Mines – Guinée : ce qui a changé (ou pas) depuis le coup d’État

14
Mines – Guinée : ce qui a changé (ou pas) depuis le coup d’État
Mines – Guinée : ce qui a changé (ou pas) depuis le coup d’État

Africa-Press – Guinée. L’activité minière s’est poursuivie au même rythme qu’avant le coup d’État. Mais les bouclages financiers des futurs projets risquent d’être plus compliqués.

Le marché international de l’aluminium s’est enflammé après le coup d’État du 5 septembre à Conakry, qui a évincé le régime du président Alpha Condé. Déjà en hausse de près de 40 % depuis le début de 2021, atteignant les 2 600 dollars la tonne avant la prise du pouvoir à Conakry, le cours du métal est monté à 2 800 dollars le 8 septembre, puis jusqu’à 3 000 dollars le 13 septembre.

Les analystes s’inquiètent d’une éventuelle défaillance d’un pays qui détient plus d’un quart des réserves mondiales connues de bauxite – qui raffiné et fondu donne l’alumine puis l’aluminium – et qui en a exporté 82 millions de tonnes en 2020, ce qui en fait de deuxième producteur du globe, juste derrière l’Australie.

Une situation qui pèse d’abord sur Pékin

Ce risque de baisse ou d’arrêt des approvisionnements de bauxite de Conakry pèse particulièrement sur la Chine : 55 % de ses importations de bauxite viennent de Guinée, notamment via le consortium sino-singapourien-guinéen SMB-Winning.

Nous avons été globalement rassurés quant à la continuité de nos opérations

Grâce à ce dernier et à un transport maritime régulier assuré entre le port de Kamsar et celui de Yantai, haut-lieu de la sidérurgie chinoise, l’empire du Milieu est devenu le premier producteur mondial d’aluminium.

Le secteur minier guinéen confiant

Pourtant, en dépit de ces inquiétudes des grandes places financières internationales, sur le terrain, en Guinée, les dirigeants des groupes miniers s’affirment confiants, y compris ceux de SMB-Winning.

« Nous avons été globalement rassurés, à la fois sur la continuité de nos opérations et sur le maintien des conventions minières existantes », indique à Jeune Afrique Ismaël Diakité, président de la Chambre des mines de Guinée.

Selon ce haut cadre guinéen, passé par Rio Tinto avant de rejoindre SMB-Winning, si certains dont le russe Rusal ont un temps évoqué la possibilité d’évacuer leur personnel expatrié au lendemain de la prise du pouvoir par la junte, ce n’est désormais plus à l’ordre du jour.

« Toutes les compagnies minières en Guinée ont naturellement des plans de sécurité et d’évacuation en cas de menaces sur la sécurité de leur personnel, mais il n’a heureusement pas été nécessaire de les déclencher », indique Ismaël Diakité. « Chaque groupe a relevé son niveau de vigilance sécuritaire, mais nous n’avons pour l’instant pas constaté de menace particulière », poursuit-il.

« La vie continue ! En dehors de la journée agitée du 5 septembre, nos activités extractives n’ont connu aucune interruption. Elles n’ont pas été affectées par un couvre-feu, ce qui fait que nos équipes tournent toujours 24 heures sur 24 », complète Frédéric Bouzigues, directeur général de la Société minière de Boké (SMB, la filiale extractive de SMB-Winning).

« Quant à la fermeture des frontières maritimes, elle a duré moins de 24 heures, nos navires faisant les allers-retours vers la Chine continuent de charger la bauxite et quittent le territoire sans encombre », indique-t-il encore.

Reste que le coup d’État militaire n’est clairement pas un bon signal pour les investisseurs financiers. Le temps que la situation politique se stabilise, avec un plan de marche sans équivoque vers un régime civil, les bouclages financiers des futurs projets risquent d’être plus délicats.

« Pour le projet de fer du Simandou octroyé à SMB-Winning, il y aura certainement un impact sur les discussions financières », reconnaît Ismaël Diakité au sujet de ce projet qui nécessite une vingtaine de milliards de dollars d’investissement.

Le dirigeant guinéen précise toutefois que les études de faisabilité, d’impact social et environnemental de ce grand chantier extractif, déjà lancées, se poursuivent, pour le moment, sans interruption.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Guinée, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here