Africa-Press – Madagascar. La capitale retient son souffle. Deux forces opposées s’apprêtent à occuper simultanément l’espace public, risquant de transformer Antananarivo en poudrière politique. D’un côté, la Génération Z, fer de lance de la contestation contre les coupures d’eau et d’éléctricité, reprend ce vendredi sa mobilisation après une pause qualifiée de « repli stratégique » hier. De l’autre, les partisans du régime se préparent à une démonstration de force samedi, dans l’enceinte du Coliséum d’Antsonjombe, mise à disposition par la Préfecture.
Depuis le début de la contestation, la stratégie de la jeunesse évolue. Loin de se limiter aux lieux habituels d’Antaninandro, d’Ankatso ou d’Ankadifotsy, le mouvement a ouvert une constellation de nouveaux points de ralliement. À Ankazomanga, à Ampasika, à Anosizato, à Ampasapito ou encore à Andranobevava, des relais se mettent en place pour accueillir les foules venues des périphéries comme Mahitsy et Ambohidratrimo, Andoharanofotsy et Tanjombato, Anjozorobe, Imerintsiatosika, Ambohimangakely… avant la convergence vers le centre-ville. Cette tactique multiplie les foyers de contestation, brouille les calculs sécuritaires et rend la mobilisation plus imprévisible.
Autre évolution majeure: l’élargissement du front social. La Génération Z n’est plus une simple révolte étudiante ou urbaine. Le Sempama, syndicat des enseignants, vient de se joindre à la contestation, après la Solidarité des syndicats de Madagascar. Ces adhésions pèsent lourd et donnent au mouvement une assise nouvelle. La rue n’est plus seulement occupée par des jeunes en quête de changement, mais par un bloc composite, mêlant syndicats, collectifs citoyens et désormais plusieurs députés. Certains élus, comme ceux de la coalition Firaisankina ou du mouvement Gasikara, vont jusqu’à superviser directement les rassemblements dans leurs arrondissements. Ce glissement vers un engagement politique assumé accroît la légitimité de la contestation, tout en faisant monter la pression sur l’exécutif. Reste l’inconnue du face-à-face.
La veille, un fragile équilibre avait été trouvé: la Gen-Z suspendait ses marches pour éviter la collision avec les pro-pouvoir, tandis que ces derniers reportaient leur meeting pour des raisons logistiques. Mais ce répit n’a fait que repousser la confrontation. si les partisans du régime décident de quitter Antsonjombe pour occuper Ambohijatovo, la capitale pourrait se transformer en théâtre d’affrontements.
L’enjeu dépasse une simple bataille de terrain. Derrière chaque cortège, c’est l’avenir politique du pays qui se joue. Discipline des manifestants, encadrement policier, gestion des foules: tout se décidera dans la rue ce week-end.
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