Ados Vapoteurs Ont Toujours Risque de Tabagisme

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Ados Vapoteurs Ont Toujours Risque de Tabagisme
Ados Vapoteurs Ont Toujours Risque de Tabagisme

Africa-Press – Guinee Equatoriale. Le vapotage a séduit de nombreux fumeurs qui souhaitaient se sevrer de la cigarette et des pollutions issues de sa combustion. Le déclin du tabagisme dans le monde est historique. Mais qu’en est-il chez les adolescents qui n’ont aucune histoire avec le tabac et testent la cigarette électronique?

Des études pointent le fait que celle-ci peut amener une proportion d’entre eux à basculer vers un tabagisme classique. De quoi malmener les trajectoires de baisse enregistrées depuis la mise en place de programmes nationaux de lutte anti-tabac. Les jeunes vapoteurs ne sont pas à l’abri d’une envie de cigarettes…

Vapoter pendant l’adolescence, une passerelle possible vers la cigarette

Une étude intergénérationnelle parue dans la revue Tobacco Control menée sur trois cohortes britanniques, nées respectivement en 1958, 1970 et 2001 vient confirmer le risque que présente l’usage de la vapoteuse pour les adolescents de la cohorte de 2001, baptisée Millenium Cohort Study (MCS).

La e-cigarette peut se transformer en passerelle malvenue vers le tabac fumé pour une trop grande proportion d’entre eux, une proportion jugée alarmante par les signataires de cette analyse. Pourquoi? Parce que la probabilité de fumer chez les vapoteurs actifs parmi ces millenials est de 32,6%. C’est le même pourcentage, à une décimale près, que celui de leurs aînés nés en 1958: 33%.

Le risque du vapotage chez les adolescents amenant à la cigarette commence à être largement documenté par la recherche selon la dizaine d’études citées dans l’article qui ajoute à présent une information supplémentaire: la proportion de vapoteurs actifs chez ces jeunes qui pourrait basculer vers la cigarette.

Un avant et un après les politiques de lutte antitabac

Comment expliquer ce taux identique chez deux générations nées dans des contextes fort différents? Les adolescents nés en 1958 se conformaient à une norme comportementale très forte vis-à-vis de la cigarette. Près de la moitié des plus de 16 ans, tous sexes confondus fumaient alors. Quand les millenials de la cohorte née en 2001 s’essayent au vapotage, l’état d’esprit a changé.

Les politiques de lutte antitabac ont été couronnées de succès: au début du 21e siècle, les Britanniques mesurent les dangers représentés par la cigarette et sont moins nombreux à fumer. Les auteurs de l’étude évaluent même précisément la probabilité qu’un adolescent issu de la cohorte MCS et n’ayant jamais vapoté fume: elle est d’à peine 1,5% !

Un outil, le modèle de régression logistique pondérée

Les conclusions de l’étude ont été construites à partir de données issues d’un modèle de régression logistique, un outil statistique complexe permettant d’estimer la probabilité qu’un évènement survienne. Dans le cas de l’étude, il s’agit d’estimer la probabilité que des adolescents fument. Jessica Mongilio, première signataire de l’article, définit pour Sciences et Avenir les caractéristiques de ce modèle un brin intimidant pour les profanes. « En général, les régressions sont des équations mathématiques que les chercheurs utilisent pour prédire quelles variables, telles que la profession des parents ou la consommation d’alcool, sont susceptibles d’influencer un résultat. Les régressions logistiques, en particulier, sont utilisées lorsque le résultat est binaire, par exemple, oui/non» ». Ici, les jeunes déclarent ou non fumer des cigarettes chaque semaine.

Mais ce n’est pas tout, l’enjeu pour les chercheurs qui ont travaillé sur des échantillons de populations est que leurs conclusions s’appliquent à l’ensemble de la population. « Nos modèles de régression logistique ont été pondérés. Ces pondérations nous permettent de tenir compte de ces différences et d’ajuster nos modèles en conséquence », poursuit la chercheuse. Ainsi, les biais liés à la composition des échantillons sont corrigés.

Par exemple, les cohortes constituées de personnes nées en 1958 et 1970 ne reflétaient pas assez la diversité sociale ou ethnique de l’échantillon des personnes nées en 2001. Il a donc fallu atténuer par ces pondérations la surreprésentation de certaines catégories sociales dans les données.

Un chiffre en hausse constante au Royaume-Uni

Plus de 20% des adolescents britanniques de 11 à 17 ans se sont essayés au vapotage en 2025, selon l’association de lutte antitabac ASH-UK, un chiffre en hausse constante depuis que les produits de vape ont été introduits sur le marché aux alentours de 2007. De manière plus fine, 7 % de cette tranche d’âge vapotent et 3 % le font quotidiennement ce qui équivaut à 400.000 jeunes vapoteurs effectifs, dont 160.000 utilisateurs quotidiens.

Une tranche d’âge à cibler

Le timing de la publication de l’étude tombe à point nommé: elle vient renforcer par ses conclusions la nécessité de se pencher un peu plus sur l’implication du vapotage sur les comportements liés au tabac au moment même où les institutions législatives du Royaume-Uni sont en plein examen d’un texte. Le Tobacco and Vapes Bill a pour but de renforcer un programme de lutte antitabac déjà bien ficelé. S’il est définitivement adopté en l’état, il élargira la liste des lieux interdits au tabac et à la cigarette électronique afin d’éviter le tabagisme passif des plus jeunes. Et il encadrera plus sévèrement la publicité, les arômes et les emballages des produits de vape, des éléments soupçonnés de tenter les adolescents. Plus emblématique encore, la loi interdira aux sujets britanniques nés après le 1er janvier 2009 l’achat de produits de tabac. En France, les discussions sur une telle interdiction générationnelle commencent à peine.

Cependant, le choix d’exploiter les données de cohortes de populations britanniques est une pure coïncidence. Jessica Mongilio et ses collègues travaillent en effet aux Etats-Unis. Ils se sont tournés vers les études de cohorte menées par le Centre for Longitudinal Studies de l’University College of London, parce qu’il était « pratiquement impossible de trouver aux États-Unis des données comparables à celles-ci », selon eux.

Une qualité des données qui permet à cette équipe de chercheurs d’ »enfoncer le clou »: les luttes antitabac doivent continuer à cibler la jeunesse dans ses programmes, et plus particulièrement celle qui vapote, parce que celle-ci court particulièrement le risque de basculer vers la cigarette. A l’instar des générations nées dans les années 1970, quand le tabagisme n’était pas encore assimilé à un danger sanitaire.

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