Africa-Press – Gabon. La communication publique autour de l’épidémie de grippe actuelle n’a pas vraiment plu au Dr Stéphane Germain Iloko Boussengui. Médecin et ancien candidat à la présidentielle d’avril dernier, il dénonce une cacophonie et s’interroge sur la véracité des deux interventions faites à ce sujet: celle du Dr Wenceslas Yaba, conseiller spécial du président de la République en charge du département Santé, et celle du ministère de la Santé après coup.
La polémique née de la diffusion sur Facebook d’une vidéo du Dr Wenceslas Yaba, conseiller spécial du président de la République en charge du département Santé, annonçant une prétendue résurgence du coronavirus dans la capitale, suivie du démenti officiel du ministère de la Santé, continue de susciter des réactions. Dr Stéphane Germain Iloko Boussengui a fait un post sur Facebook pour dénoncer ce qu’il qualifie de «scandale d’État».
Deux paroles officielles qui s’annulent
Dans sa «déclaration», le médecin et ancien candidat à l’élection présidentielle d’avril 2025, souligne la gravité de la situation: «En quelques heures, les Gabonais ont assisté, médusés, à un spectacle affligeant: un Conseiller spécial qui affirme une chose, un ministère régalien qui dit l’inverse. Deux paroles officielles, deux vérités concurrentes, deux autorités qui se neutralisent publiquement.»
Pour lui, cette contradiction illustre «la preuve éclatante que la gouvernance actuelle est devenue incontrôlable». Aussi, met-il en garde contre les conséquences d’une telle cacophonie institutionnelle: «Soit le conseiller spécial dit vrai, et le ministère ment à la population ; soit le conseiller spécial a menti, et il engage la parole du chef de l’État dans une imposture sanitaire. Dans les deux cas, la confiance publique est piétinée.»
Le Dr Iloko fustige notamment un système où «l’État se dirige à coups de vidéos improvisées, de déclarations contradictoires et de luttes internes entre structures parallèles».
La fragmentation du secteur de la santé
Dr Iloko Boussengui rappelle que cette crise n’est pas un accident isolé, mais le résultat d’une organisation éclatée du secteur sanitaire. «Depuis des années, la santé au Gabon a été transformée en un champ éclaté, où prospèrent des centres de pouvoir autonomes, chacun défendant son territoire administratif comme on défend une parcelle privée», regrette-t-il, citant notamment «une santé militaire surdimensionnée», «une médecine privée livrée à elle-même», «une médecine du travail rattachée à des ministères non sanitaires» et «un SAMU social devenu une structure politique, médiatique et financière indépendante de tout contrôle national».
Pour l’ancien candidat à la présidentielle, la crise actuelle révèle «un système à bout de souffle» et appelle à une refondation. «La Ve République, si elle veut encore avoir un sens, doit rétablir l’autorité de l’État, restaurer la hiérarchie des compétences, et rappeler que le ministère de la Santé n’est pas un figurant dans sa propre mission», appelle-t-il avant de conclure par un appel solennel: «Le pays exige de la clarté. Il exige du sérieux. Il exige de l’autorité. Et surtout, il exige que la santé redevienne une politique nationale, pas un champ de communication personnelle.»
Pour rappel, au sujet de l’épidémie de grippe actuelle, le ministère de la Santé a tenu, dans un communiqué officiel à la suite de la vidéo du Dr Yaba, à rassurer la population face aux inquiétudes relayées sur les réseaux sociaux. Les données nationales publiées confirment une situation maîtrisée: 45 594 cas suspects de grippe recensés depuis janvier, dont 45 positifs au virus Influenza et 17 au SARS-CoV-2. Les autorités ont recommandé le port du masque en cas de symptômes, le lavage des mains et le respect des règles d’hygiène. Elles ont appelé la population au calme et à la vigilance, réaffirmant leur engagement pour la sécurité sanitaire du pays.





