Crispin Mba
Africa-Press – Guinee Equatoriale. En paraphrasant John F. Kennedy: « Ne demande pas ce que la Guinée équatoriale peut faire pour toi, mais ce que tu peux faire pour la Guinée équatoriale. » Cette célèbre phrase, adaptée à notre réalité, invite non seulement à la réflexion mais défie chaque Guinéen à analyser son rôle dans la construction d’un avenir meilleur pour notre pays.
Malheureusement, en Guinée équatoriale, un discours dominant, en particulier parmi les jeunes sur les réseaux sociaux, réduit le pays à la propriété d’une seule famille. Selon cette logique, il n’y aurait rien que les citoyens puissent faire pour changer la situation, à part attendre que les circonstances évoluent d’elles-mêmes. Cette mentalité de résignation, qu’on pourrait qualifier de fatalisme collectif, paralyse nos actions, reporte tout engagement pour une transformation nationale et banalise tout.
Une des conséquences les plus visibles de cette mentalité est l’émigration, qui est devenue l’objectif de nombreux jeunes Guinéens, en particulier ceux ayant terminé leurs études supérieures, un phénomène semblable à celui observé à Cuba. Ces études, souvent réalisées avec des sacrifices économiques et émotionnels importants, ne sont pas perçues comme des outils pour améliorer la Guinée équatoriale, mais comme des passeports pour quitter le pays. Cette vision individualiste considère l’éducation comme un moyen de sortir de la pauvreté personnelle, et non comme un levier pour bâtir un pays meilleur.
En Espagne, beaucoup de Guinéens choisissent de s’installer et de rechercher une stabilité économique, affirmant que leur priorité est d’améliorer leur qualité de vie. Bien que cette décision soit légitime et compréhensible, elle cache une vérité à demi-mot: chaque Guinéen a une responsabilité inhérente envers sa terre natale. Notre identité nous engage moralement et éthiquement à contribuer à la transformation sociale, politique, éthique et spirituelle de notre pays.
L’émigration est un droit légitime et ne devrait pas être remise en question. Cependant, cette liberté n’exclut pas la responsabilité de chaque Guinéen de contribuer à l’amélioration de la Guinée équatoriale. L’Espagne a été transformée par les Espagnols, et la Guinée équatoriale ne pourra être transformée que par ses propres citoyens. Si nous acceptons cette vérité, nous devons aussi reconnaître que le déclin d’une nation n’est pas seulement imputable à ses dirigeants, mais également à la passivité de ses citoyens.
Un pays ne nous appartient pas uniquement lorsque tout va bien ou lorsque nous nous détachons de nos responsabilités envers lui. Il reste le nôtre même lorsqu’il traverse des difficultés, et c’est précisément dans ces moments qu’il nous incombe d’assumer avec détermination la responsabilité de transformer ce qui ne va pas. Un véritable patriote ne quitte pas sa terre dans ses heures les plus sombres, mais travaille avec persévérance pour l’illuminer.
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde marqué par la diversité et la convergence des identités. Certains Guinéens résident à l’étranger, d’autres ont des origines guinéennes tout en étant nés ailleurs, et il y a aussi ceux qui sont nés en Guinée équatoriale de parents venant d’autres pays. Chacun, dans ce mosaïque d’identités, a le droit et la responsabilité de contribuer au bien commun. La véritable appartenance n’est pas un simple accident de naissance, mais un engagement éthique et conscient envers la terre qui nous a donné notre identité.
La Guinée équatoriale n’est pas la propriété d’une famille et ne doit pas être définie uniquement par la politique. Transformer une nation ne signifie pas toujours occuper un poste public ou diriger de grands mouvements sociaux. Il existe de nombreuses façons de laisser une empreinte et de contribuer au développement du pays: l’éducation, l’art, l’économie, la technologie, la spiritualité et les initiatives sociales. Chaque effort, même minime, contribue au bien commun.
Il est temps d’abandonner l’idée que le changement dépend des autres et d’accepter que nous, les Guinéens, sommes les véritables protagonistes du destin de notre nation. Le changement ne viendra pas de l’extérieur ni par miracle ; il émergera lorsque chacun d’entre nous cessera de demander ce qu’il peut obtenir de la Guinée équatoriale et commencera à réfléchir à ce qu’il peut y apporter.
Une nation ne se construit pas avec des rêves individuels, mais avec une vision collective. La Guinée équatoriale a besoin de citoyens engagés, avec le courage d’affronter les adversités et la détermination de construire un avenir meilleur. L’histoire nous enseigne que les grandes transformations ne surviennent pas par hasard, mais grâce à l’action résolue de ceux qui osent rêver et œuvrer pour un monde meilleur. Aujourd’hui, ce défi est le nôtre. La question est: que feras-tu pour la Guinée équatoriale ?
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