Littérature : à la rencontre de l’écrivaine Hadja  Zénab  Koumanthio Diallo

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Littérature : à la rencontre de l’écrivaine Hadja  Zénab  Koumanthio Diallo
Littérature : à la rencontre de l’écrivaine Hadja  Zénab  Koumanthio Diallo

Africa-Press – Guinée. Hadja Zénab Koumanthio Diallo, écrivaine, première femme écrivaine de Guinée dit-elle, Directrice du musée national du Foutah et Ambassadrice de la paix.

Elle est la fille de feu Mamadou Aliou et de feue Hadja Dalanda Telly Diallo.

Hadja Zénab fit ses études primaires et secondaires à Labé (Daka,Wouro,), celles supérieures à la faculté Agronomique de Foulaya, en ce moment rattaché à L’IPGANC de Conakry. Elle sortit de cette faculté en qualité d’Ingénieur Agronome.

D’autres formations reçues ont permis à cette dame de valoriser ses aptitudes.

Hadja Zénab Koumanthio Diallo a reçu à son domicile de Kipé, votre site électronique Guineenews.

Lisez l’interview !

Comment êtes-vous venue dans ce métier ?

Zenab Koumanthio : Il faut dire que depuis ma tendre enfance, j’ai aimé la lecture, la littérature, les poètes et les poèmes, les romanciers et leurs romans. J’étais donc reconnue par mes camarades comme étant une lectrice, qui lisait tout et qui recherchait les livres, puisqu’à cette époque, les livres étaient rares.

Comment ce virus m’a piqué, tout est parti de l’université et, quand les femmes de Conakry se sont révoltées contre la police économique pendant le régime du feu Président Ahmed Sékou Touré.

J’habitais la Belle vue et de ma fenêtre, j’ai aperçu un groupe de femmes, foulards rouges sur les têtes et cela m’a inspiré, et du coup c’est de là qu’est venu ma première inspiration, pour intitulé mon poème ‘’les combattantes’’. Ce poème fut publié facilement puisque j’étais membre de la presse scolaire et universitaire.

De la presse universitaire, très jeune après ce poème incitateur, certainement vous aviez-eu, une ou des idoles pour se plonger dans ce métier ?

Zenab Koumanthio : Oui dans ma famille, il y a que mes grands-parents ont été des poètes et qui ont laissé pour la postérité, beaucoup de poésies pastorales. Il faut souligner, que ma mère bien qu’étant analphabète et qui n’a pas produit de livres, était une poétesse de l’oralité. Elle m’a encadré et finalement, m’a donné le goût de ce que je suis aujourd’hui. Pour une femme analphabète, il faut reconnaitre qu’elle m’a donné assez dont, mes camarades ne savaient point. Elle m’a donc poussé dans ce monde merveilleux.

Dans cette piscine de monde merveilleux, qu’est-ce que tout cela vous a rapporté ?

Zenab Koumanthio : Cela m’a rapporté énormément de choses. Grâce à la poésie, j’ai été acceptée au sein de l’Association mondiale des écrivains, qui est la plus vieille Association née à Londres en 1921. Et c’est grâce au feu Président Léopold Sédar Senghor, que l’Afrique a connu cette association et qui, a été très tôt implanté au Sénégal par feu Senghor. De mon côté, plus tard, en rassemblant des documentations et avec le concours des amis Sénégalais, j’ai pu asseoir le centre guinéen de ladite Association.

Qu’est-ce que ce métier m’a rapporté, évidemment, je suis membre permanent du comité international des femmes écrivaines et cette association nous fait découvrir le monde entier.

Un élogieux parcours, racontez-nous un beau et un mauvais souvenir, qui se sont dessinés sur votre itinéraire ?

Zenab Koumanthio : Le mauvais souvenir démarre à partir du moment où l’on ne vous croit pas. Nous avions été les pionnières et le monde avait cru, que les poèmes, les beaux romans, la belle littérature et que l’Histoire de la femme doit être raconter par les hommes et ce sont ces gros problèmes que nous avions rencontrés.

