Jean-Bedel Bokassa : un Empire Africain dans le Sang

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Jean-Bedel Bokassa : un Empire Africain dans le Sang
Jean-Bedel Bokassa : un Empire Africain dans le Sang

Africa-Press – Madagascar. D’un leader prometteur à un dictateur sanguinaire, l’histoire de Jean-Bedel Bokassa raconte la folie des grandeurs et l’effondrement tragique d’un État entier sous sa poigne de fer. Entre loyauté coloniale et ambition démesurée, entre faste extravagant et crimes de répression brutale, le destin d’un homme s’est transformé en une légende tragique de l’histoire africaine moderne.

Origines et carrière militaire

Jean-Bedel Bokassa est né le 22 février 1921 dans la région de Bobangui, en Afrique équatoriale française (actuelle République centrafricaine). Orphelin très jeune dans des circonstances tragiques, il en garda une profonde marque psychologique.

Il rejoignit l’armée française en 1939, combattit avec bravoure pendant la Seconde Guerre mondiale, puis servit en Indochine et en Algérie, atteignant le grade de capitaine. Il conserva une loyauté affective envers l’armée française et une relation particulière avec le général de Gaulle, qui le surnommait « Sudard » pour ses manières violentes et impulsives.

Coup d’État contre David Dacko

Après l’indépendance de la Centrafrique en 1960, Bokassa intégra l’armée nationale et fut nommé chef d’état-major en 1964.

Dans la nuit de la Saint-Sylvestre 1965, il mena un coup d’État contre le président David Dacko, lors du « coup de la Saint-Sylvestre ». Bokassa prétendit plus tard que Dacko lui avait remis le pouvoir volontairement, mais les documents révèlent un coup soigneusement orchestré avec la complicité d’autres officiers qu’il élimina par la suite pour asseoir son pouvoir personnel.

Réformes initiales et dérive autoritaire

Ses premières années au pouvoir virent quelques efforts de développement économique, via « l’opération Bokassa » pour relancer l’agriculture, mais la corruption et la mauvaise gestion ruinèrent rapidement ces initiatives.

Bokassa élimina systématiquement ses rivaux militaires et politiques, notamment le colonel Banza, exécuté en 1969 pour tentative de coup d’État.

De président à empereur aux multiples titres

En 1972, Bokassa se proclama président à vie, puis, mû par une fascination pour Napoléon Bonaparte, se couronna empereur de l’Empire centrafricain en décembre 1976.

Il s’attribua de multiples titres, parmi lesquels « Empereur Bokassa Ier », « Salah Eddine Ahmed » après une brève conversion à l’islam, et se déclara même « treizième apôtre du Christ ».

Le 4 décembre 1977, un sacre fastueux eut lieu à Bangui, en présence de 4000 invités, mais sans la participation de nombreux dirigeants africains ou internationaux. La cérémonie, partiellement financée par la France, coûta plus de 20 millions de dollars, scandalisant l’opinion publique étant donné l’extrême pauvreté du pays.

Massacres et violations

Sous sa dictature répressive et luxueuse, le pays traversa l’une de ses périodes les plus sombres, notamment le massacre de près de 100 écoliers en 1979 pour avoir protesté contre l’obligation d’acheter des uniformes scolaires fabriqués par une entreprise appartenant à l’une de ses épouses.

Des accusations de cannibalisme furent portées contre lui, sans être prouvées lors de son procès ultérieur.


Chute de l’empire

Ses relations avec le président français Valéry Giscard d’Estaing se détériorèrent après son rapprochement avec le colonel Kadhafi, ennemi traditionnel de la France en Afrique.

Face à l’accumulation de massacres et à la mauvaise gestion, la France abandonna Bokassa. Le 20 septembre 1979, alors qu’il était en visite en Libye, les forces françaises le renversèrent lors de l’opération « Barracuda », et réinstallèrent David Dacko au pouvoir comme façade du contrôle français.

Exil et procès

Après son renversement, Bokassa trouva refuge en Côte d’Ivoire puis en France, où il conserva d’importantes fortunes accumulées pendant son règne, dont un château à Hardricourt près de Paris.

Il retourna inopinément à Bangui en 1986, fut arrêté et jugé pour meurtres, trahison et détournement de fonds. Bien qu’acquitté de cannibalisme, il fut reconnu coupable des autres charges et condamné à la prison à perpétuité avant de bénéficier d’une amnistie en 1993.

Fin de vie et héritage

Bokassa vécut ses dernières années reclus dans son palais de Bangui, loin des projecteurs, jusqu’à sa mort le 3 novembre 1996.

La République centrafricaine porte encore aujourd’hui les stigmates de son règne sanglant: pauvreté extrême, conflits communautaires récurrents, effondrement institutionnel, comme si la malédiction de l’Empire n’avait jamais été levée.

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