Africa-Press – Madagascar. Le gouvernement a fixé la caution à 60 millions d’ariary par liste de candidats pour les élections sénatoriales du 11 décembre. Une somme qui sera remboursée si la liste obtient au moins 10 % des suffrages exprimés. Le dépôt des candidatures sera ouvert du 9 au 23 octobre à 17 heures, et la campagne électorale débutera officiellement le 19 novembre.
Si cette annonce marque une étape décisive dans la préparation du scrutin, elle a aussi ravivé un débat récurrent sur le rôle de l’argent dans la vie politique malgache, notamment dans un pays où la majorité de la population vit avec moins de deux dollars par jour.
Depuis 2023, la caution s’élevait à 200 millions d’ariary pour la présidentielle, à 20 millions par candidat aux législatives et jusqu’à 50 millions par liste lors des municipales dans la capitale. Le seuil retenu pour les sénatoriales se situe donc à un niveau intermédiaire, mais continue d’alimenter la controverse sur l’accessibilité de la scène politique.
En effet, ces chiffres traduisent une tendance: participer à la compétition électorale requiert des moyens financiers considérables. Plusieurs analystes estiment que cette évolution transforme les élections en une « affaire de gros sous », réservée à une élite disposant de capitaux importants. De fait, elle pourrait décourager des citoyens compétents et animés par la volonté de servir l’intérêt général, mais dépourvus de ressources suffisantes, de s’engager sur la scène politique.
Ce débat met également en évidence les profondes inégalités sociales du pays. D’un côté, une population majoritaire confrontée à la pauvreté et à la précarité qui peut entrevoir dans ces chiffres une insulte à leur situation sociale et économique ; de l’autre, une classe politique riche largement composée de personnalités issues du milieu des affaires ou bénéficiant d’un accès privilégié aux fonds publics d’où la déclaration du président du Sénat que les Malgaches ne sont pas pauvres.
Pour la Commission électorale nationale indépendante (CENI), ces cautions ont pour objectif de responsabiliser les candidats et d’éviter les candidatures fantaisistes. Mais la controverse demeure: où placer la barre entre le sérieux des candidatures et l’ouverture démocratique?
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