Africa-Press – Guinée. Plus d’un mois après son investiture, Alpha Condé, qui a reconduit son Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, a nommé une partie de son nouveau gouvernement. Pour l’essentiel, l’équipe précédente est maintenue en poste.
« Gouverner autrement », mais avec quasiment les mêmes hommes. C’est le pari d’Alpha Condé pour le troisième mandat qu’il entame à la tête de la Guinée. Après avoir reconduit Ibrahima Kassory Fofana à la tête du gouvernement, vendredi 15 janvier, le président guinéen a dévoilé une partie de son gouvernement. Sur les 36 ministres attendus, 16 ont été nommés par un décret présidentiel, lu mardi soir à la Radio-Télévision guinéenne (RTG).
Parmi ces nominations, une seule nouvelle tête : Kadiatou Émilie Diaby, nommée ministre des Travaux publics. Celle qui fut notamment la représentante de la Banque africaine de développement (BAD) au Togo y remplace Moustapha Naïté qui, pour l’heure, n’a pas de poste au sein du gouvernement.
Les inamovibles
Ibrahim Kalil Kaba, jusque là inamovible ministre d’État et directeur de cabinet à la présidence, devient le chef de la diplomatie guinéenne. L’ancien ministre des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger, Mamadi Touré, rejoint pour sa part la présidence comme ministre conseiller.
Roger Patrick Millimono se voit confier l’Agriculture et l’Élevage, deux secteurs réunis désormais en un seul ministère – délégué – directement rattaché à la présidence.
Outre Naby Youssouf Kiridi Bangoura, qui demeure ministre d’État, secrétaire général et porte-parole de la présidence, 13 autres ministres ont été maintenus aux postes qu’ils occupaient dans le gouvernement précédent. C’est notamment le cas de l’inamovible ministre d’État chargé des Affaires présidentielles, ministre de la Défense nationale, Mohamed Diané. Maintenu, également, Tibou Kamara, qui reste ministre d’État, conseiller spécial du président de la République, ministre de l’Industrie et des PME.
Damantang Albert Camara est maintenu à la tête du ministère de la Sécurité et de la protection civile, tout comme Mory Doumbouya, l’avocat d’Alpha Condé, à la Justice. Pas de changement, non plus, à la tête du ministère de l’Économie, toujours confié à Mamadi Camara.
L’ancien opposant Mouctar Diallo garde pour sa part le portefeuille de la Jeunesse et de l’Emploi des jeunes et Bouréma Condé celui de l’Administration du territoire et de la décentralisation.
Kassory Fofana, un choix « politique »
Le Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, ici en 2015 à la primature, a été reconduit à la tête du gouvernement guinéen. © Youri Lenquette pour JA Ibrahima Kassory Fofana, allié d’Alpha Condé au second tour de la présidentielle de 2010, avait par la suite basculé dans l’opposition, avant de se rapprocher, à nouveau du pouvoir. Nommé ministre d’État à la présidence chargé des Investissements et du partenariat public-privé en 2014, il avait été promu Premier ministre le 21 mai 2018, alors que sa formation politique, Guinée pour tous (GPT), s’était fondue dans le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG Arc-en-Ciel).
Sa feuille de mission était alors de lutter contre la corruption, de favoriser une meilleure redistribution de la croissance générée par le secteur minier et de relancer le dialogue politique avec l’opposition, dans un contexte social tendu – les syndicats multipliaient les appels à la grève – et alors que le débat sur la réforme constitutionnelle qui a permis à Alpha Condé de se présenter à un troisième mandat commençait à poindre.
« Sur le plan du dialogue social et politique, c’est plutôt un échec », constate le politologue Kabinet Fofana, rappelant les vagues de manifestations qui ont marqué les derniers mois du précédent mandat du président guinéen. « Mais sur le plan économique, les efforts portés par Ibrahima Kassory Fofana ont eu des effets positifs, même si cela reste pour le moment assez diffus, notamment en raison de la crise due au Covid-19 ».
Sa reconduction à la tête du gouvernement, il faut la lire comme une « récompense pour l’engagement auprès d’Alpha Condé », analyse Kabinet Fofana. « L’engagement en faveur de la nouvelle Constitution lui a valu un retour d’ascenseur de la part du président. En outre, Alpha Condé a opté pour le juste milieu, Kassory faisant plus ou moins l’unanimité au sein du parti présidentiel. »