Petit-déjeuner et goûter : évitez les jus de fruits, même 100% pur jus, ils font grossir les enfants

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Petit-déjeuner et goûter : évitez les jus de fruits, même 100% pur jus, ils font grossir les enfants
Petit-déjeuner et goûter : évitez les jus de fruits, même 100% pur jus, ils font grossir les enfants

Africa-Press – Madagascar. Dans ce travail, les autrices et auteurs de l’université de Toronto (Canada) ont réalisé une méta-analyse en se fondant sur 42 publications soigneusement sélectionnées pour la qualité de leur protocole de recherche. Parmi ces études, 17 portaient sur des enfants et 25 sur des adultes.

Une méta-analyse est une méthode scientifique fondée sur la compilation des résultats d’une série d’études indépendantes sur un problème donné. En utilisant cette méthodologie, les scientifiques parviennent à des conclusions plus robustes, car elles reposent sur un plus grand nombre d’informations. Dans le cadre des travaux de l’équipe canadienne, cette approche a permis d’exploiter les données, relatives à la consommation de jus de fruits, provenant de 45.851 enfants et de 268.095 adultes.

L’étude a conclu qu’une consommation quotidienne d’un grand verre de ces boissons (0,237 litre ou l’équivalent d’un cinquième d’une bouteille d’un litre) est associée, en moyenne selon les études, à une augmentation de 0,03% de l’indice de masse corporelle (IMC) chez les enfants.

Cette prise de poids varie en fonction de l’âge du jeune et est plus marquée chez les filles et les garçons de moins de 8 ans. “Afin de rendre ces résultats plus pertinents pour les politiques de santé publique, nous avons réalisé une analyse complémentaire, explique à Sciences et Avenir Michelle Nguyen, première auteure de la publication. Nous avons évalué l’impact d’un verre quotidien de jus de fruits pendant un an sur l’IMC d’un enfant. Les résultats montrent une augmentation de l’IMC d’environ 0,02 par an.”

Pour un enfant de 8 ans mesurant 1,25 mètre et pesant 25 kilogrammes, une augmentation de l’IMC de 0,02 par an équivaudrait à une prise de poids d’environ 300 grammes par an. Cette petite augmentation annuelle peut sembler insignifiante, mais elle peut s’accumuler au fil des années et contribuer à une prise de poids excessive à long terme.

Chez les adultes, les résultats sont plus mitigés et semblent dépendre de la méthodologie: lorsque les recherches sont basées sur des cohortes, où les habitudes alimentaires des adultes sont observées en continu, elles ont pu mettre en évidence une prise de poids significative. En revanche, lorsque les scientifiques utilisaient des protocoles d’études randomisées, où les adultes consommaient ces boissons pendant une période déterminée pour les besoins de la recherche, les preuves d’une augmentation de poids n’étaient pas concluantes. “Ces différences de résultats pourraient s’expliquer par le fait que les études randomisées comptent souvent un plus petit nombre de participants et une durée d’expérience plus courte que les études de cohorte”, estime la scientifique canadienne.

Même résultat quelque soit le jus de fruit

Un autre enseignement important de cette étude vient de la comparaison entre les différents types de jus de fruits. Les jus de grenade, de baies (comme le goji, la myrtille et la groseille) et de cerises acidulées, qui sont souvent plus riches en antioxydants, en vitamines ou en polyphénols que les jus de pomme, d’agrumes et de raisin, contribuent également à la prise de poids lorsqu’ils sont consommés en grandes quantités.

Ce constat est essentiel car il remet en question les arguments marketing souvent utilisés par les industriels pour promouvoir ces produits. Comme l’avait révélé l’association de défense des consommateurs CLCV dans une enquête de 2021, les consommateurs sont fréquemment trompés par des mentions mettant en avant la présence d’antioxydants, de vitamines ou de polyphénols sur les emballages des jus de fruits. Ces mentions donnent l’impression que ces produits sont sains et bénéfiques pour la santé, alors qu’ils sont en réalité très sucrés et caloriques.

Les publications scientifiques se multiplient sur les boissons sucrées non alcoolisées, car elles sont de plus en plus consommées: des travaux parus en octobre dans Nature Communications ont révélé qu’au niveau mondial, cette augmentation avait été de 16% chez les adultes entre 1990 et 2018.

