Africa-Press – Mali. Un rapport de la division des droits de l’homme de la mission onusienne, consulté par Jeune Afrique, évoque l’implication de l’armée malienne et des mercenaires de la société russe Wagner dans le massacre d’une trentaine de personnes, début mars.
L’état-major général des Forces armées maliennes (Fama) avait dénoncé une opération de « désinformation », arguant que ces dernières ne « sauraient être responsables d’une telle abjection ». Pourtant, à en croire un rapport de la Minusma que JA a pu consulter, la responsabilité de l’armée malienne, ainsi que celle des mercenaires de Wagner, serait bien engagée dans le charnier découvert début mars dans le cercle de Niono.
Patrouilles conjointes
Le 2 mars, une trentaine de corps calcinés avaient été retrouvés près du village de Dangere-Wotoro, dans la commune de Dogofry, dans le cercle de Niono. Plusieurs sources locales accusent depuis les militaires maliens d’avoir commis ce massacre, dont des images – « montées de toutes pièces », selon l’armée – ont rapidement émergé sur les réseaux sociaux.
« En ce qui concerne les auteurs, il y a des informations selon lesquelles cet incident a été mené par des éléments des Forces armées maliennes, soutenus par des membres de la société militaire privée russe connue sous le nom de Wagner », indique le rapport de la division des droits de l’homme et de la protection de la Minusma daté du 5 mars. Depuis janvier, les mercenaires de Wagner sont en effet déployés dans le cercle de Niono, ainsi que dans d’autres zones du centre du Mali, où ils mènent des patrouilles conjointes avec les militaires maliens.
Victimes peules
Toujours selon ce document, au moins trente corps ont été retrouvés à Dangere-Wotoro, dont ceux d’enfants. La quasi-totalité de ces victimes seraient membres de la communauté peule. La plupart avaient les mains liés dans le dos et les yeux couverts. Un jerrycan qui sentait l’essence a aussi été retrouvé près du charnier, laissant penser, d’après ce rapport, « que les victimes ont été aspergées d’essence et brûlées vives ».
Le rapport indique aussi que des investigations se poursuivent sur d’autres cas de « graves violations » commises dans le cercle de Niono. Elles sont imputées aux Fama, accompagnées de mercenaires de Wagner. Il évoque notamment l’arrestation d’une cinquantaine de personnes : dix dans le village de Djadja le 14 février, six à Limane le 18 février, environ trente au marché de Niono le 20 février, ou encore sept à Feto et Beli-Danedji le 1er mars.
Contactée, la Minusma a indiqué qu’elle « ne commentait pas des documents non-officiels » et qu’elle « ne pouvait confirmer la véracité d’informations avant la conclusion d’une conduite d’enquête approfondie ».
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