Africa-Press – Guinée. En France, 5% des écoliers et 2% des lycéens et collégiens disaient avoir « peur d’aller à l’école » en 2023, d’après une enquête du gouvernement. Dans le monde, c’est un élève sur trois (32%) qui rapporte avoir subi du harcèlement scolaire au moins une fois lors du dernier mois, d’après un rapport de l’Unesco de 2019. Bien que commune, cette expérience du harcèlement scolaire est loin d’être anodine et a des effets néfastes sur le long terme, démontre une étude publiée dans le Journal of Neuroscience. « Notre étude a été la première à mesurer ce qui se passe de manière aiguë dans le cerveau lors d’un acte de harcèlement », explique à Sciences et Avenir Lauri Nummenmaa, neuroscientifique à l’université de Turku (Finlande) et qui a dirigé ces travaux.
Une réponse cérébrale dans les régions liées à la détresse émotionnelle
Dans une machine à IRM fonctionnelle, permettant de suivre l’activation des zones du cerveau en temps réel, 51 adolescents et 47 adultes regardaient des vidéos de neuf minutes. Chacune simulait une situation de harcèlement scolaire à la première personne, c’est-à-dire du point de vue de la victime. Moqueries, intimidation et méchantes farces étaient mises en scènes avec de jeunes acteurs. « Le harcèlement mobilisait des réseaux cérébraux à grande échelle dans le tronc cérébral, l’amygdale, le thalamus, ainsi que les cortex somatosensoriel et moteur », énumère Lauri Nummenmaa. « Ces régions sont connues pour soutenir le traitement de la détresse émotionnelle et sociale ainsi que les fonctions tactiles et motrices, ces dernières étant probablement liées à la préparation à la lutte ou à la fuite pendant le harcèlement. »
Un « état d’alerte massif »
Les conséquences du harcèlement scolaire peuvent être graves. Les enfants qui l’ont subi sont deux fois plus à risque de souffrir de solitude, d’insomnies et d’idées suicidaires, précise le rapport de l’Unesco. Dans ces nouveaux travaux, les chercheurs observent en effet des réponses aux vidéos de harcèlement plus faibles dans des zones du cortex préfrontal associées à la régulation des émotions chez les sujets en ayant subi dans le passé. En outre, chez tous les participants, la simulation de situations hostiles diminuait le temps que passait leur regard sur une même zone de l’image par rapport à des vidéos d’interactions positives, suggérant une aversion au visionnage de harcèlement. « Nous avons été surpris de constater à quel point les effets étaient forts et à quel point les cerveaux des adultes et des adolescents réagissaient de manière cohérente », rapporte Lauri Nummenmaa.
Pour le chercheur, la conclusion la plus importante est l’ampleur de l’état d’alerte massif que le harcèlement provoque dans le cerveau. « L’activation répétée de ce circuit de détresse et de ses composants somatomoteurs est susceptible de nuire au bien-être psychologique et somatique », appuie Lauri Nummenmaa. « Le harcèlement scolaire est associé à des altérations des systèmes de régulation du stress affectif et des émotions, reflétant probablement une adaptation au stress et à sa gestion. »
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