La France n’est pas épargnée. Selon l’Insee, si la part des boissons alcoolisées dans les achats des ménages diminue, en revanche, les dépenses pour les jus de fruits et de légumes croissent. Ainsi, en 1960, ces breuvages représentaient 0,32% des dépenses totales en boissons, tandis qu’en 2018, ce pourcentage s’élevait à 6,7%. En outre, l’étude Inca de 2017, qui analyse les habitudes alimentaires des Français, a montré que chez les jeunes de 0 à 17 ans, les jus de fruits se sont ancrés dans les habitudes alimentaires, notamment au petit déjeuner et au goûter.

Parallèlement, l’étude Esteban de 2021 (Étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition) a mis en évidence une tendance inquiétante: plus d’un tiers des petits Français boivent plus d’un demi-verre par jour de ces boissons, et dépassent ainsi le seuil recommandé par le PNNS (Programme national nutrition santé).

Les jus de fruits contribuent à la prise de poids en raison de leur teneur élevée en fructose, un sucre naturellement présent dans les fruits. En réalité, il y a souvent autant de sucre dans un jus de fruits que dans un soda, soit environ 10 g de sucre pour 100 ml.

Comment les jus de fruits nous font grossir?

Cette composition riche en sucre a des conséquences sur l’organisme, comme l’explique Anthony Fardet, chercheur à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement): “Contrairement aux fruits entiers, ces boissons fournissent ce que l’on pourrait appeler des «calories liquides» sous forme de sucres «libres», qui ne provoquent pas la même sensation de satiété que les calories solides. Le résultat ? Une possible augmentation de la consommation de calories par minute, et donc une possible prise de poids au-delà d’une certaine quantité de jus de fruits par jour. De plus, les jus de fruits purs contiennent généralement moins de fibres alimentaires, ces alliées qui ralentissent la digestion et l’absorption des glucides comme dans un fruit entier. En conséquence, les sucres libres en excès peuvent contribuer au stockage de graisse. Mais ce n’est pas tout. Les pics d’insuline provoqués par l’apport élevé en sucre dans le sang de ces breuvages peuvent générer un cercle vicieux stimulant ainsi notre appétit (suite à une hypoglycémie) et nous rendant plus vulnérables à une consommation excessive de calories.”

La prise de poids n’est pas le seul reproche fait aux jus de fruits par les scientifiques. En effet, certaines études observationnelles, bien qu’en attente de confirmation, ont déjà révélé des différences en matière d’espérance de vie, ainsi que des liens avec l’apparition de cancers chez les gros buveurs réguliers de ces boissons.

Plus généralement, la consommation quotidienne de boissons sucrées (sodas et jus) peut avoir des conséquences lourdes pour la santé, avec des risques accrus de diabète de type 2, d’obésité, de maladies coronariennes ou de Nash (stéatose hépatique non alcoolique). À tous ces maux, il faut ajouter le fait que le sucre est impliqué dans l’augmentation des caries et l’érosion dentaire. Au final, ces breuvages seraient responsables de 184.000 morts par an dans le monde.

C’est pourquoi, dans les conclusions de leur étude, les scientifiques canadiens conseillent de retarder autant que possible l’introduction de ces boissons dans l’alimentation des enfants. “Nous recommandons de limiter la consommation de jus de fruits «100 % pur jus» (en particulier pour les jeunes enfants) et de manger des fruits entiers plutôt que ces breuvages, conseille Michelle Nguyen. En fin de compte, l’eau devrait être la boisson préférée, le lait allégé et le lait de soja peuvent également être une alternative, de même que le café ou le thé non sucré pour les adultes.”

Cependant, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), si l’information et la sensibilisation des consommateurs sont des étapes importantes, elles ne sont pas suffisantes pour résoudre les problèmes de santé liées aux boissons sucrées. L’OMS estime que des mesures réglementaires et législatives sont nécessaires. En décembre 2023, elle a appelé les gouvernements à augmenter les taxes sur les boissons sucrées, regrettant que trop peu de pays utilisent cette approche pour encourager les consommateurs à abandonner des habitudes néfastes pour leur santé.

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