Africa-Press – Gabon. C’est un véritable séisme dans le paysage médiatique afro-français. Pheel Pambou, alias Pheel Le Montagnard, l’une des voix emblématiques de la diaspora africaine en France, a récemment annoncé qu’il affrontera Africa Radio devant le Conseil de prud’hommes de Paris, pour licenciement abusif.
La date du 23 décembre 2024, à la veille de Noël, restera gravée comme celle d’un brutal renvoi, et perçu, par beaucoup, comme une mise à l’écart ciblée, symbolique et profondément injuste. Dans une publication sur ses réseaux sociaux, le célèbre animateur a révélé avoir été évincé de façon unilatérale par les nouveaux propriétaires de la station, le groupe Média La Manche, basé en Normandie. Ironie du sort: Pheel était considéré par le public comme la voix, le visage et l’âme de cette radio panafricaine. Pour tenter de régler ce litige, l’animateur annonce un procès au Conseil de prud’hommes de Paris.
Une fin amère pour un monument radiophonique, un virage éditorial inquiétant
Depuis plus de deux décennies, Pheel Pambou avait fait d’Africa Radio une plateforme d’expression libre pour la diaspora africaine. Animateur, producteur, porte-voix des sans-voix, il a incarné avec passion et engagement une Afrique en débat, en mouvement, en éveil. Son éviction brutale, sans concertation réelle, aurait été précédée des tentatives de négociation à l’amiable, dans l’espoir de préserver la dignité et l’héritage de cette aventure humaine et professionnelle.
Selon les observateurs internes, le nouveau cap pris par le groupe La Manche s’éloigne de la mission initiale de la station. La programmation musicale aurait peu à peu basculé vers des contenus américanisés ou franco-centrés, reléguant au second plan les voix du continent. Des émissions emblématiques comme Le Journal des Auditeurs ont disparu, symboles d’un effacement progressif de la parole africaine.
Dans ce contexte, Pheel dénonce une perte d’identité éditoriale. «Ce média n’est plus panafricain que de nom», a-t-il confie en privé. Pour lui, l’Afrique, les diasporas et les réalités du continent ne sont plus une priorité. Pire, la radio, censée être une tribune pour les peuples africains, serait devenue un outil vidé de sa substance, au service d’intérêts économiques et politiques éloignés des communautés qu’elle prétend servir.
Questions sur la cession et la gouvernance, un combat pour la mémoire et l’avenir
Le procès pourrait donc lever le voile sur une série de zones d’ombre entourant la revente de la radio. Pourquoi Dominique Guihot, ancien directeur général, a-t-il cédé la station à des amis européens plutôt qu’à des investisseurs africains? Le Gabon, qui avait historiquement des parts dans le capital de la radio, est-il toujours présent dans l’actionnariat? Des questions lourdes de sens, dans un contexte où la souveraineté médiatique africaine est plus que jamais en débat.
Au-delà d’un simple litige entre salarié et employeur, cette affaire cristallise un litige plus vaste pour la représentativité, la mémoire collective, et la place de l’Afrique dans les médias européens. Pheel Pambou, fidèle à sa vision panafricaine, entend faire de ce procès un révélateur du vrai visage d’Africa Radio d’aujourd’hui ; une radio qui, selon lui, a trahi ses origines.
Le procès, très attendu, risque d’ébranler le monde des médias afro en France. Il sera suivi de près par les anciens auditeurs, les observateurs politiques, les journalistes africains de la diaspora, et bien au-delà. Une affaire qui promet de réveiller des consciences, de poser les bonnes questions, et peut-être de redessiner le paysage médiatique afro-européen.
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