Neuf Défis Majeurs pour la Nouvelle Direction de L’Union Africaine

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Neuf Défis Majeurs pour la Nouvelle Direction de L'Union Africaine
Neuf Défis Majeurs pour la Nouvelle Direction de L'Union Africaine

Amina Mohammed Hussein

Africa-Press – Guinee Equatoriale. Le sommet de l’Union africaine, tenu les 15 et 16 février 2025, a élu une nouvelle direction. L’Angola a pris la présidence de l’organisation pour la période 2025-2026, tandis que l’Assemblée a élu le ministre des Affaires étrangères de Djibouti, Mahmoud Ali Youssouf, à la présidence de la Commission de l’Union africaine, et l’ambassadrice algérienne en Éthiopie et auprès de l’Union africaine, Salma Malika Haddadi, à la vice-présidence.

L’élection a suivi les principes d’équilibre régional, de parité et d’alternance géographique. L’Afrique de l’Est a obtenu la présidence de la Commission, tandis que l’Afrique du Nord a décroché la vice-présidence. Les autres régions (Centre, Sud et Ouest) ont reçu deux des six postes de commissaires, tandis que l’élection des membres du Conseil de paix et de sécurité a été reportée.

La nouvelle direction prend ses fonctions dans un contexte économique, politique et sécuritaire extrêmement complexe, marqué par des tensions géopolitiques fluctuantes à l’échelle continentale et mondiale. L’Afrique reste confrontée à des conflits persistants, de l’Est à l’Ouest, notamment la guerre en cours au Soudan, l’instabilité en Somalie, la crise en République démocratique du Congo et l’insécurité croissante dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest, exacerbée par la prolifération des groupes armés et terroristes.

L’Union africaine devra relever plusieurs défis pressants, parmi lesquels les coups d’État militaires, le recul démocratique, les crises de gouvernance, les guerres, les conflits internes, les tensions frontalières et les difficultés économiques. Voici un aperçu détaillé de ces défis:

1. Changement climatique

Lors du sommet de 2022 à Addis-Abeba, le Kenya a été chargé de diriger une commission des chefs d’État et de gouvernement africains sur le changement climatique. Bien que son mandat de deux ans ait expiré, le président kényan William Ruto continue de présider la commission et a présenté un rapport annuel sur les efforts de l’Union africaine en matière de climat.

L’Union africaine et l’Union européenne ont convenu de renforcer leur coopération sur le climat et l’énergie durable afin d’améliorer la collecte et l’exploitation des données climatiques à l’échelle continentale. Ce partenariat vise à aligner les agendas de recherche et à réduire le déficit de données en Afrique, tout en renforçant la participation des chercheurs africains aux réseaux internationaux. L’Union européenne financera ces initiatives, dont la mise en œuvre est prévue de mai à décembre 2025.

Le nouveau président de la Commission aura la lourde tâche de mobiliser des financements pour la stratégie climatique de l’Union africaine (2022-2032), notamment après le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sous la présidence de Donald Trump. L’Afrique, bien que contribuant faiblement aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, subit des conséquences sévères: irrégularités climatiques, phénomènes météorologiques extrêmes et insécurité alimentaire affectant particulièrement les populations vulnérables, notamment les femmes.

2. Ignorance des décisions de l’Union africaine

Lors de son discours au sommet, le président sortant de la Commission, Moussa Faki, a dénoncé le non-respect des décisions du Conseil de paix et de sécurité par certains États africains en raison de conflits d’intérêts. Il a mis en lumière de nombreuses violations des résolutions, souvent ignorées ou appliquées de manière sélective. Il a souligné deux problèmes majeurs: le financement et la résolution des conflits.

Le nouveau président de la Commission, Mahmoud Ali Youssouf, a promis de servir le continent avec intégrité et responsabilité. Fort de son expérience diplomatique, il devra faire face à plusieurs défis:

3. Défis politiques

Les divisions diplomatiques entre États membres entravent les efforts de paix et d’unité régionale. Le cas du Maroc et de l’Algérie en est un exemple flagrant. Lors de l’élection du vice-président de la Commission, les deux pays ont présenté des candidats opposés, déclenchant une intense bataille diplomatique et médiatique marquée par des accusations mutuelles de corruption.