Et surtout en 1987, très jeune et candidate au symposium littéraire contre l’Apartheid, qui a demandé la contribution de tous les écrivains de par le monde, et le comité de lecture de Conakry m’a dit de garder mes poèmes proposés ’’Nuit de Soweto et Rose de sang’’. Arrivée à Brazzaville, mes poèmes furent déclamés à la Radio congolaise par le biais d’un ami écrivain sénégalais. Cette fantastique lectrice, s’appelle Marie Léontine Zibinda et elle a introduit mon poème en ces termes « Ce poème nous vient de loin, il nous vient de la Guinée et des hauteurs du Foutah Djallon ».

Savez-vous que finalement, j’ai remporté le premier prix. Donc c’est un mauvais souvenir car, la route me fit très tôt barré en tant que femme à Conakry.

Mon plus beau souvenir, c’est quand j’ai été en Australie pour le congrès mondial des écrivains. J’ai été accueillie par un couple de mécènes extraordinaires, qui avait demandé aux organisateurs d’accueillir un délégué au congrès pour sa prise en charge. J’ai été choisie sur une liste de plusieurs, sans savoir au préalable qui j’étais et d’où je venais. Un merveilleux couple avec lequel j’ai passé de bons moments.

De nos jours, vous êtes fonctionnaire de l’Etat et si oui ou non, quelles sont donc vos sources de revenus ?

Zenab Koumanthio : J’ai été fonctionnaire et présentement à la retraite depuis 2020. J’ai été Inspectrice générale de la culture de Labé pendant 12 ans. Avant cela j’ai travaillé en qualité d’experte consultante au compte des Nations Unies.

Ma première source de revenu, c’est d’abord ma pension bien qu’elle soit maigre. Ensuite il ya que je me suis investis dans la construction et j’ai des maisons en location à travers lesquelles, je bénéficie de revenus. Et il y a un moment, je faisais de la formation en accompagnant les jeunes. Il y a 2 à 3 ans, ce sont mes enfants qui ont pris la relève.

Devant vous à ce micro, vous avez un ingénieur qui veut suivre vos traces. Quels conseils avez-vous pour tout ce monde qui envie votre métier ?

Zenab Koumanthio : Vous êtes ingénieur et c’est celui-là, qui s’est façonné des choses, et des mots (m o t s) et des maux (m a u x).

Je conseille aux jeunes de croire en soi. Le premier moyen n’est pas l’argent, c’est le cœur, il faut de la conviction et être sûr de soi. Et c’est en ce moment qu’on déploie son arme et on travaille. Si toutefois vous voulez écrire, il faut lire. On ne peut pas écrire si l’on n’a pas lu ceux qui ont écrit. Il faut s’informer, s’imprégner et savoir comment les gens ont pu réaliser leurs œuvres. Et beaucoup de questions aussi se posent quand il s’agit d’écrire : j’écris pourquoi ? J’écris avec quoi ? puisqu’il y en a qui écrivent avec la main et d’autres écrivent avec le cœur et les tripes. Les contenus ne seront jamais les mêmes.

Nous avions dit à tout moment, que la plume fut et demeura pour nous une passion. Détourné d’elle, par le destin au profit de la technique, nous avions néanmoins toujours rêvé d’être lu et compris. C’est une passion et qu’en pensez-vous ?

Zenab Koumanthio : Vous savez quand on est jeune, et je me rends compte du coup, qu’à un moment donné vous aviez dû être un poète.

C’est de l’amour que vous exprimez à travers cette citation.

Parlons de votre époux qui est très connu et paraît-il est au carrefour de toutes vos réussites ?

Zenab Koumanthio : Dieng Bonata est bien mon mari et très connu par son bagage intellectuel. C’est non seulement mon frère, mon ami, mon confident et mon complice.

Du dit de plusieurs observateurs, c’est lui qui serait le moteur et fait tout pour vous ?

Zenab Koumanthio : Non il ne fait pas tout, on s’est marié quand j’avais déjà produit au moins 10 livres.

Que vous rapporte l’écriture ?

Zenab Koumanthio : En argent, non ! et en notoriété oui. En besoin de se libérer oui car, quand vous avez envie d’écrire, c’est comme une femme en grossesse. Vous n’êtes délivré que quand vous produisez des lignes. C’est une délivrance qui me rapporte avec un ouf de soulagement.

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