Mandimbisoa R.
Africa-Press – Madagascar. Les pressions et intimidations d’antan reprennent de plus bel avec le régime actuel, à en juger par une série d’événements récents qui ravivent les tensions et soulèvent de nombreuses interrogations. Entre une perquisition au domicile d’une personnalité ayant occupé des fonctions stratégiques sous l’ère Rajoelina, l’arrestation inexpliquée d’un jeune militant réputé proche de l’ancien président, et des déclarations offensives au sommet de l’exécutif, le sentiment grandit que certains cercles liés à Andry Rajoelina sont désormais sous pression.
Samedi matin, une perquisition a été effectuée au domicile d’Edgard Razafindravahy, actuel Secrétaire général de la Commission de l’océan Indien (COI). Selon les informations disponibles, une dizaine d’agents des forces de l’ordre auraient participé à l’opération. Aucun objet n’aurait été saisi sur place, un élément qui, loin d’éteindre la polémique, renforce au contraire les questions sur les objectifs réels de l’intervention et sur l’existence — ou non — de faits précis justifiant une telle démarche.
Le profil d’Edgard Razafindravahy explique en partie l’écho suscité par cette affaire. Il a été PDS (Président de la délégation spéciale) de la Commune urbaine d’Antananarivo, puis ministre de l’Industrialisation, du Commerce et de la Consommation, avant d’être élu Secrétaire général de la COI. Un parcours qui le rattache directement à l’architecture politico-administrative de la période dominée par Andry Rajoelina. À cela s’ajoute un détail sensible: le principal concerné ne se trouverait pas à Madagascar depuis août 2024, ce qui rend encore plus délicate la question du calendrier de la perquisition et du message qu’elle peut être perçue comme envoyant à ceux qui gravitaient autour de l’ancien président.
Presque au même moment, une deuxième affaire est venue accentuer le malaise. Soalihy Moussa a été arrêté dimanche soir dans un restaurant situé aux 67ha. L’interpellation aurait été menée par des individus cagoulés, et surtout, aucune explication officielle n’a été fournie à ce stade sur les motifs précis de cette arrestation. Son domicile aurait également été perquisitionné. Cette opacité choque une partie de l’opinion et nourrit un climat anxiogène: en matière de privation de liberté, le silence des autorités ouvre mécaniquement la porte aux rumeurs, aux interprétations et aux récupérations politiques.
L’identité de Soalihy Moussa pèse lourd dans la perception de l’événement. Il est présenté comme un chargé de mission d’Andry Rajoelina et conseiller technique du vice-président de l’Assemblée nationale, le député Philobert Milavonjy, représentant de l’opposition. Autrement dit, son interpellation s’inscrit d’emblée dans un contexte hautement politisé, où chaque acte sécuritaire prend une dimension symbolique: s’agit-il d’une procédure régulière, ou d’un message adressé à l’opposition et à l’entourage de l’ancien pouvoir?
Dans ce climat déjà électrique, les propos du ministre de la Communication et de la Culture, porte-parole du gouvernement, Gascar Fenosoa, sont venus ajouter une couche de tension alors que les critiques à son encontre et à celui du régime actuel sur la défense qu’ils accordent à une certaine Raissa Zaivola, une femme d’affaires impliquées dans des dossiers de corruption sous l’ancien régime. Le ministre a annoncé un renforcement des mesures visant des députés encore “liés à Orange” et a affirmé que des poursuites seraient engagées contre les “comptes fake”.
« À partir de maintenant, nous prendrons des mesures… Nous lutterons pour la vérité », a-t-il martelé. Une sortie perçue par certains comme une posture de fermeté, mais par d’autres comme une provocation et une tentative d’intimidation politique, surtout dans un contexte où les frontières entre lutte contre la désinformation et pression contre les adversaires paraissent de plus en plus floues.
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Source: Madagascar-Tribune.com
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