Maladie d’Alzheimer : pour la première fois, un médicament réduit d’un tiers le déclin cognitif

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Maladie d’Alzheimer : pour la première fois, un médicament réduit d’un tiers le déclin cognitif
Maladie d’Alzheimer : pour la première fois, un médicament réduit d’un tiers le déclin cognitif

Africa-Press – Guinee Bissau. C’est un tournant dans le domaine d’Alzheimer. Pour la première fois, un médicament a réussi à ralentir le déclin cognitif de près d’un tiers chez les patients atteints de la maladie. Le Donanemab, commercialisé par le laboratoire Eli Lilly, a publié ses résultats dans la revue spécialisée JAMA.

Ce médicament, un anticorps monoclonal, s’attaque aux plaques bêta-amyloïdes présentes dans le cerveau des malades. La protéine bêta‐amyloïde, naturellement présente dans le cerveau, s’accumule au fil des années et finit par former des dépôts. Ces derniers déstabilisent une autre protéine, tau, dont la désorganisation fait dégénérer les neurones, allant jusqu’à la mort des cellules. Un processus très lent, qui s’installe bien avant les premiers symptômes de la maladie. Bien que le processus ne soit pas réversible, il peut désormais être ralenti par une nouvelle génération de molécules dont le Donanemab fait partie. Administré par intraveineuse, il est formulé pour détecter et détruire les protéines bêta‐amyloïdes et tau.

Jusqu’à 60% de ralentissement du déclin cognitif chez certains patients

Concrètement, l’objectif de ces médicaments est de maintenir le plus longtemps possible l’autonomie des malades et de repousser l’entrée dans une institution. “Si votre père ou votre mère se trouve déjà dans un Ehpad, alors ces molécules ne sont pas pour lui ou pour elle”, préfère prévenir Philippe Amouyel. professeur de santé publique au CHU de Lille et directeur de la Fondation Alzheimer, auprès de Sciences et Avenir.

1.736 personnes âgées de 60 à 85 ans ont été incluses dans cette étude. Leur particularité : elles sont atteintes de la maladie d’Alzheimer à un stade précoce. Un détail important puisque pour être efficace, le médicament doit être pris le plus en amont possible dans la pathologie. Le Donanemab n’était pas formulé pour faire “retrouver la mémoire” à des malades qui se sont déjà dégradés, mais pour ralentir la progression de la démence en début de maladie. Parmi ces 1.736 personnes, la moitié a reçu une injection de Donanemab une fois par mois pendant 18 mois. L’autre moitié a reçu un placebo.

Les résultats ont montré que les patients aux stades les moins avancés et avec moins de plaques amyloïdes ont le plus bénéficié du médicament : le déclin cognitif a ralenti jusqu’à 60% chez les personnes atteintes de troubles cognitifs légers. De façon générale, les malades arrivaient mieux à discuter d’événements de la vie de tous les jours, à répondre au téléphone ou à continuer leurs hobbies. La moitié des patients prenant le Donanemab a pu arrêter le traitement au bout d’un an, car le médicament avait supprimé jusqu’à 90% des dépôts qui s’étaient accumulés dans le cerveau.

Sur la première et la deuxième ligne (patients A et B), l’imagerie montre la réduction significative de la plaque amyloïde (en rouge et vert) dans le cerveau au fil des semaines lors de la prise du Donanemab. La troisième ligne (patient C) montre la plaque inchangée lors de la prise du placebo. Crédits : Eli Lilly

Des effets secondaires importants

Toutefois, des effets indésirables importants existent. Parmi les effets secondaires les plus fréquents figure l’œdème du cerveau, pour environ un tiers de participants. Il s’agit d’une réaction inflammatoire sous l’effet des anticorps, qui entraîne dans les deux cas une compression de la boîte crânienne. Chez la plupart d’entre eux, l’œdème s’est résorbé sans que le patient souffre de symptômes particuliers. Toutefois, trois participants en sont décédés, ce qui pose la question de la balance bénéfique-risque de ce type de traitement. Un autre anticorps monoclonal récemment autorisé aux Etats-Unis, le Lecanemab, a lui montré une baisse du déclin cognitif de 27% sur 18 mois. Les effets secondaires étaient les mêmes que pour le Donanemab : ce qu’on appelle des ARIA, des anomalies d’imagerie liée à l’amyloïde, soit des œdèmes, soit des hémorragies du cerveau observables à l’IRM. Là encore, un tiers des participants étaient concernés et trois d’entre eux sont décédés.

Reste à savoir si le traitement peut faire effet sur une période plus longue. Le laboratoire Eli Lilly dit attendre une décision de la FDA, l’autorité américaine de régulation du médicament, pour la fin de l’année 2023. Le Lecanemab a, lui, déjà été autorisé aux Etats-Unis. Pour que ces médicaments fassent leur arrivée sur le marché français, ils doivent d’abord être approuvés par l’Agence européenne du médicament (EMA). Cette dernière est en train d’évaluer le dossier déposé par le Lecanemab. Le prix de ces thérapies pèse lourd dans la balance : le coût du Lecanemab a été fixé à 26.500 dollars (près de 24.000 euros) par an et par patient. Pour le moment, Eli Lilly n’a pas déclaré avoir soumis un dossier à l’EMA pour le Donanemab. Aucun prix n’a été communiqué.

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