Africa-Press – Mali. Un an après le sommet Afrique France de Montpellier, le gouvernement d’Emmanuel Macron continue d’organiser dialogues et débats en soutenant une nouvelle Fondation qui siégera à Johannesbourg. Objectif: essayer de transformer ses relations avec l’Afrique.
Alors que l’image de la France est attaquée, du Burkina Faso jusqu’au Tchad, en passant par le Mali où la force Barkhane a dû se retirer, on pourrait penser le temps du dialogue révolu. Au contraire, selon l’historien et philosophe camerounais Achille Mbembe, les deux continents ont plus que jamais besoin d’échanges : « Il faut qu’on se réarme intellectuellement, et qu’on soit capable de mettre sur la table de nouvelles idées. »
L’intellectuel est par ailleurs passé à l’action jeudi dernier, en lançant la Fondation pour l’innovation de la démocratie. Une proposition qui figurait dans son rapport remis l’année dernière au président Emmanuel Macron afin de « relancer l’agenda démocratique sur le continent » en mettant en réseau les expériences de collectifs africains.
« Partenariat » avec l’Afrique
La déclinaison exacte sur le terrain est encore à préciser, alors que d’autres institutions affichent déjà les mêmes objectifs, mais la fondation disposera d’un budget de 50 millions d’euros octroyé par la France sur 5 ans, géré de façon indépendante par un comité d’administration africain et européen.
De quoi rentrer parfaitement dans la stratégie de Paris, qui préfère désormais parler de « partenariat » avec l’Afrique plutôt que « d’influence », comme l’a martelé la secrétaire d’Etat chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux Chrysoula Zacharopoulou, présente à l’occasion. « Effectivement, il y a des sentiments anti-français qui s’expriment, mais il y a aussi une grande attente vis-à-vis de la France », ajoute l’ambassadeur en Afrique du Sud, Aurélien Lechevallier. « Donc je pense qu’il faut inventer une nouvelle responsabilité, qui serait une responsabilité partagée. »
Si la fondation, qui siégera à Johannesbourg, ne financera pas les partis d’opposition, son travail exact dans les pays autocratiques, ou dans ceux victimes de coups d’Etat, reste, à définir. « Il ne faudrait pas que l’on tombe sur les travers de l’après conférence de La Baule, avec cette promesse de la démocratie aux Africains, qui a abouti à une désillusion », met en garde Bakary Sambe du Timbuktu Institute, think tank partenaire de la fondation.
Cycles de forums « Afrique Europe »
« C’est vrai qu’il y a des critiques, des risques d’interprétation, et un certain nombre d’écueils que l’équipe de la fondation devra se garder de commettre », prévient quant à elle Marie-Yemta Moussanang, de l’association Génération Afrotopia. Mais « cet outil sera à disposition de la jeunesse du continent et d’un engagement citoyen qui ne se résume pas à des questions de représentation politique ou de processus électoraux ».
Des interrogations qui pourront être soulevées lors des cycles de forums « Afrique-Europe » organisés au cours des prochains mois sur le continent par le gouvernement français. Lancée à Johannesbourg vendredi, cette initiative s’inscrit, elle aussi, dans la droite ligne du sommet de Montpellier et de la stratégie d’Emmanuel Macron de mettre l’accent sur la jeunesse africaine. Avec un prochain rendez-vous prévu en décembre au Cameroun, puis en Algérie en février.
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