Africa-Press – Guinee Equatoriale. Manger moins de calories que d’habitude semble être efficace pour diminuer son âge biologique. La version la plus extrême de cette approche, le jeûne (lorsqu’on ne consomme que de l’eau pendant plusieurs jours), semble avoir autant de conséquences négatives que positives sur la santé.
Mais des versions plus “douces”, telles que la restriction calorique (où la quantité de calories est réduite d’un peu à tous les repas), montrent des résultats plus protecteurs. Et pourraient même rajeunir le corps, tel que cela a été montré en 2023 pour la restriction calorique: une diminution de 15 % des calories consommées entrainait un ralentissement du vieillissement biologique d’environ 2 %.
Une nouvelle approche vient d’être mise en avant par des chercheurs de l’Université de Californie du Sud à Los Angeles: un régime à base de plantes et bas en calories qui reproduit les effets positifs du jeûne, mais protège de ses effets négatifs. Et qui serait encore plus efficace que la restriction calorique pour rajeunir le corps, selon des essais cliniques publiés le 20 février 2024 dans la revue Nature Communications.
Un régime qui divise par deux le nombre de calories consommées pendant 5 jours
Selon l’article, le régime est composé de soupes, barres énergétiques et autres boissons à base de plantes, avec un niveau élevé de minéraux, vitamines et acides gras non saturés. Le premier jour du régime comportait un total de 4.600 kilojoules (kJ), suivi par 3.000 kJ pour les 4 jours suivants (sachant que la quantité de calories normalement consommée chaque jour par un adulte en bonne santé équivaut à 6.700 kJ pour les femmes à 8.700 kJ pour les hommes).
Une centaine de personnes en bonne santé (environ 60 % de femmes, d’une moyenne d’âge de 42 ans) ont été réparties au hasard en deux groupes: un qui devait suivre ce régime 5 jours par mois pendant trois mois, alors que l’autre continuait à manger normalement. À la fin des trois mois, les participants du groupe contrôle ont basculé vers le régime à base de plantes pendant trois mois. Ainsi, un total de 71 personnes ont suivi le régime, et leurs données ont été comparées à celles de 43 personnes n’ayant pas adopté ce mode alimentaire.
Ce régime aurait entrainé une diminution significative de l’âge biologique
L’âge biologique des participants a été analysé avant et après ces trois mois de régime, montrant un effet significatif: en moyenne, leur corps présentait un rajeunissement d’environ 1,5 an, avec une médiane de 2,5 ans en moins qu’avant l’intervention. Des résultats confirmés par un deuxième essai clinique comprenant une cinquantaine de participants, dont 34 ont suivi le même régime et présentaient un rajeunissement biologique médian d’environ 2,7 ans.
Cependant, cette baisse de l’âge biologique n’était pas homogène parmi tous les participants. Au contraire, environ un quart d’entre eux a même présenté une augmentation (contre deux tiers des personnes avec un régime normal). Une analyse plus poussée a mis en évidence que les personnes en meilleure santé étaient celles qui bénéficiaient le moins de cette intervention. Alors que les participants les plus à risque (en surpoids ou avec des niveaux de glycémie ou de tension artérielle un peu élevées) montraient une diminution d’environ 3 ans de leur âge biologique.
À long terme, ce régime pourrait augmenter la durée de vie
Grâce à ce rajeunissement, leur espérance de vie a reçu un petit coup de boost, passant d’environ 82,93 ans à 83,73 ans pour le premier essai clinique, et de 81,5 ans à 83,1 ans pour le deuxième. Mais les auteurs préviennent qu’il ne s’agit là que d’une estimation et qu’il est possible que la réduction de l’âge biologique observée disparaisse quelques mois ou années après ce régime. La seule façon de s’assurer de la continuité de ces effets bénéfiques pourrait donc être de continuer ce régime sur le long terme.
Les chercheurs ont estimé les conséquences potentielles de la poursuite de ce régime, à raison de cinq jours par mois, pendant trois mois, et ce chaque année pendant 20 ans (de 50 à 70 ans). Selon leur simulation, la réduction de l’âge biologique serait de moins en moins importante, puisque les effets bénéfiques sont moins visibles chez les personnes en meilleure santé.
Et vu que le régime améliore la santé chaque année, son effet s’estomperait avec le temps. Ainsi, la personne ne rajeunirait plus, mais tout simplement vieillirait moins vite, d’environ 0,85 an chaque année (donc un ralentissement du vieillissement biologique d’environ 15 %). L’effet cumulé de ces 20 années d’intervention augmenterait l’espérance de vie d’environ 5 ans, allant jusqu’à 12 ans pour ceux qui étaient en moins bonne santé au début du régime. Cet effet protecteur serait dû principalement à une diminution du risque de décès par maladie cardiovasculaire, cancer ou diabète.
Des résultats encourageants… à prendre avec des pincettes
Mais il ne s’agit là que d’estimations réalisées en extrapolant le résultat d’à peine trois mois de ce régime faible en calories. Les auteurs eux-mêmes préviennent que ces extrapolations doivent être interprétées avec précaution. Notamment parce que la majorité des participants aux essais cliniques avaient moins de 50 ans, donc il est difficile de conclure que l’organisme à 60 ou 70 ans agira de la même manière que celle observée lors de l’étude, avec une moyenne d’âge d’à peine 42 ans.
Les chercheurs soulignent donc le besoin de confirmer ces résultats chez des populations plus âgées, surtout pour s’assurer que ce régime ne va pas affecter le métabolisme négativement et qu’il ne va pas interférer avec des médicaments fréquents à ces âges. Sans oublier que ce régime, qui imite le jeûne, a été conçu par l’entreprise américaine L-Nutra, créée par Valter Longo, directeur de l’Institut de longévité à l’Université de Californie du Sud… et directeur de l’étude. Des études indépendantes sont donc nécessaires pour confirmer ces résultats très encourageants.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Guinee Equatoriale, suivez Africa-Press
