Africa-Press – Madagascar. Jour J pour la grande mobilisation sociale contre les coupures d’eau et d’électricité à Antananarivo initialement prévue à Ambohijatovo. En milieu de journée, des milliers de citoyens devraient répondre à l’appel des conseillers municipaux de l’opposition. Las des défaillances récurrentes de la Jirama, conscients de l’incapacité de l’État à apporter des solutions durables et déçus par les promesses répétées non tenues du président Andry Rajoelina, ils entendent faire entendre leur mécontentement.
La manifestation n’a pas obtenu autorisation. Le préfet d’Antananarivo a affirmé vouloir éviter les troubles à l’ordre public, il a interdit ainsi tout rassemblement et a réquisitionné les forces de l’ordre pour cette journée qui s’annonce comme un test. De leur côté, les organisateurs affirment être dans leur droit. Ils ont introduit un recours auprès du tribunal administratif, ce qui, dans le principe du droit, et légalement, devrait donner lieu à un « sursis d’exécution » de la décision préfectorale.
Très tôt ce matin, la capitale a pris des allures de ville sous surveillance. Les forces de l’ordre ont bloqué le rond-point d’Ambohijatovo, point central choisi pour le rassemblement, empêchant tout accès. Dans d’autres quartiers stratégiques, comme Analakely, des dispositifs similaires ont été mis en place afin de décourager tout attroupement. À Ampefiloha, les gendarmes, lourdement armés, ont mené hier après-midi des missions d’inspection des lieux. À Anosy, la circulation des piétons devant le Palais vert du Sénat a été interdite, officiellement pour cause de travaux.
Lors d’une déclaration en vidéo diffusée sur les chaînes nationales et les réseaux sociaux, le chef de file de l’EMMO NAT a insisté sur le caractère « illégal » du mouvement annoncé et averti que des mesures strictes seraient prises contre toute tentative de rassemblement. Dans les coulisses, certaines sources font état de renforts appelés en urgence depuis Antsiranana et Antsirabe. L’objectif affiché: contrôler, voire disperser, les manifestants par la manière forte. Cette démonstration de force laisse craindre des tensions dans la capitale au cours des prochaines heures.
Malgré ce climat pesant, plusieurs personnalités politiques et figures publiques de l’opposition ont confirmé leur intention de se joindre à la mobilisation. Ils multiplient depuis plusieurs jours les déclarations appelant les citoyens à descendre dans la rue. Les organisateurs, pour leur part, accusent les forces de l’ordre d’agir sous les ordres directs du pouvoir en place afin d’empêcher toute contestation. Des mises en garde circulent ainsi sur d’éventuelles provocations ou manœuvres visant à discréditer le mouvement ou à cibler ses meneurs.
Dans plusieurs quartiers périphériques d’Antananarivo et de la Commune urbaine, les signes avant-coureurs de la manifestation étaient déjà visibles dès la nuit dernière. Aux 67ha, à Ambohipo, à Ambatoroka, à Soavimasoandro et à Sabotsy Namehana, des groupes d’habitants se sont rassemblés, incendiant des pneus et poussant des cris de protestation pour dénoncer les coupures incessantes. Ces scènes nocturnes, relayées sur les réseaux sociaux, donnent le ton d’un mouvement qui pourrait prendre une ampleur inédite dans la capitale.
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