Africa-Press – Guinee Equatoriale. La santé mentale a une influence sur le traitement et la qualité de vie des personnes atteintes d’un cancer. Ainsi, des patients souffrant de dépression et d’anxiété peuvent présenter de moins bons résultats en terme de rétablissement. La détection précoce des personnes qui ont besoin d’être orientées vers un conseiller ou un psychiatre peut alors améliorer et augmenter les chances de réussite de leur prise en charge.
C’est dans cette optique qu’une équipe de chercheurs de l’Université de Colombie-Britannique et du centre de cancérologie de la Colombie-Britannique (Canada) s’est penchée sur un nouveau moyen d’aider les patients atteints de cancer. Ils ont développé une nouvelle intelligence artificielle basée sur le traitement du langage naturel.
La prédiction des besoins psychologiques dès le premier jour
L’objectif de cette nouvelle IA est de prédire le plus tôt possible quels patients en cancérologie auront besoin de consulter un psychiatre dans l’année à suivre. L’IA est également capable de différencier si le patient a besoin de consulter un conseiller spécialisé dans les soins psychosociaux plutôt qu’un psychiatre.
“L’IA pourrait inciter l’oncologue à parler à son patient des services psychiatriques ou déclencher l’envoi aux patients d’un courrier électronique contenant une liste personnalisée des services disponibles”, a déclaré le chercheur en chef Dr John-Jose Nunez, psychiatre et chercheur clinique au Centre des troubles de l’humeur de l’Université de la Colombie-Britannique.
L’étude, dirigée par une équipe interdisciplinaire spécialisée dans l’informatique, l’oncologie médicale et la psychiatrie, a été publiée dans la revue Nature Communications Medecine. Elle révèle le fonctionnement de cette nouvelle IA, la première au monde à prédire des résultats en matière de santé mentale à partir de documents médicaux non psychiatriques.
Lorsqu’un patient est admis dans un centre de cancérologie, il rencontre un oncologue, un spécialiste du cancer, qui rédige après un premier rendez-vous un rapport de consultation. Au cours de ces rendez-vous, le spécialiste analyse les antécédents médicaux du patient et les options de traitement à suivre.
Le document est facilement accessible et peut contenir des informations pertinentes pour prévoir les besoins psychosociaux. C’est donc ce rapport que l’IA va traiter afin de déterminer les patients nécessitant un suivi.
Une IA basée sur le traitement du langage naturel
La technique d’IA utilisée relève du traitement du langage naturel. Ce qui se passe concrètement, c’est que l’IA “lit” les rapports du médecin et détecte des indices subtils relatifs à la psychologie du patient cachés dans le langage médical.
Les progrès récents en matière de traitement de langage naturel se basent notamment sur l’architecture en réseaux de neurones profonds. Les réseaux neuronaux dits “convolutifs” sont particulièrement efficaces dans le domaine de la vision par ordinateur. Ces dispositifs ont aussi montré leur intérêt pour analyser des documents numérisés, en l’occurrence les rapports des médecins. Dans ces textes, les modèles sont à même de comprendre comment les mots sont liés les uns aux autres, même s’ils ne sont pas directement adjacents.
Grâce à ces nouvelles avancées, l’IA relève des termes clés suggérant un besoin accru pour des services de santé mentale, comme des mots relatifs à des antécédents familiaux de cancer, des habitudes de consommation d’alcool ou de drogues, certains types de cancers agressifs ou des troubles psychologiques antérieurs.
Pour mettre au point cette IA, les chercheurs ont formé et testé le modèle en utilisant les données de 47.625 patients du centre de cancérologie de la Colombie-Britannique. Pour protéger leur vie privée, les données des patients ont été présentées de manière anonyme. Contrairement à l’examen des dossiers des patients par des assistants de recherche humains, la nouvelle approche de l’IA présente l’avantage, assurent les chercheurs, de préserver la confidentialité totale des dossiers des patients.
Malgré une efficacité de plus de 70%, il existe un certain nombre d’opportunités d’orientation vers un psychologue non détectées et manquées. Les scientifiques expliquent qu’ils travaillent à l’amélioration de la sensibilité de ces modèles. “Ces résultats démontrent l’énorme potentiel de l’IA pour agir essentiellement comme un assistant personnel pour les oncologues, en aidant à identifier les besoins en santé mentale plus tôt et en veillant à ce que plus de patients reçoivent le soutien dont ils ont besoin.” A déclaré le Dr Nunez.
Alors que l’IA continue de progresser, son potentiel dans le domaine de la santé apparaît immense. L’équipe canadienne envisage d’étendre l’utilisation de l’outil au-delà de l’oncologie à d’autres domaines de la médecine où les facteurs psychosociaux ont un impact significatif sur les résultats des patients.
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