Africa-Press – Madagascar. Manger moins pourrait sauvegarder les neurones ! Depuis plusieurs années, de plus en plus d’études s’accordent à dire que la restriction calorique, qui consiste à manger un peu moins que d’habitude, pourrait protéger la santé et augmenter la durée de vie. Ce qui semble se confirmer chez l’humain, chez qui le taux de vieillissement cellulaire ralentit juste en diminuant de 10 % la quantité de calories consommées. Cependant, les mécanismes derrière cette protection restent obscurs.
Certaines études avancent que la restriction calorique renforcerait l’immunité et rajeunirait les cellules du corps. Une nouvelle piste vient d’être dévoilée par des chercheurs de l’Institut Buck en Californie, spécialisés dans la recherche sur le vieillissement. Leurs résultats, publiés le 11 janvier 2024 dans la revue Nature Communications, montrent que la restriction calorique chez la mouche entraine l’expression d’un gène qui protège les neurones et ralenti ainsi le vieillissement.
Un gène qui s’active dans les neurones quand on mange peu
Les chercheurs sont arrivés à cette conclusion après avoir remarqué que l’impact protecteur de la restriction calorique variait significativement en fonction de la génétique. Ils ont notamment mis en évidence chez la mouche un gène qui semblait essentiel pour assurer cet effet, le gène mtd, dont l’équivalent chez l’humain (OXR1) est associé à diverses maladies. Des mutations dans ce gène diminuent la durée de vie des mouches sous restriction calorique, mais pas celles nourries normalement, montrant que ce gène pourrait jouer un rôle direct dans l’effet de cette intervention sur la longévité.
En regardant de plus près, ils ont constaté que la restriction calorique multipliait par sept l’expression de ce gène dans la tête des mouches. Et que l’inhibition de ce gène causait de graves problèmes de santé, mais seulement lorsque son expression était réduite dans les neurones (son inhibition dans d’autres tissus n’avait aucun impact). Ce qui suggère que ce gène agit exclusivement dans les neurones à la suite d’un régime avec moins de calories. “Nous avons trouvé une réponse spécifique aux neurones qui entraine la protection causée par la restriction calorique”, explique dans un communiqué Pankaj Kapahi, l’un des auteurs de l’étude.
L’expression de ce gène augmente la durée de vie, même sans restriction calorique
“Ce gène est important pour la résilience du cerveau et protège contre le vieillissement et les maladies neurologiques”, ajoute sa collègue Lisa Ellerby. En effet, ce gène mtd (OXR1 chez l’humain) est connu pour son rôle neuroprotecteur, notamment un domaine spécifique nommé TLDc. Les chercheurs ont testé le pouvoir protecteur de ce domaine en forçant son expression chez des mouches: une expression à bas niveau augmentait la longévité avec la restriction calorique, et une expression forte et continue avait le même effet sur la durée de vie même avec une alimentation normale !
Cet effet protecteur serait lié au recyclage à l’intérieur des cellules
Mais comment ce gène parvient-il à augmenter la longévité ? Son effet protecteur passerait par un meilleur recyclage à l’intérieur des neurones. Ce processus est réalisé en partie par un complexe protéique nommé le rétromère, qui trie certaines protéines dans les cellules, et dont le dysfonctionnement est associé à des maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer et Parkinson. Les protéines formant le rétromère seraient dépendantes du gène mtd, et l’activation de ce dernier entraînerait aussi l’activation du rétromère et donc un meilleur recyclage dans les neurones. D’ailleurs, la surexpression des protéines du rétromère était suffisante pour réparer les dégâts causés par la suppression du gène mtd, montrant que c’est à travers ce processus que mtd protège les neurones et la longévité.
“En mangeant moins, on améliore le mécanisme par lequel les protéines sont triées dans les cellules, car ces cellules se mettent à exprimer davantage le gène OXR1 (mtd chez les mouches)”, conclut le co-auteur de l’étude, Kenneth Wilson. Il reste maintenant à comprendre comment l’expression de mtd régule les protéines du rétromère, ainsi que quelles sont les protéines qui seraient mieux triées grâce à la restriction calorique et comment cela entraine un rallongement de la durée de vie. Il reste donc encore de questions sur les mécanismes derrière la protection octroyée par la restriction calorique, mais l’effet bénéfique de manger un peu moins semble de plus en plus crédible.
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