Aubame Alerte sur l’Affaire Ogowè Siffon au Palais

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Aubame Alerte sur l'Affaire Ogowè Siffon au Palais
Aubame Alerte sur l'Affaire Ogowè Siffon au Palais

Africa-Press – Gabon. Dans une tribune publiée sur la page Facebook du Parti Souverainistes-Écologistes (PSE), Francis Hubert Aubame affirme que l’incarcération du sénateur Pascal Ogowè Siffon, le 25 décembre 2025, viole frontalement l’immunité parlementaire. Sans se prononcer sur le fond des accusations financières, l’opposant y voit un basculement institutionnel: «détruire l’État de droit en une nuit de Noël».

Après l’«affaire Sifon Ogowè», devenue symbole de la lutte affichée contre la corruption, un autre procès s’ouvre: celui de la procédure. Et c’est sur ce terrain, strictement constitutionnel, que Francis Hubert Aubame place son réquisitoire: «mon propos n’est pas de disculper ou d’inculper», écrit-il, mais de mesurer ce que le pays accepte au nom d’un dossier explosif.

Dans ladite tribune fleuve, au vitriol, Francis Hubert Aubame livre une démolition systématique de la procédure ayant conduit à l’incarcération de Pascal Ogowè Siffon. Pour le membre de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) et fils de l’opposant historique Jean-Hilaire Aubame, l’arrestation du sénateur le 25 décembre 2025, par le tribunal de première instance de Libreville, constitue «une voie de fait, c’est-à-dire un acte manifestement illégal qui excède les pouvoirs de son auteur et porte atteinte aux prérogatives fondamentales d’un autre pouvoir constitutionnel».

Précisant d’emblée qu’il est «politiquement opposé» à Pascal Sifon, Aubame construit son réquisitoire sur un arsenal juridique impressionnant, convoquant la Constitution gabonaise, la jurisprudence du Conseil constitutionnel français et les arrêts de la Cour de Cassation.

L’immunité dès la proclamation, pas à l’installation

Au cœur de son argumentation, une distinction juridique cruciale: celle entre le début du mandat parlementaire et l’acquisition de l’immunité. «Dès le 2 décembre 2025, lorsque Pascal Ogowè Siffon a été proclamé sénateur élu, il a acquis la qualité de parlementaire, l’onction démocratique du suffrage universel, et la protection immédiate de l’article 77 de la Constitution», martèle le président du PSE. Selon lui, faire dépendre l’immunité de l’élection du Bureau du Sénat «reviendrait à créer une période de vulnérabilité pendant laquelle un élu pourrait être arrêté arbitrairement avant même d’avoir pu siéger».

L’opposant réfute également avec force l’invocation du «flagrant délit» pour justifier l’arrestation sans levée préalable d’immunité. «Le détournement de fonds publics et la concussion sont, par nature, des infractions dissimulées. Il n’existe pas de flagrant délit de détournement constaté plusieurs semaines après la commission présumée de l’acte», argue-t-il, soulignant que l’enquête avait démarré avant même la proclamation du 2 décembre. Il dénonce dans cette invocation «un paravent juridique destiné à masquer une décision politique: neutraliser un opposant sous couvert de légalité».

Une régression pire que sous Bongo

Plus virulent encore, Francis Aubame compare défavorablement la situation actuelle au régime Bongo. «Sous le régime d’Ali Bongo Ondimba – pourtant critiqué pour son autoritarisme – les formes institutionnelles à ce niveau étaient mieux respectées», écrit-il, citant les cas de Gabriel Eyeghe Ekomie et d’André Mba Obame dont les immunités furent régulièrement levées par vote parlementaire. «Aujourd’hui, même cette façade de légalité est abandonnée. On arrête d’abord, on justifiera peut-être plus tard. Cette régression marque un recul démocratique que même les périodes les plus sombres de notre histoire récente n’avaient pas atteint.»

Le président du PSE dépasse le cas individuel pour poser une question de principe: «Si le statut constitutionnel d’un sénateur peut être violé en une nuit, quelle protection reste-t-il pour le citoyen ordinaire?»

Son texte se conclut par une feuille de route: «La libération immédiate» du sénateur, la saisine formelle du Sénat si les charges sont «sérieuses et étayées», et une «saisine de la Cour constitutionnelle» pour «constater la violation» et «ordonner la remise en liberté». Comme un verrou, il place une dernière phrase: «Cette protection n’est pas une suggestion. C’est une obligation juridique.»

«L’affaire Ogowè Siffon n’est pas qu’une affaire judiciaire. C’est un test démocratique», conclut Francis Aubame, posant une alternative: «Choisissons-nous l’État de droit ou l’arbitraire?»

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