Le conflit israélo-palestinien reste également une source de divisions au sein de l’Union africaine. Lors du sommet de 2023, l’ambassadrice israélienne en Éthiopie, Sharon Bar-Li, a été expulsée, illustrant les tensions autour du statut d’Israël en tant qu’observateur. La nouvelle direction de l’Union africaine pourrait adopter une position plus ferme en faveur de la Palestine, comme le suggère la résolution récente qualifiant les actions israéliennes de « génocide » et appelant à la libération immédiate des prisonniers palestiniens.

4. Recul démocratique et coups d’État militaires

L’Afrique a connu un retour des coups d’État militaires, notamment en Afrique de l’Ouest. Depuis 2020, dix tentatives de putsch ont eu lieu, notamment au Mali, en Guinée, au Burkina Faso, au Niger, en Côte d’Ivoire et au Gabon. Le Soudan a également connu un coup d’État en 2021, ce qui a conduit l’Union africaine à suspendre son adhésion ainsi que celle des autres pays concernés.

Malgré l’organisation de vingt élections en 2024, plusieurs pays comme l’Ouganda, l’Éthiopie, le Zimbabwe et le Togo restent sous des régimes autoritaires déguisés en démocraties.

L’Union africaine reconnaît que la stabilité politique est essentielle à la croissance durable. En 2023, un dialogue de haut niveau a conclu que la faiblesse de la gouvernance entrave les investissements et compromet l’accord de libre-échange continental.

5. Conflits sécuritaires et « Silencing the Guns »

La crise en République démocratique du Congo et la guerre au Soudan représentent des défis sécuritaires urgents. La rébellion du M23 a récemment capturé plusieurs villes stratégiques dans l’est de la RDC, aggravant les tensions avec le Rwanda, accusé de soutenir les rebelles. L’échec des tentatives diplomatiques met la nouvelle direction de l’Union africaine sous pression pour négocier un cessez-le-feu et éviter une guerre régionale.

Le conflit au Soudan nécessite également une médiation renforcée pour obtenir un cessez-le-feu, permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et relancer les négociations entre les parties en guerre. L’annonce d’une administration parallèle par des factions alliées aux Forces de soutien rapide menace davantage l’unité du pays.

6. Lutte contre le terrorisme et influence extérieure

Le terrorisme progresse rapidement en Afrique, alimenté par l’inégalité sociale, le changement climatique, la prolifération des armes et l’ingérence étrangère. Des groupes tels que Boko Haram, Al-Shabab et des affiliés de Daech restent une menace constante.

Le retrait militaire de la France du Sahel a affaibli la lutte contre ces groupes, tandis que des acteurs comme le « Corps d’Afrique » russe (ex-Wagner) intensifient leur présence. L’Union européenne continue de financer des opérations de sécurité en Afrique, avec un milliard d’euros alloués aux forces de maintien de la paix et des investissements ciblés en Somalie, au Mozambique et en Afrique de l’Ouest.

7. Défis économiques et intégration régionale

Le rapport 2024 du Forum de Davos souligne l’aggravation des écarts technologiques et économiques entre l’Afrique et le reste du monde. Bien que la Zone de libre-échange continentale africaine ait été officiellement lancée il y a cinq ans, son application reste limitée en raison du manque de confiance entre pays, d’infrastructures insuffisantes et d’une faible intégration du secteur privé.

8. Relations avec l’Union européenne

L’Europe reste un partenaire clé pour l’Afrique, mais l’instabilité politique en Occident, notamment le retour possible de Donald Trump, pourrait affecter l’engagement européen. L’accent mis par l’UE sur la lutte contre l’immigration illégale et les partenariats commerciaux stratégiques avec certains États africains influence la dynamique de coopération.

9. Conclusion

La nouvelle direction de l’Union africaine devra relever des défis majeurs tout en tirant parti d’opportunités telles que l’adhésion de l’Afrique au G20 et la quête d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Ces avancées pourraient renforcer la voix de l’Afrique dans la gouvernance mondiale et son intégration dans le multilatéralisme international.

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