restrictions américaines, tout en réaffirmant sa volonté de préserver le dialogue.
Au-delà des annonces, ce Conseil des ministres dessine une orientation claire: autorité de l’État, souveraineté économique et exigence de résultats. Pour les Gabonais, l’enjeu central demeure désormais celui de l’exécution réelle et mesurable de ces engagements.





