Pourquoi certaines personnes sont-elles plus maladroites que d’autres ?

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Pourquoi certaines personnes sont-elles plus maladroites que d’autres ?
Pourquoi certaines personnes sont-elles plus maladroites que d’autres ?

Africa-Press – Guinee Bissau. Pourquoi certaines personnes sont-elles plus maladroites que d’autres ?”, nous demande Marina Jequitiba sur notre page Facebook. C’est notre Question de la semaine. Merci à tous pour votre participation.

Renverser son verre en soirée, casser une assiette en souhaitant la ranger, coincer son gilet dans la porte d’un restaurant, voilà à peu près le quotidien d’un maladroit. Tantôt de la malchance, tantôt de l’inattention, le maladroit ne laisse personne indifférent et ne passe pas inaperçu. On le surnomme “Gaston la gaffe” ou “deux mains gauches” dès qu’il recommence ses maladresses. Mais le maladroit en est souvent conscient et s’excuse en nous rappelant que ce n’est pas sa faute, “qu’il n’avait pas vu” le verre qu’il vient de vous renverser sur votre magnifique pantalon, qu’il a toujours été comme ça. Pour ces étourderies sans gravité, cela peut faire sourire, mais la maladresse peut parfois devenir handicapante.

Inattention, fatigue et regard d’autrui

Les causes les plus générales de la maladresse sont souvent dues à l’inattention et la fatigue. D’après le médecin et psychologue Français Henri Wallon dans Psychologie et Éducation de l’Enfance (1959), “la maladresse, c’est l’imperfection habituelle des mouvements”. Elle intervient comme un “bug” dans des actions routinières ou des automatismes pourtant ancrés. Comme en voiture quand on souhaite descendre les vitesses mais que l’on passe la quatrième alors qu’on pensait à la deuxième ! Un moment d’inattention qui peut être favorisé par un manque de sommeil. L’Institut national du sommeil et de la vigilance prévient qu’une mauvaise nuit peut avoir “un impact sur le maintien de la vigilance à l’état de veille (risque de somnolence diurne et de troubles de l’attention)”.

En 882, le roi Louis III (à gauche), arrière-arrière-petit-fils de Charlemagne, alors qu’il poursuit à cheval une jeune fille qui résiste à ses avances, heurte violemment un linteau de porte trop bas et se fracasse le crâne. Il serait mort sur le coup. D’où l’importance de regarder devant soi… Crédits : Wikimedia Commons

Certaines personnes sont aussi plus sensibles au regard d’autrui. Cela peut réveiller une timidité, une gêne et conduire à l’acte maladroit. Henri Wallon écrit : “les maladresses qui se produisent alors sont des maladresses sous condition, ce n’est pas de la maladresse essentielle”. Elle fait suite à “un réflexe d’attitude” à cause de la sensation d’être observé ou d’être jugé. Une personne plus attachée à ce que pensent les autres d’elle-même peut alors être amenée à être maladroite. C’est pourquoi, dans une situation de stress ou de grandes attentes sociales, la pression exercée sur l’individu (comme un examen, une finale sportive, etc.) peut entraver l’encodage intellectuel et physique des bons réflexes. Cependant, Henri Wallon conclut par le fait que “rien dans ces actions ne soit anormal” et que “rien ne peut nous être plus familier” que la maladresse.

Une autre maladresse peut venir d’une méconnaissance des codes sociaux. Par exemple, dans la deuxième partie, “un grand homme de province à Paris”, du roman Illusions Perdues (1837) écrit par Balzac, le personnage de Lucien Chardon a quitté sa campagne pour poursuivre son rêve de devenir un grand poète à Paris. Arrivé à l’opéra, il pointe du doigt une personne, ce qui est perçu comme très maladroit et incongru pour la classe sociale qui l’entoure. Une forme de maladresse sociale qui aurait pu être évité s’il avait connaissance des codes sociaux.

Maladroit ou atteint d’un trouble moteur ?

Il peut arriver que d’extérieur, une personne qui manifeste des maladresses répétées, cache, en réalité, un trouble neurologique. C’est le cas de la dyspraxie, qui n’a rien avoir avec la maladresse, qui est considérée comme un handicap invisible. Rappelons que 80 % des personnes en situation de handicap en France sont atteintes d’un handicap invisible d’après les chiffres officiels. La dyspraxie appartient à la famille des “DYS” comme la dysorthographie, la dyslexie, etc. Elle a pour conséquence un trouble de la coordination motrice. Par exemple, le fait de lacer ses chaussures est complexe puisqu’il faut coordonner plusieurs membres en même temps. La personne a des difficultés à automatiser certaines tâches. Les causes ne sont pas encore totalement connues, mais les scientifiques s’accordent à penser que la dyspraxie est d’origine neurologique.

Pour comprendre la dyspraxie, il faut avoir en mémoire que l’information visuelle passe de la rétine au cortex préfrontal, responsable de la perception sensorielle et de la planification des actions. Le cortex moteur va ensuite commander l’activation des muscles, mais n’est pas seul impliqué dans le mouvement. En pleine partie de basket, lors d’une passe, le lobe pariétal va informer le lobe frontal de la position du corps et va aussi évaluer la vitesse de la balle, sa distance et s’ajuster. Le cervelet va aussi être mobilisé pour les gestes fluides, fins et précis. Enfin, les noyaux gris centraux, qui se situent au cœur de notre cerveau, nous permettent d’automatiser certains gestes. On comprend alors que le contrôle et l’encodage des actions sollicite plusieurs zones du cerveau simultanément sans que nous ayons besoin d’y penser.

Localisation de l’hypothalamus dans le cerveau (rôle important dans la mémoire). Crédits : PIKOVIT / SCIENCE PHOTO LIBRARY / TPA / Science Photo Library via AFP

L’association “Dyspraxique mais fantastique” accompagne chaque année des parents et sensibilise les personnes à ce handicap méconnu. Enfin, on peut évoquer la dysproprioception qui n’est, encore là, pas une maladresse, mais un dysfonctionnement du cerveau dans l’interaction avec l’espace qui nous entoure. La personne se cogne partout et tout le temps sur les moindres objets.

Renforcer sa proprioception

Il y a donc plusieurs maladresses et certaines dépassent le petit geste maladroit qui fait sourire. Heureusement, être maladroit n’est pas une fatalité. Tout le monde peut stimuler sa proprioception, ou la perception des différentes parties de notre corps. Cela passe par des sports collectifs, la manipulation des objets (ballon, raquette, poterie, pâtisserie, etc). Les activités manuelles apprennent à se placer et se déplacer dans l’espace en prenant en compte nos différences physiques.

Pour ce qui est de la dyspraxie, on ne peut pas en guérir mais des exercices personnalisés auprès de professionnels permettent d’en réduire les conséquences. Un travail sur la perception du corps peut améliorer le quotidien des personnes atteintes de dyspraxie.

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