Africa-Press – Gabon. Grève, impayés, fonds bloqués… Alors que son patron, Raphaël Ntoutoume Nkoghe, a été victime d’un AVC, l’instance gabonaise de régulation des médias est dans la tourmente.
Selon nos informations, la Cour constitutionnelle a refusé de verser à la Haute autorité de la communication (HAC) les fonds qui lui étaient normalement alloués pour « surveiller » les médias lors des élections sénatoriales, dont le premier tour a été organisé le 30 janvier. Jean-Louis Mabendi, le président intérimaire de l’instance, a tenté de plaider sa cause auprès de Marie-Madeleine Mborantsuo (3M), sans succès.
La présidente de la Cour a en effet refusé de le recevoir, avant de lui faire savoir via ses collaborateurs qu’elle lui opposait un non catégorique. « 3M » attend toujours que les dirigeants de la HAC lui fasse parvenir un rapport de gestion portant sur les fonds (1 milliard de F CFA) qui leur avaient été octroyés en vue des élections législatives et locales d’octobre 2018. Une relance leur a été adressée par courrier en mars 2020.
Grève et impayés
En grève, le personnel de la HAC réclamait un an de salaires impayés. La situation a été aggravée par l’AVC dont a été victime, en septembre, son président, Raphaël Ntoutoume Nkoghe, seul habilité à ordonner à la Caisse des dépôts et consignations (CDC) d’acquitter les charges de l’instance. Ce dernier n’a pas immédiatement désigné d’intérimaire. Il a fallu attendre que Jean-Louis Mabendi soit officiellement nommé en décembre 2020 pour qu’une demande de mise à disposition de 800 millions de F CFA soit formulée auprès de la présidence.
Selon le Palais du bord de mer, une première tranche de 200 millions de F CFA a été débloquée mi-janvier et « la situation est en cours de régulation ».
Mabendi continue de travailler sous la surveillance étroite de la garde rapprochée de Ntoutoume Nkoghe, constituée du secrétaire général, Gervais Owanga Biye, du conseiller juridique Sylvestre Ondo Ebiaghe, de la directrice de cabinet, Gwladys Eyang Ango et du conseiller en communication, Jean-Steeve Doumbeneny.
Mabendi devra aussi composer avec les problèmes liés au statut de cette administration indépendante, qui a succédé au Conseil national de la communication (CNC). Alors que cette institution constitutionnelle bénéficiait d’un budget voté par la loi de finances, la HAC, en théorie indépendante, n’a pas un accès direct à sa dotation. Seul le ministre du Budget, Sosthène Ossoungou Ndibangoye, est habilité à débloquer, en fonction des besoins, ses fonds à la Caisse des dépôts et consignations.