Africa-Press – Guinee Equatoriale. Etes-vous droitier ou gaucher? Bien souvent, les professionnels de santé choisissent le côté opposé pour réaliser un vaccin. En cas de douleur ou de rougeurs au point d’injection, le patient peut continuer sa vie quotidienne sans encombre grâce à son bras « dominant ». Dans le cas d’un rappel, le choix du bras à vacciner aurait toute son importance. En vaccinant dans le même bras que pour la première injection, la réponse immunitaire serait plus rapide et plus efficace, selon de récents travaux publiés dans la revue Cell.
De nombreux facteurs influencent l’efficacité d’un vaccin: la base utilisée pour délivrer l’immunogène, la façon dont ce dernier a été conçu, la formulation, les adjuvants utilisés, les variations individuelles à l’injection, les voies d’administration, le nombre de doses de vaccin et les intervalles entre les doses. Désormais, le bras utilisé joue aussi un rôle.
Lors de la vaccination, un petit morceau inoffensif du pathogène est introduit dans l’organisme. Arrivé dans les ganglions, cet antigène permet au système immunitaire de développer des défenses ciblées. Au moment de croiser le pathogène en vie réelle, des lymphocytes (globules blancs) spécifiques pourront combattre la maladie. On savait déjà que les lymphocytes B mémoire, un type de globules blancs essentiels dans la réponse immunitaire, se maintiennent dans les ganglions les plus proches du site d’injection. Ils migrent en fait dans les couches externes du ganglion, où ils interagissent avec les macrophages.
Une différence dès la première semaine
Après une primo-vaccination, les macrophages sont déjà « en alerte ». Si bien que lorsque le patient reçoit une deuxième dose de vaccin ou un booster, ces macrophages déjà préparés capturent l’antigène et activent plus rapidement les lymphocytes B mémoire pour produire des anticorps.
Au-delà de détruire les pathogènes et les cellules mortes, les macrophages ont donc bien un rôle d’orchestration de la réponse immunitaire. Ces résultats ont été confirmés sur 30 volontaires recevant un vaccin à ARN de Pfizer-BioNTech contre le Covid-19. Ceux ayant reçu les deux injections dans le même bras ont produit des anticorps neutralisants contre le SARS-CoV-2 beaucoup plus rapidement, au cours de la première semaine suivant le booster. Les anticorps produits éraient également plus efficaces contre les variants Delta et Omicron.
Cette protection améliorée pourrait jouer un rôle crucial lorsqu’une épidémie est en cours. « C’est précisément là que nous pensons que nos résultats pourraient faire une différence. Nous avons observé que le groupe de volontaires ayant reçu les deux doses du vaccin à ARNm contre le SARS-CoV-2 dans le même bras présentait une réponse en anticorps neutralisants significativement plus élevée et plus rapide que le groupe ayant reçu la première et la deuxième dose dans des bras différents, explique la Dr Mee Ling Munier, co-auteure et responsable du groupe d’Immunogénomique des vaccins à l’Institut Kirby auprès de Sciences et Avenir. Cette différence n’était présente que très en amont, environ une semaine après la deuxième dose, mais dans un contexte de pandémie, cela pourrait être important pour induire une immunité collective plus rapidement. »
A l’avenir, les mesures officielles de vaccination pourraient être adaptées afin de gagner un temps précieux pour freiner l’avancée de la maladie. « Il s’agit surtout d’obtenir une immunité collective plus rapide. Pour l’individu, cela signifierait qu’il développerait des anticorps neutralisants plus rapidement, ce qui pourrait réduire plus tôt son risque d’infection. Au bout de quelques semaines, plus aucune différence ne se fait sentir. »
Adapter le schéma vaccinal
Tous les types de vaccin n’ont toutefois pas vocation à être administrés dans le même bras. « Si vous pensez aux vaccins ou rappels saisonniers, comme ceux administrés chaque année pour se protéger contre l’infection par le virus de la grippe, alors non, je ne pense pas que nos résultats soient applicables dans ce contexte, et il n’importerait pas dans quel bras le rappel est administré chaque année », commente la Dr Mee Ling Munier. En revanche, pour d’autres maladies telles que les maladies infectieuses tropicales, les injections dans le même bras pourraient bien créer une réponse immunitaire plus forte.
De précédents travaux, également réalisés sur le SARS-CoV-2 et publiés dans eBiomedicine, vont dans le même sens. Les chercheurs ont utilisé les données de 303 personnes ayant reçu le vaccin à ARNm ainsi qu’une dose de rappel dans le cadre de la campagne de vaccination en Allemagne. Deux semaines après l’injection de la dose de rappel, le nombre de lymphocytes T tueurs était significativement plus élevé chez les personnes ayant reçu les deux injections dans le même bras, selon l’étude. Ces cellules, qui attaquent et détruisent les cellules qu’elles ciblent, étaient présentes chez 67 % des participants ayant été vaccinés dans le même bras, contre seulement 43 % chez ceux ayant reçu leurs injections dans des bras différents.
Ce geste, finalement pas si banal, joue bien sur notre protection. A ceux qui auraient eu leurs injections dans des bras différents, pas de panique. Au bout de quatre semaines, le niveau de protection devient le même, peu importe le côté choisi.
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