Africa-Press – Madagascar. Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°216 daté janvier/ mars 2024.
“Le système nerveux entérique (relatif aux intestins, ndlr) n’a longtemps suscité aucune curiosité chez les scientifiques. Mais la découverte de ses similitudes avec le cerveau a conduit à le surnommer le ‘deuxième cerveau’ dès 1995”, se souvient Pascal Derkinderen, chercheur à l’Institut du thorax et du système nerveux à Nantes, spécialiste français du lien entre cerveau, intestins et maladies neurodégénératives. “Très vite, l’intérêt qu’on lui portait a été renforcé par son lien avec des pathologies: en 1997, on s’est aperçu que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ont toutes des lésions dans le tube digestif”, raconte le neurologue.
L’axe intestin-cerveau
Émerge alors l’hypothèse que certaines maladies neurodégénératives atteindraient d’abord le système nerveux entérique avant d’être transmises, grâce au nerf vague qui les relie, au système nerveux central. Car les deux sont en interaction bidirectionnelle en permanence. On parle d’un axe intestin-cerveau.
Transfert de microbiote
Un troisième acteur, le microbiote intestinal, c’est-à-dire l’ensemble des bactéries, virus et champignons non pathogènes qui peuplent le tube digestif, s’est imposé depuis 2006 et les débuts du séquençage génétique de ces micro-organismes. “L’axe microbiote-intestin-cerveau s’est imposé. Le microbiote peut agir sur le cerveau en libérant dans la circulation sanguine des composés comme la sérotonine, ayant un impact sur le cerveau, et donc sur l’humeur et les maladies psychiatriques”, indique le chercheur.
Au cours des trois dernières années, les scientifiques ont multiplié les expériences de transfert de microbiote de souris stressées ou dépressives à des souris saines, lesquelles finissent par avoir elles aussi les manifestations psychologiques des donneuses. L’hypothèse: certains troubles neurologiques ou même psychiatriques pourraient être liés à une dysbiose (rupture de l’équilibre) du microbiote intestinal.
“Pour le moment, aucun marqueur prouvant une différence entre le microbiote des patients humains déprimés et non déprimés n’a été retrouvé dans leurs selles”, précise Pascal Derkinderen. En septembre 2022, l’Inrae a lancé le projet French Gut qui vise à recueillir les selles de 100.000 volontaires pour mettre en évidence prochainement de telles différences selon les pathologies. Avec l’espoir, à l’avenir, de jouer sur l’humeur ou de soigner les troubles neuropsychiatriques en modifiant l’alimentation, dont on sait qu’elle agit sur la composition du microbiote.
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