Africa-Press – Madagascar. Ils comptent dans leurs rangs parmi les plus gros dinosaures carnivores bipèdes dont le célèbre T.rex: les théropodes ont occupé différentes niches écologiques tout au long du Mésozoïque et, avec les oiseaux, ils continuent de régner sur les airs.
Même si de nombreux fossiles sont connus et ont été examinés avec attention, les paléontologues en savent encore très peu sur les pathologies dont ils pouvaient souffrir. Evidemment seules celles qui laissent des marques sur les os peuvent être repérées mais même celles-ci sont peu investiguées.
Trois squelettes, trois maladies
C’est cette lacune qu’a essayé de combler Mattia A. Baiano, de l’Université nationale du Rio Negro, en Argentine. Avec son équipe, il a étudié les fossiles de trois abélisauridés (des théropodes aux bras courts avec un crâne portant des ornements osseux) qui vivaient en Amérique du Sud, il y a 90 à 70 millions d’années. Les scientifiques ont notamment mené des examens poussés à l’aide de tomodensitogrammes et d’analyses histologiques des os. Et les résultats, publiés dans la revue BMC Ecology & Evolution, mettent en évidence, pour les trois dinosaures, trois pathologies différentes.
Chez Aucasaurus garridoi, les images révèlent la présence de deux vertèbres fusionnées près de la base de la queue ; elles sont dépourvues de signes pathologiques courants tels que des éperons osseux (ostéophytes) ou de traces de fractures. Les auteurs suggèrent donc que cette fusion était un trouble congénital développé avant même que l’animal ne sorte de sa coquille.
Le spécimen d’Elemgasem nubilus présentait également une pathologie dans deux ensembles de vertèbres au milieu et vers le bout de sa queue, avec plusieurs vertèbres partiellement fusionnées les unes aux autres et des signes de prolifération osseuse. Selon les données recueillies, il pourrait s’agir d’un cas d’arthrite inflammatoire.
Enfin, les paléontologues ont observé des signes de formation osseuse irrégulière sur le tibia d’un spécimen de Quilmesaurus curriei. Il s’agit là d’une lésion rarement observée sur un os porteur, chez un théropode. Son examen ne semble pas compatible avec une infection mais les auteurs ne se prononcent pas sur ce qui a pu la causer, tout en excluant une fracture ou une blessure.
Des atteintes liées au mode de vie
Les paléontologues ont aussi passé en revue la littérature scientifique pour identifier les publications concernant les pathologies associées aux théropodes. Ils ont identifié des schémas d’association entre différents types de théropodes et différentes blessures et maladies. Ainsi, les Abelisauridés avaient fréquemment des signes d’inflammation osseuse (ostéomyélite), ce qui suggère que les infections des os étaient relativement courantes chez ces espèces.
La plupart des autres Tyrannosauridés semblent principalement souffrir de blessures consécutives à des morsures, et ce plus particulièrement sur le crâne, ce qui suggère de fréquents combats et un comportement agressif. Les traces de fractures osseuses sont peu fréquentes, à l’exception du groupe des Allosauridés chez qui elles sont trouvées en proportions bien plus élevées. Cela implique sans doute une prédation active avec beaucoup de courses. Ainsi, de l’examen du squelette et de ses anomalies, la science nous permet d’entrevoir le mode de vie de ces créatures disparues depuis 66 millions d’années.
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